fbpx
En kiosque

Documents déclassifiés par le Pentagone | Un ciel garni de drones ou d’Ovnis ?

Chroniqueur Jean-François Cyr
Partager

Au cours des dernières années, plusieurs rapports provenant du personnel militaire américain ou d’officiels du gouvernement concernant l’observation d’objets volants non identifiés (Ovnis) ont été révélés à la population. Certes, nombre d’entre eux s’expliquent naturellement, mais certains continuent de susciter des interrogations chez le grand public et les élus. Le 25 juin 2021, le Congrès a d’ailleurs publié un document déclassifié sur l’observation de tels Ovnis. Les autorités y indiquent qu’elles ne peuvent exclure une origine extraterrestre. Encore plus intéressant, il est probable que derrière cette campagne de relation publique, la Marine tente d’obtenir de l’argent pour enquêter sur une crainte beaucoup plus tangible : l’espionnage chinois et russe.

Ce rapport non classifié a été exigé par le Congrès après de nombreuses observations répertoriées par l’armée américaine qui faisaient état de véhicules se déplaçant de manière erratique dans le ciel. Dans un document de 9 pages, donc, des analystes du Pentagone admettent qu’ils ne peuvent pas expliquer la majorité des observations apparentes d’Ovnis. Le rapport a suscité une multitude de spéculations avant sa publication, car le sujet des Ovnis, malgré le manque de preuves concrètes au fil des décennies, continue de passionner le grand public et les médias.

Comme le mentionne le New York Times dans un article paru en juin, le changement culturel dans l’armée américaine et les dirigeants politiques américains a favorisé la rédaction d’un tel rapport. Auparavant sceptiques, plusieurs sont devenus curieux. Or, le manque de preuves pour confirmer ou nier toute visite intergalactique sur notre planète a laissé les curieux sur leur appétit, en quelque sorte. Cela dit, une autre information fournie par les chefs militaires a attiré l’attention de plusieurs personnes : ils avertissent que la technologie, si elle n’est pas extraterrestre, peut appartenir à des adversaires américains tels que la Russie ou la Chine…

Dans le rapport déposé le 25 juin, le Pentagone et les agences de renseignement évitent le terme O.V.N.I. (objets volants non identifiés ou U.F.O. en anglais) et se réfèrent désormais aux phénomènes aériens non identifiés (U.A.P. ou unidentified aerial phenomena en anglais et PAN en français pour phénomènes aériens non identifiés).

Cette décision vise à la fois à réduire l’enthousiasme du public par rapport aux extraterrestres. Elle tente aussi d’éliminer la stigmatisation provoquée par le mot UFO En utilisant l’acronyme PAN, les chefs de l’armée souhaitent également encourager les pilotes à rapporter davantage les choses qu’ils voient dans le ciel. Ils désirent par ailleurs obtenir davantage de support des scientifiques à des fins d’analyse.

Que dit le rapport ?

En août 2020, le Pentagone a créé une équipe spécialisée sur les phénomènes aériens non identifiés pour examiner les observations d’aéronefs volants inconnus. Le travail de ce groupe consistait à « détecter, analyser et catalogue » ces événements, ainsi qu’à avoir « un aperçu » de la « nature et des origines » des Ovnis.

Les responsables ont analysé 144 incidents survenus au cours des deux dernières décennies, dont trois vidéos — prises par des pilotes de la Marine (US Navy) — que le Pentagone a déclassifiées en avril 2020 et décrites comme montrant des « phénomènes aériens inexpliqués ». Une de ces vidéos, en noir et blanc, date de novembre 2004 et les deux autres de janvier 2015. Dans un article de l’Agence France-Presse, on lit ceci :

 

« Les images révèlent notamment un objet de forme oblongue se déplaçant rapidement qui, quelques secondes après avoir été repéré par un des capteurs à bord de l’appareil de la Marine, disparaît sur la gauche à la suite d’une soudaine accélération. Dans une autre vidéo, on distingue un objet au-dessus des nuages, pendant que le pilote se demandant s’il s’agit d’un drone. (…) Le pilote de la Marine à la retraite, David Fravor, qui a rencontré un de ces PAN en 2004, avait raconté en 2017 à la chaîne de télévision américaine CNN que cet objet se déplaçait de façon erratique. »

À la suite de plusieurs autres histoires intrigantes, farfelues ou plausibles, le groupe d’experts affirme dans son rapport qu’il n’a trouvé « aucune indication claire qu’il existe une explication terrestre à propos de plusieurs phénomènes aériens ». Cela dit, il n’exclut pas non plus qu’une autre forme de vie puisse être à l’origine de ces véhicules observés dans le ciel.

