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Bienvenue dans le métavers

Chroniqueur Alexis Le Marec
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Pour les géants technologiques, le métavers est la prochaine grande révolution, après l’internet et les téléphones intelligents. Mais qu’est-ce que c’est, exactement?

Une journée dans le métavers

Québec, 14 novembre 2036.

7h45

– Ah non, pas déjà!

Simon aurait aimé faire la grasse matinée. Mais il ne peut se permettre d’être en retard en classe ce matin. Et son cours d’histoire débute dans 15 minutes. Il a à peine assez de temps pour manger un morceau et prendre son café. La douche, elle, peut attendre.

8h

Ses lunettes de réalité virtuelle sur la tête, Simon se matérialise dans une somptueuse salle de classe pour son cours. Son avatar lui ressemble comme deux goûtes d’eau (sans les cheveux ébouriffés). Il porte encore les mêmes vêtements qu’hier. En fait, ça fait deux semaines qu’il porte son vieux costume d’halloween, qu’il n’a pas pris le temps de changer.

– Simon, ça devient ridicule ton habit de clown. Viens avec moi ce soir, on va aller t’acheter quelque chose.

Le ton de Sasha est sans équivoque. Cette Belge qu’il a rencontré dans un jeu vidéo quelques mois auparavant et qui l’a incité à suivre ce cours avec elle n’acceptera pas non comme réponse.

La salle devient noire quelques instants. Quand la lumière se rallume, Simon, Sasha et les autres sont en plein cœur de la Rome antique. Leur professeur aime bien les mises en situation du genre.

10h50

– Oui bonjour, comment puis-je vous aider?

Dans le bureau virtuel de son employeur, Simon aide les clients à régler leurs problèmes techniques. 95% du temps, une intelligence artificielle les guide, mais, il arrive qu’un pépin sorte trop de l’ordinaire, ou que le client insiste pour parler à une vraie personne. Cette vraie personne, c’est Simon.

Son avatar est le même qu’en classe plus tôt, mais à quelques différences près. Son costume a été remplacé automatiquement par l’uniforme de l’entreprise, et son légendaire air bête, normalement capturé par des capteurs sous ses lunettes, est troqué par un sourire constant, optimisé pour attirer la sympathie des clients et imposé par son patron.

La perte de contrôle sur son apparence ne plait pas à Simon, mais il faut bien gagner sa vie.

13h03

Simon retire ses lunettes pour la première fois de la journée. Il avait activé la transparence de ses lentilles un peu plus tôt pour aller se faire un deuxième café, mais ses yeux peuvent pour la première fois prendre une pause. Il n’a pas terminé le travail pour autant, mais il peut, s’il le souhaite, y accéder par son ordinateur. Les clients n’y verront que du feu de toute façon. Pour eux, l’avatar sera identique, peu importe la plateforme utilisée par Simon pour aller au travail.

15h50

– Achète-la, ça te va super bien!

Les émotions peuvent encore être difficiles à lire sur les visages des avatars, même en 2036, mais la voix de Sasha, elle, est sans équivoques. La chemise hawaïenne que Simon essaie en ce moment touche la cible. L’orange n’est habituellement pas dans sa palette, mais son amie est tellement convaincue qu’il n’ose pas la décevoir.

– Très bon choix, monsieur. Cette chemise a été dessinée par Kailani Kahale, une étoile montante du design à Hawaii. Voulez-vous voir ses autres morceaux?

– Non, c’est beau, je vais la prendre. Mais merci pour l’offre.

Simon ignore s’il parle avec un humain oui une intelligence artificielle en ce moment. Mais il préfère demeurer poli, juste au cas.

– Cela vous coûtera 75$. Voulez-vous obtenir une version physique, qui sera livrée à votre domicile dans 2 heures, pour 50$ de plus?

– Non, juste la copie numérique.

18h

Assis dans une salle de cinéma virtuelle, Simon attend le début de la représentation. Regarder un film de cette façon plutôt que de simplement l’afficher au mur comme il le fait normalement est un anachronisme, mais pour un rencard, c’est ce qu’il préfère. Voir Sasha à ses côtés de la sorte rend l’expérience plus vraie. Et puis, il doit bien lui montrer de quoi il a l’air avec sa nouvelle chemise.

21h12

– T’es en retard, le gros!

Simon avait un raid prévu à 20 heures dans un jeu vidéo, mais il a une mauvaise nouvelle pour ses amis. Il n’y aura pas de partie ce soir pour lui.

– Vous devrez me remplacer par mon IA, désolé! On se reparle demain.

L’avatar de Simon disparaît aussi rapidement qu’il est apparu. Son bon ami David a un petit sourire en coin :

– Est-ce moi, ou son avatar n’avait pas de chemise?

Qu’est-ce que le métavers?

Le métavers – metaverse en anglais – est considéré par plusieurs comme l’une des prochaines frontières technologiques à atteindre.

La définition varie d’une personne à l’autre, mais le concept peut être imaginé comme un univers virtuel ouvert et permanent, qui permettra un jour de relier des millions de gens simultanément, que ce soit pour jouer, apprendre ou travailler.

Le métavers pourra être accéder de n’importe où et avec n’importe quel appareil, et les changements qui y sont apportés seront visibles par tous.

