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Patrice Michaud

Chroniqueur Véronique Racine
Photographe Patrick Séguin
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Y’avait un jeune dans l’bas du fleuve

Dès la lecture des premières lignes de sa biographie (Patricemichaud.ca), nous comprenons que l’auteur-compositeur-interprète est dans une catégorie à part. Imaginatif et terre-à-terre à la fois, intellectuel et drôle, volubile, mais mystérieux, on le croit lorsqu’il avoue avoir de la difficulté avec le conformisme qui tend à mettre tout le monde dans le même moule. Ce mois-ci, Patrice Michaud nous propose son nouvel album dont le premier extrait, Kamikaze, se veut une critique à l’instantanéité et la consommation abusive.

Merci de nous accorder cette entrevue Patrice… surtout que j’imagine que tu n’as pas beaucoup de temps pour toi! En effet, c’est la musique qui prend tout mon temps. Beaucoup de promotion, de route, des entrevues, ce qui veut dire souvent les mêmes questions. (Rires) J’essaie tout de même de varier mes réponses. Tout ça, c’est bien excitant, car quand on lance un nouveau disque, on ne sait pas trop ce qui va arriver. On espère évidemment que les gens aimeront ce qu’ils entendront.

D’après ce que je comprends, le plus ennuyant selon toi, c’est les entrevues… Désolée! (Rires) Tu peux évidemment avoir des entrevues, des conversations et des rencontres qui vont au fond des choses. Ça, c’est toujours le fun et c’est toujours bien lorsque ça arrive, mais c’est sûr que je tombe sur des entrevues avec des gens qui sauront à peine qui je suis. Ça m’est déjà arrivé qu’une journaliste me regarde avec des points d’interrogation et me dise : « C’est un film, c’est ça? » Je m’en mords encore les doigts en me demandant pourquoi je n’ai pas joué le jeu en lui disant que oui, c’était mon premier court métrage, jusqu’à ce qu’elle comprenne qu’elle aurait dû faire ses devoirs.

 Comme disent la plupart des artistes à la sortie d’un nouvel album « c’est l’album dont je suis le plus fier »… Quelle est la différence entre ton nouvel album et les deux premiers? Cette cassette-là, je ne peux pas la jouer. Je n’ai pas assez d’objectivité par rapport à ce que je fais. C’est sûr que je chante plus souvent mes chansons que je les écoute, alors ce que je peux dire, c’est que c’est un album qui, selon moi, est un peu plus risqué dans mon rapport avec la pop. Je ne veux pas dire qu’il est pop. C’est surtout concernant la construction des chansons, car j’ai travaillé un peu plus mon côté pop. Les chansons sont construites sur des gros « drum & base », ce qui m’éloigne du côté folk que l’on connaît de moi. C’est un album avec une grande dynamique d’une toune à l’autre. On peut passer d’une attitude rock’n’roll à une autre très dépouillée et humble. Ce genre de montagnes russes sur un disque, j’adore ça.

Ta tournée débute le 18 février. À quoi peut-on s’attendre comme show de la part d’un Gaspésien? Ne vous inquiétez pas, on ne verra pas les clichés auxquels on pourrait s’attendre d’un Gaspésien. Ça n’aura pas l’air d’un feu de camp, à jouer de la guitare autour […] Mes chansons sont souvent attachées les unes aux autres à travers un fil narratif de monologues, alors il y a peut-être là le côté verbomoteur que l’on peut retrouver! […] Je me méfie des catégories. « À quoi peut-on s’attendre d’un show d’un petit Gaspésien? »… Moi, je ne sais pas c’est quoi un petit Gaspésien, c’est comme quand on dit : « Ha! Pour un petit Québécois, il mène bien sa barque », moi, ça m’énerve. Je travaille à l’inverse. Le show sera très énergique, avec une signature esthétique très particulière.

Peux-tu nous dire quelque chose que l’on serait étonné d’apprendre sur toi… J’ai un côté intello qui ne veut pas trop passer pour un intello. (Rires) Je suis un grand lecteur. J’ai fait des études en littérature. J’ai comme une fascination pour l’histoire du 20e siècle et la fiction Imaginez que je suis aussi adepte de livres audio. Quand je conduis, il y a un Stephen King qui joue. (Rires)

Tu es très actif sur les réseaux sociaux. Est-ce par plaisir ou pour ton métier? Je vais t’avouer que c’est surtout par obligation. Je pense que se connecter nous déconnecte du vrai. Je ne suis pas un grand fan des réseaux sociaux. C’est un outil promotionnel et c’est un outil de contact avec notre public. C’est devenu incontournable. Donc, j’y vais par obligation, parfois j’y trouve du plaisir et parfois ça fait du bien fermer tout ça!