Toujours dans le rapport, quelques explications sont néanmoins avancées : des phénomènes atmosphériques tels que des cristaux de glace, des oiseaux, de nouvelles technologiques développées par le gouvernement américain, des aéronefs privés (comme un satellite et un autre véhicule volant) et des entités déployées par des nations étrangères, en l’occurrence des drones.

Pourquoi un tel rapport ?

La pression publique sur le gouvernement américain s’est intensifiée depuis quelques décennies pour qu’il publie ce qu’il sait sur les extraterrestres. Des groupes civils de soi-disant ufologues soutiennent notamment que les preuves de leur existence ont été supprimées par les autorités.

Le Pentagone collecte discrètement des données depuis 2007 dans le cadre du programme militaire d’identification avancée des menaces aérospatiales, qui est peu connu. À vrai dire, l’étude des Ovnis existe depuis les années 1940, selon le spécialiste québécois des phénomènes paranormaux, Christian Page.

« C’est un sujet qui n’est pas nouveau. Dès 1947, l’US Air Force (l’armée de l’Air américaine) s’est intéressé au phénomène des Ovnis. Entre 1952 et 1969, elle s’est investie dans le projet Blue Book, une longue commission ayant pour objectif d’étudier et d’enquêter sur certains témoignages quant aux Ovnis. Depuis les années 1970, des civils indépendants, en marge des autorités, ont mené aussi des analyses constantes sur les Ovnis. Mais, personne n’a vraiment fourni de conclusion déterminante. »

Chose certaine, cet effort pour divulguer ce que l’on sait sur les Ovnis a également trouvé des partisans au Congrès — à la fois républicains et démocrates. Ceux-ci espéraient entre autres que le rapport du Pentagone publié en juin dernier mettrait fin à la stigmatisation à l’égard des militaires qui désirent parler à un officier supérieur au sujet d’une rencontre inexplicable.

Les « meilleures » preuves ?

Certains responsables de l’armée et du renseignement américains ont assez bien détaillé leurs étranges observations. Les plus crédibles proviennent souvent de pilotes qui ont personnellement vu des phénomènes aériens à proximité de structures militaires et d’installations d’entraînement depuis leur cockpit.

En mars 2021, l’ancien directeur du renseignement national de Donald Trump, John Ratcliffe — qui a supervisé les 18 agences de renseignement américaines — a résumé ainsi le phénomène des PAN lors d’un entretien au canal de télé américain Fox News : « Franchement, il y a beaucoup plus d’observations que ce qui a été rendu public. Nous parlons d’objets qui ont été vus par des pilotes de la Marine, de l’armée de l’Air ou qui ont été captés à l’aide d’imagerie satellite. Ces objets se livrent à des actions difficiles à expliquer et à reproduire par notre technologie. Ils se déplacent à des vitesses dépassant le mur du son, sans bang sonique. »

Bien que les dires de M. Ratcliffe démontrent l’ampleur de la documentation, on ne peut déduire qu’il s’agit de manifestations extraterrestres.

L’argent des Ovnis

Ces histoires d’Ovnis partagées dans le rapport cachent probablement une explication assez réaliste. Des dizaines de millions de dollars américains ont été investis dans l’observation des Ovnis depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Entre 2007 et 2012, par exemple, un programme secret devait permettre de comprendre les phénomènes aérospatiaux inexpliqués. En effet, le Pentagone a reconnu l’existence d’un mystérieux projet d’enquête sur les Ovnis, après que le New York Times ait révélé l’information en 2017. Baptisé Advanced Aerospace Threat Identification Program (Programme d’identification des menaces aérospatiales avancées), celui-ci a documenté d’étranges objets volants, évoluant à grande vitesse sans propulsion visible ou en position stationnaire sans moyen apparent de portance.