On imagine souvent le métavers en réalité virtuelle, en partie parce que le livre d’où le terme est tiré, Le Samouraï virtuel de Neal Stephenson, se déroulait dans un futur dominé par cette technologie. L’OASIS de Ready Player One, un autre ouvrage mettant en vedette la réalité virtuelle, s’inspire aussi du concept. Un tel univers pourrait toutefois aussi être accédé de plusieurs autres façons, comme sur un ordinateur ou un téléphone, par exemple.

 

Même si l’idée peut sembler simple, plusieurs limitations technologiques nous séparent encore du métavers. Aucun serveur n’est par exemple capable d’accueillir assez de personnes simultanément à l’heure actuel pour les besoins d’un tel univers, et des avancées doivent aussi être réalisées notamment par rapport à la réalité virtuelle et à la capture des émotions, par exemple.

Qui fera le métavers?

L’intérêt des entreprises technos pour le métavers est de plus en plus évident. Accéder à un tel univers demandera après tout l’achat d’appareils toujours plus performants, sans parler des frais d’abonnement.

Tout comme on le voit aujourd’hui avec Google et Apple qui obtiennent une fraction de toutes les ventes sur les boutiques d’applications mobiles, on peut également imaginer que les compagnies derrière le métavers auront elles-aussi leur part du gâteau dès qu’un étudiant suivra un cours en ligne ou qu’un consommateur achètera une chemise hawaïenne virtuelle, par exemple.

Quelques compagnies ont d’ailleurs déjà fait part de leur intérêt envers cette future plateforme.

Epic Games

Tim Sweeney, le fondateur d’Epic Games, est probablement le plus ardent défenseur du concept de métavers. L’entrepreneur américain y voit d’ailleurs une synergie avec ses produits actuels, puisque son moteur de jeu Unreal Engine pourrait être utilisé pour faire vivre le métavers, et son jeu Fortnite pourrait être une bonne porte d’entrée vers cet univers.

Roblox

Roblox s’est fait connaître par sa plateforme de jeux vidéo populaire auprès des préados, mais l’objectif à long terme de l’entreprise est ailleurs : fonder le métavers. Contrairement à d’autres, Roblox n’a d’ailleurs pas peur d’employer le mot. D’une certaine façon, son projet est déjà bien amorcé, puisque l’entreprise a développé un campus virtuel au cours des derniers mois, dans lequel ses employés peuvent tenir des réunions.

Facebook

« Facebook est une entreprise du métavers », a affirmé en juillet le fondateur du réseau social Mark Zuckerberg, lors d’un appel téléphonique aux investisseurs. C’était la première fois que l’entreprise faisait officiellement référence au terme, mais la nouvelle n’a pris personne par surprise. Le réseau social investit en effet fortement dans toutes les technologies reliées au métavers, comme des avatars réalistes, la réalité augmentée et la réalité virtuelle.

Microsoft

Microsoft prépare aussi l’arrivée du métavers. L’entreprise a lancé plus tôt cette année Mesh, une plateforme de collaboration et de communication qui permet de mélanger les utilisateurs virtuels et ceux en présentiel, en utilisant notamment la réalité virtuelle et la réalité augmentée. En mai, Microsoft a aussi affirmé être dans la meilleure position pour permettre aux entreprises de développer « des applications du métavers dès maintenant ».

Reste maintenant à voir de quoi aura l’air le métavers, et si ces entreprises – ou d’autres – arriveront à s’entendre. Ceux qui imaginent le métavers espèrent la création d’un monde ouvert et interconnecté, afin par exemple que notre avatar et nos contacts puissent nous suivre du matin au soir, peu importe l’activité que l’on fait.

Chacune de ces entreprises voudra toutefois probablement exercer le plus grand contrôle possible sur le métavers, afin d’en tirer le plus de bénéfices financiers.

Coups de cœur

Lunettes connectées

Bose Frames

Les lunettes connectées de Bose sont en fait des écouteurs Bluetooth, qui permettent de profiter de sa musique sans rien avoir sur son oreille, et sans bloquer les sons extérieurs, ce qui en fait un appareil populaire chez les cyclistes, notamment. Les Boses Frames originales sont offertes en deux designs différents, et il est possible de payer 60$ de plus pour les Frames Tenor, Tempo et Soprano, qui offrent une meilleure qualité audio.

Prix : 249$

Snap Spectacles 3

Les deux appareils photos des Snap Spectacles 3 permettent de prendre des photos ou des vidéos en 3D, jusqu’à 60 images par seconde. Une visionneuse dans laquelle on peut insérer son téléphone est même offerte à l’achat des lunettes pour voir ensuite l’effet 3D. Le design des Spectacles 3 est quand même unique (certains adorent, d’autres détestent) et est offert en deux couleurs : noir et cuivre.

Prix : 500 $

Ray-Ban Stories

Enregistrer des vidéos ou des photos, écouter de la musique, parler avec un ami : voilà, en gros, ce que permettent de faire les Ray-Ban Stories, des lunettes développées en collaboration avec Facebook, et qui offrent le meilleur des deux mondes entre les Bose Frames et les Snap Spectacles 3. On apprécie surtout leur design, qui reprend l’allure habituelle de la marque, leur poids à peine 5 grammes de plus que des lunettes régulières et le fait qu’il soit possible de choisir ses propres verres (fumés, prescription, etc.).

Prix : environ 500$

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