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Legalize it

Photographe Antoine Ryan
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Salut le summeux!

En tant que nouveau chroniqueur du magazine, j’en profite pour faire les présentations officielles. J’suis Mathieu Cyr, la seule face poilue que tu verras dans ce magazine. (Du moins j’espère, sinon y’ont des mannequins louches.)

Tu m’as peut-être déjà vu un peu partout à la télé, sauf à Canal Vie. (J’peux pas jouer là; j’cuisine comme un pied pis j’suis jamais tombé enceinte sans le savoir.)

À part écrire ici, je fais des shows d’humour. Si t’as jamais vu mes numéros, c’pas grave. Anyways, tu peux les voir à Canal D pendant les 30 prochaines années.

Pourquoi j’ai eu la job

SUMMUM est venu me chercher à cause de 2-3 statuts Facebook que j’ai écrits en bobettes un dimanche matin. Ce qui prouve que cette compagnie a une éthique douteuse. C’est pourquoi il me fait plaisir de travailler avec eux. On est pareils. Pis en regardant une couple de photos, j’me rends ben compte que j’suis pas le seul à travailler en bobettes dans ce magazine-là.

Et en toute humilité, je crois qu’ils ont été chercher le meilleur chroniqueur possible, pour le budget dont ils disposaient.

De quoi on jase aujourd’hui

Pour ma première chronique, comme on est en octobre, j’me suis dit qu’on pouvait jaser Halloween et recettes de citrouilles. J’te niaise! J’ai-tu l’air d’une chroniqueuse de Salut, Bonjour!?

Non, j’ai plus le goût de parler de quelque chose en lien avec le temps des récoltes : le weed. On commence ça avec une vérité absolue :

Quand tu bois de l’alcool, tu penses à rien pis tu fais n’importe quoi.
Quand tu fumes du weed, tu penses à n’importe quoi pis tu fais rien.

Si t’as ri en lisant ça, j’en déduis que tu sais de quoi je parle. T’as déjà eu les yeux rouges, ben effoiré dans l’divan, à regarder L’Instant gagnant – Call tv – en criant « C’T’IN LION STIE! C’T’IN LION! » entre deux puffs qui font tousser creux.

J’ai déjà vécu ça. J’ai fumé. Beaucoup. Longtemps.

Tellement que le jour où j’ai arrêté, c’est parce que j’ai croisé un Jamaïcain pis sur son t-shirt, y’avait une photo de ma face. C’est là que j’me suis dit : « Ouin, y’est peut-être temps que j’arrête d’acheter mon papier à rouler chez Costco. »

Aujourd’hui, je regarde le débat sur la légalisation de la marijuana. J’trouve ça intéressant. Admettons que ça passe? Admettons que ça devient légal et ouvertement accepté? T’imagines-tu ce que ça va donner? Moi oui. J’te montre ça. Tiens-toi bien, on part.

Bienvenue au pays du weed

C’est vendredi soir, comme tous les vendredis, tu vas t’acheter une couple de grammes à la SWQ (Société du weed du Québec).

T’arrives là, les employés font goûter 2-3 puffs d’une nouvelle cuvée mexicaine à des travailleurs et à des soccer moms épuisés de leur semaine.

Tu t’arrêtes devant ta sorte préférée. Ta gâterie de fin de semaine : le Dry Mouth Gold. Pastille de goût? Sec et intense. Avec finale pâteuse en bouche. Idéal avec un deux litres de Kick Cola.

Et il est apposé une mise en garde de la Commission du pot du Québec : « Avertissement : Fumer ceci peut vous faire porter un t-shirt d’Iron Maiden, manger votre poids en Doritos et regarder trois heures de clips de chats. » Avec la photo d’un gars en camisole blanche ornée d’une tache de sauce à spag, qui semble chercher ses clés.

Tu le prends. Tu payes. Tu pars. T’embarques dans ton char.

À la radio, y’a une pub du Manoir Pot Light. Un château rempli de crottes de fromage pis de « chicks vegs » qui torchent au PS4. Ça te met dans le beat.

Des nouveaux barrages

T’embarques sur l’autoroute. Tu te forces pour rouler vite, parce que tu veux pas te faire coller. La police arrête le monde gelé qui roule en bas du minimum de 60. Même qu’y font souvent des barrages. Et au lieu de te faire souffler dans la balloune, y te donnent des biscuits soda. Si tu chiques trop longtemps avec les yeux dans le flou, y savent que t’as fumé pis y t’embarquent.

Un de tes chums t’appelle :

–  Salut, c’est Jo! Qu’est-ce tu fais?
–  M’en va chez Max avant de sortir, pis toi?
–  C’pour ça que j’t’appelle. M’a « tchocker ».
–  Ben voyons! Comment ça?
–  J’prends ça relax avec ma blonde. On va aller dans un resto Apportez votre joint.
–  Qu’est-ce qui servent comme bouffe?
–   Plein d’affaires au beurre de peanut.
–   Bon ok, j’te comprends, man. Bonne soirée!
–  Yezzire! Toé si!

Clac.

(Note aux puristes : Je sais. Ç’a pu rapport de finir une conversation téléphonique avec un « clac » en 2015. Y’a personne qui fait « clac » en raccrochant son cell. Mais si j’avais écrit « swifflezouit », pas sûr que t’aurais catché que c’était le bruit d’un pouce qui glisse sur un iPhone.)

La soirée Weed Open

À soir, vous sortez dans un bar où c’est « Weed Open ». Le genre de soirées où tout le monde danse des slows. Seuls. Pendant que le DJ cherche sa toune.

Cette fois-là, tu te promets de fumer rendu dans le bar et non avant de rentrer. La dernière fois, tu chialais : « Personne danse! Le monde est ben trop collé! On entend mal la musique! Y fait ben frette dans ce bar-là? »… avant de te rendre compte que t’as passé la soirée au complet dans le line-up.

Pour te mettre dans le beat, tu prends une autre bouchée du biscuit que t’as acheté au café Second Pot. La soirée s’annonce bien.

Ça peut pas être parfait

Le seul problème, c’est que ça doit faire 12 grammes que t’as pris depuis ce midi, pis t’es encore solidement à jeun. En fait, t’es juste fatigué.

Faut se rendre à l’évidence : depuis que le pot est légal, y gèle pu, y fait juste t’assommer autant qu’un album de Nicola Ciccone.

C’est à cause de la production – du pot, pas des albums de Ciccone. Maintenant, c’est fait par un chum du premier ministre dans des serres souterraines. Des espèces de caves. D’ailleurs la compagnie s’appelle Grow-Cave.

Et les fonctionnaires qui font pousser ça sont aussi compétents là-dedans que le Dr Barrette est fort en hula hoop.

Et j’vois pas pourquoi ils s’amélioreraient… Y’ont le monopole! Pourquoi vouloir faire mieux quand t’es tout seul? As-tu déjà vu Hydro se forcer pour battre des records, autres que ses déficits? Ben c’est ça.

Depuis que Grow-Cave est là, le prix du gramme a triplé. Même quadruplé pendant les vacances de la construction. Pis y disent que « c’est à cause du prix du Ziploc ».

Bref, maintenant, ça te coûte 40 $ pour fumer un gramme de pot sec au goût de gouda moisi qui « buzze » autant qu’une feuille de cahier Canada.

C’est là que tu te rends compte que t’aimais mieux quand c’était contrôlé par les criminels que le gouvernement… parce que le crime, lui, au moins, y’est organisé.

(Article publié dans l’édition #131 octobre 2015 – www.boutiquesummum.com)

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