L’une des vidéos obtenues par le New York Times montre deux avions de chasse américains qui poursuivent un objet ovale de la taille d’un avion de ligne, au large de la côte californienne, en 2004. Le programme, qui était doté d’un budget de 22 millions de dollars, et seulement connu d’un petit nombre de responsables, a été initié par l’ancien sénateur démocrate du Nevada, Harry Reid, qui portait un intérêt particulier aux phénomènes inexpliqués. Selon le New York Times, la majeure partie de l’argent du programme est allée à une société de recherche aérospatiale dirigée par Robert Bigelow, un entrepreneur milliardaire et un ami de longue date du sénateur Reid…

Selon Christian Page, la déclassification des observations d’Ovnis a eu un impact certain sur le public américain et sur les grands réseaux médiatiques : « La Marine a publié de nombreux rapports qui a suscité l’intérêt et remis à l’avant-scène le sujet des phénomènes aériens non identifiés.

« Est-ce que la publication de ce rapport, le 25 juin, est une stratégie de la Marine pour justifier la demande d’un nouveau budget dédié aux PAN ? Possible. Notons que le rapport ne parle plus d’extraterrestre, mais de phénomènes aériens non identifiés. On évoque la possibilité que des drones chinois et russes patrouillent secrètement dans le ciel des États-Unis. Ainsi, la Marine sème le doute dans l’esprit des citoyens. De puissantes nations rivales qui espionnent leur territoire, c’est une image qui n’est pas pour plaire aux Américains ! »

Au dire de M. Page, il est possible que des drones dépassant les performances d’un F-18 américain soient supervisés par les géants chinois et russe pour mener des opérations d’espionnage industriel et militaire. Déjà, on sait que les États-Unis développent une nouvelle génération de drones offrant de meilleures performances que le RQ-170 Sentinel, qui a notamment été utilisé dans la guerre en Afghanistan. À l’instar des Américains, il est donc possible que la Russie et la Chine disposent de nouveaux véhicules pouvant dépasser les performances des drones connus, qui peuvent aller à 6000 km/h, soit plus de cinq fois la vitesse du son. M. Page souligne que des missiles hypersoniques américains — qui volent seulement en ligne droite toutefois — peuvent déjà filer à une allure de 25 fois la vitesse du son : « La Chine et la Russie possèdent-elles des drones de nouvelle génération, c’est-à-dire des appareils furtifs pouvant déjouer les systèmes radars américains et les pilotes de l’air ? Peut-être que les Américains ont aussi ces drones… Ce ne serait pas la première fois que Washington et le Pentagone utilisent le prétexte des Ovnis pour justifier des vols secrets d’appareils sophistiqués. Je pense à l’utilisation du Lockheed SR-71 Blackbird et du Lockheed U-2 dans le passé. J’ai l’impression que la publication du rapport, en juin, participe à une suite logique des autres programmes devant enquêter sur le développement des technologies. »

D’après Christian Page, la prochaine grande guerre sur notre planète sera visiblement spatiale. On mènera surtout les combats du ciel. À cet égard, il y a déjà une escalade des technologies. Ainsi, la volonté de la Marine d’obtenir un nouveau budget de la part du Congrès est probablement plus motivée par la recherche de nouveaux appareils-espions que par la découverte d’Ovnis.

« La balle est dans le camp du Congrès à propos du budget demandé par la Marine. On parle certainement de plusieurs millions de dollars. Le Congrès pourrait accorder ce financement d’ici le 31 décembre 2021, une date qui correspond à la fin de l’année fiscale. Le budget militaire de l’armée américaine est de plus de 700 milliards $ par année. Ces quelques millions de dollars accordés, qui ne sont pas très significatifs par rapport au budget global, serviraient à la recherche. Cependant, ça ne comprend pas les nouveaux équipements (dont des radars sophistiqués) nécessaires à bord des porte-avions. En tout cas, la Marine a bien joué ses cartes récemment. Elle a mis le public de son côté, surtout en parlant d’ennemis de la nation américaine. Le sujet des phénomènes aériens non identifiés est sur toutes les lèvres aux États-Unis. »

Partager

Recommandés pour vous

PROCHAIN ARTICLE

El indicador RSI: ¿Qué es y como se utiliza en bolsa? BolsaTime: Análisis en tiempo real de los mercados financieros