ÇA M’EST DÉJÀ ARRIVÉ QU’UNE JOURNALISTE ME REGARDE AVEC DES POINTS D’INTERROGATION ET ME DISE : « C’EST UN FILM, C’EST ÇA? »

SUMMUM a déniché trois de tes tweets les plus drôles et/ou sympathiques…

Je suis officiellement ambassadeur du meilleur gin distillé au Qc. Jusqu’à nouvel ordre (ou que mon nez change de couleur). Distillerie du St. Laurent #ginstlaurent
Bon… disons que je ne suis pas vraiment ambassadeur. (Rires) C’est un grand ami à moi, Jean-François Cloutier, qui distille le Gin St-Laurent à Rimouski. C’est un beau et très bon produit. Je suis très fier de lui.

Ce soir, le jeu du bleu-blanc-rouge est plutôt beige. #habs
Je suis hyper fan de hockey. Je suis aussi mauvais patineur que je peux aimer le hockey. Écouter les sports c’est thérapeutique pour moi. C’est l’une des façons que j’ai de mettre mon cerveau à off. Je suis fan, mais pas fafan.

Le vrai problème de Trump, c’est qu’il a le sourire à l’envers.
J’avais écrit ça parce que sur la plupart des photos qui circulaient, il avait le sourire par en bas ou le sourire de l’homme d’affaires (…) Je suis déçu des élections. Pour moi, c’est de la science-fiction ce qui s’est passé. Je suis surtout déçu pour les femmes. J’ai l’impression que dans plusieurs années on va voir ce chapitre-là de l’histoire américaine et que ça aura l’air d’une grosse blague… même si ça n’en est pas une.

J’AI UN CÔTÉ INTELLO QUI NE VEUT PAS TROP PASSER POUR UN INTELLO.

En rafale

La chose que tu as faite dans ta vie qui mériterait une bonne tape sur l’épaule?
Je pense qu’on mon rôle de papa est celui que je veux le mieux réussir dans la vie et les décisions que je prends dans ma vie professionnelle vont toujours dépendre des décisions que je prends pour mes enfants et ma blonde. Je pense être un bon papa.

Celle qui aurait mérité une claque derrière la tête?
Il y en a plein. (Rires) Au début de ma carrière, j’écoutais beaucoup les conseils des gens à propos de ce que je devrais avoir l’air. Ça n’a pas toujours été pour le mieux.

Quelque chose qui te fait sortir de tes gonds?
Les injustices et le nivellement vers le bas.

Un moment de ta carrière que tu n’oublieras jamais…
Quand j’ai gagné le Festival de la chanson de Granby en 2009, j’ai senti que je devenais le conducteur d’une petite locomotive et que les portes s’ouvraient pour moi. Je sentais qu’il ne fallait pas que je l’échappe. Il y avait deux options; trouver ma voix ou prendre le clos. C’était donc un moment très important.

JE SUIS HYPER FAN DE HOCKEY. JE SUIS AUSSI MAUVAIS PATINEUR QUE JE PEUX AIMER LE HOCKEY.

Question musique

L’album que tu as dû racheter tellement tu l’as usé en l’écoutant?
Richard Desjardins, LIVE au Club Soda

Plus jeune, le premier album que tu t’es acheté?
Iron Maiden, The Number of the Beast. J’ai vu le groupe neuf fois en show.

Un auteur ou un groupe qui va transcender toutes les générations?
Ça serait facile de dire The Beatles… J’ai l’impression que les chansons de Leonard Cohen vont rester dans le répertoire musical mondial pour les générations à venir.

La chanson la plus weird qu’on trouve sur ton cell?
Il y en a beaucoup. Je vais tasser les chansons pour enfants. Sur mon cellulaire, j’ai une chanson de Nicola Ciccone qui se nomme Trip de bouffe. C’est un 99 cents bien investi.

La chanson que tu aurais aimé écrire?
Écoute pas ça de Jean-Pierre Ferland. Une magnifique chanson avec des moments de grande poésie.

On veut te faire une surprise durant l’un de tes spectacles, quel artiste tu aimerais voir apparaître sur scène?
Si Paul Simon et Arthur Garfunkel débarquaient faire des « back vocals », je serais gâté.

La meilleure chanson pour séduire ta femme?
Je vais sortir quelque chose d’excessivement quétaine. Ce n’est pas une grande chanson, mais ça la ferait sourciller, alors je miserais sur Goodbye My Love de Léandre.

Une personne avec qui tu aimerais faire un duo?
Pascale Picard, ça serait super le fun!

(Article publié dans l’édition #145 mars 2017 – www.boutiquesummum.com)

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