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Chroniqueur Alex Roof
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Musique Plus a changé ma vie et sûrement celle de plusieurs d’entre vous. Vous vous souvenez lorsque le seul moment où nous pouvions voir le clip de notre groupe de musique préféré c’était devant la télé à attendre parfois des heures car nous n’avions pas l’horaire de diffusion des vidéoclips? Aujourd’hui, 20 ans plus tard, le tout a évolué comme jamais nous ne l’aurions cru. On peut écouter le clip que l’on veut au moment où on le veut et à l’endroit où on veut. Par contre, s’il y a une publicité sur Youtube qu’on ne peut pas skipper après 5 secondes, on perd patience car nous perdons 5 secondes de notre supposée précieuse vie… Mais qu’est-ce qui s’est passé? Comment notre plaisir à attendre un vidéoclip pendant des heures devant la télé est devenu une épreuve de patience inouïe si nous devons attendre 5 secondes?

Musique Plus, c’était le bon temps! J’ai découvert des dizaines de groupes punk avec l’émission 1-2-3 Punk, animée par Rej Laplanche. Vêtu d’une planche de skateboard devant sa face, Rej est devenu aujourd’hui un ami que je croise parfois dans des spectacles de musique. Rej dirait que nous sommes des « connaissances », mais j’aime dire qu’il est l’un de mes bons chums; je trouve que ça fait beaucoup plus cool!

Réjean Claveau, de son vrai nom, (il va peut-être m’en vouloir pour cette mention…), il a été l’idole de plusieurs de ma génération. En plus de nous faire écouter des groupes punk, ils nous donnait des informations sur les groupes alors que Wikipédia n’existait pas. C’était un animateur en plus d’une encyclopédie musicale. Rej est un très très grand connaisseur de musique punk; sûrement le plus grand connaisseur du Québec. Dans mes débuts de carrière d’humoriste, j’ai d’ailleurs eu la chance d’animer quelques émissions avec lui, plus précisément en 2010, à Musique Plus. J’ai même animé avec une planche de skateboard au visage pour lui rendre hommage, ce qui était l’un des éléments sur ma bucketlist, juste après frencher Claude Rajotte.

Musique Plus a également fait naître des carrières de plusieurs humoristes. Vous vous souvenez de l’émission Le Groulx Luxe, animée par Patrick Groulx? Le Groulx Luxe, c’était des sketchs, des mauvais coups, de l’absurde et surtout… du « n’importe quoi »! Pat (je l’appelle Pat, car c’est un ami lui aussi, même s’il dirait peut-être que nous ne sommes que des connaissances) a déjà avoué en entrevue que parfois ils ne savaient même pas ce qu’ils étaient pour tourner la journée-même. Ils avaient quelques idées de base, mais souvent une idée improvisée pouvait se retrouver dans l’émission. C’était magique! C’était fait avec très peu de budget et une très petite équipe; on peut dire que c’était le « web avant le web »!

Les téléphones intelligents n’existaient pas et les caméras étaient grosses comme des micro-ondes: Musique Plus était donc notre Youtube de l’époque! De plus, les plateformes comme Instagram, TikTok ou Facebook n’avaient pas encore vu le jour. Les jeunes créateurs comiques avaient donc leur plateforme de l’époque pour diffuser leur contenu. Aujourd’hui, tu nommes une émission de Musique Plus à un jeune de 15 ans et t’as l’air d’un arrière-grand-père. J’ai longuement hésité avant d’accepter d’écrire une chronique sur Musique Plus, car c’est très loin de me rajeunir!

L’émission qui m’a le plus marqué est sans aucun doute Dollaraclip, animée par Louis-José Houde, un jeune humoriste qui débutait à l’époque. Cette émission a changé ma vie, puisqu’elle est l’une des raisons pour lesquelles je suis humoriste aujourd’hui. Je me souviens: j’étais en secondaire 5 et en pleine adolescence, autant au niveau de l’habillement douteux que la coupe de cheveux douteuse. Bon, les cheveux ça n’a pas vraiment changé. On se faisait des petites soirées arrosées de bières en fumant des petits cigares avec un bec de plastique (ça non plus, ça ne me rajeunit pas!) dans le sous-sol d’un ami dont le père tolérait alcool et boucane.

Je ne fumais pas, mais j’aimais prendre quelques bières et faire rire mes amis. J’étais le gars drôle dans la classe, et je faisais de l’overtime le soir en étant le centre de l’attention durant toute la soirée. En fait, j’étais le centre de l’attention jusqu’au moment où Musique Plus diffusait Dollaraclip : le gars qui devenait le centre de l’attention pendant 30 minutes se nommait Louis-José Houde.

Fan de l’émission autant que mes amis -voire même plus- il y avait une partie de moi qui enviait ce gars d’être capable de faire rire mes amis en se trouvant à l’intérieur de la télévision. Oui, vous avez bien lu : il y avait un gars plus drôle que moi qui réussissait à faire rire mes amis sans être dans la même pièce que nous! Un mélange d’envie et de saine jalousie a poussé mon questionnement à : « comment pourrais-je moi aussi être le gars dans la télé? »

J’ai donc commencé à me filmer avec une vieille caméra VHS, qui était récente à l’époque. Je positionnais la caméra sur un trépied dans le sous-sol chez mes parents, et j’étais debout devant à raconter des anecdotes. Sans aucun montage vidéo ni aucun artifice, je parlais devant ma caméra dans le but de faire rire. Réalisez-vous: je faisais des TikTok sur VHS il y a 20 ans!

J’ai commencé à apporter mes enregistrements dans les soirées arrosées. Le tour se déroulait ainsi :

De 19h à 22h30, on s’amusait et je faisais rire mes amis.

À 22h30, on écoutait Dollaraclip (je crois que c’était à 22h30; l’alcool et les années peuvent me jouer des tours) et Louis-José nous faisait rire.

À 23h00, après Dollaraclip, je faisais jouer ma cassette VHS et nous m’écoutions raconter différentes blagues et anecdotes et mes amis trouvaient ça drôle. Oui, Louis-José faisait ma première partie!

Est-ce que mes amis riaient car ils étaient saouls, car c’était mauvais, ou parce qu’ils voulaient simplement m’encourager? Je l’ignore. Chose certaine, mes vidéos étaient sûrement maladroites et très peu comique, et j’aurais honte de les réécouter aujourd’hui. L’important est que ça m’a donné le goût de continuer à faire rire les gens en écrivant des numéros d’humour qui ont vu le jour sur scène par la suite.

Honnêtement, il est fort possible que jamais je n’aurais fait de spectacles d’humour si ça n’avait pas été de Dollaraclip. Merci Musique Plus pour ces belles années. Indirectement, grâce à vous, j’exerce aujourd’hui le métier d’humoriste, je fais des centaines de spectacles par année et je viens tout juste de vous rendre hommage dans le magazine SUMMUM.

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