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Phénomènes paranormaux: Entre fascination et science

Chroniqueur Alexandre Goulet
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Le mystère et la peur attirent : fantômes, soucoupes volantes, pouvoirs psychiques… Ces phénomènes intriguent le grand public et font fréquemment la Une des magazines. En France, par exemple, plus de la moitié des personnes croient aux fantômes et aux esprits. Pourtant, la science propose généralement des explications beaucoup plus terre-à-terre. En effet, comme le rappelle le physicien Brian Cox, aucune particule ou énergie surnaturelle n’a jamais été détectée par le Grand collisionneur de hadrons du CERN, et même la loi de la thermodynamique rendrait inviable toute « énergie fantomatique » sans apport extérieur. Plus simplement, de nombreux experts soulignent que les témoins rapportent avant tout des signaux ambigus ou des expériences psychologiques plutôt que des preuves objectives d’un autre monde.

Fantômes et maisons hantées

Les fantômes, spectres et autres apparitions effrayantes font partie du folklore mondial. Toutefois, plusieurs mécanismes connus de la psychologie et de la physique peuvent expliquer ces rencontres sans invoquer d’outre-tombe. Parmi les explications courantes :

  • Pareidolie et illusions visuelles : Le cerveau interprète souvent des formes vagues comme des figures familières. Une paréidolie est précisément ce phénomène où un « stimulus vague et indéterminé, souvent visuel, est perçu comme reconnaissable ». Par exemple, un jeu d’ombres, des reflets dans la brume ou des visages de pierre peuvent être vus comme des visages ou des silhouettes fantomatiques.
  • Illusions auditives (paracousies) : Dans le calme d’une maison la nuit, un claquement de plancher, le vent qui siffle ou un bruit électrique peut être interprété comme des chuchotements ou des pas. Des bruits familiers soudainement incontrôlés déclenchent le sentiment d’une présence.
  • Biais cognitifs et émotionnels : La peur et les attentes influencent ce que l’on perçoit. Le biais de confirmation fait qu’on retient et interprète les informations d’une façon qui va dans le sens des fantômes. De même, l’effet Barnum, soit notre propension à donner du sens à des messages très vagues, peut nous faire croire entendre des mots fantomatiques dans un vieux poste radio grésillant. En clair, si l’on s’attend à voir un fantôme, notre cerveau « complète » les détails ambigus pour confirmer cette attente.
  • Facteurs environnementaux : Des phénomènes physiques simples peuvent déclencher des frissons ou des hallucinations. Par exemple, certaines études ont suggéré que les infrasons (sons très basses fréquences) ou des champs électromagnétiques particuliers pouvaient provoquer une impression de présence étrange. Toutefois, quand des chercheurs ont créé artificiellement un « laboratoire hanté » en y appliquant des champs magnétiques et de l’infrason, les conditions contrôlées n’ont pas augmenté les sensations paranormales. Seuls les participants très suggestibles ont fait état de plus d’expériences étranges, indépendamment des dispositifs en place.

Au total, les enquêtes menées dans les maisons « hantées » aboutissent presque toujours à des causes ordinaires

Comme le note une revue scientifique, les rapports de fantômes recèlent souvent « pareidolies (hallucinations optiques), paracousies (auditives), biais de confirmation ou effet Barnum ». Autrement dit, il s’agit le plus souvent du cerveau qui « nous joue des tours », et non d’esprits réels. D’un point de vue strictement physique, d’ailleurs, l’idée de fantômes pose un problème : comme l’explique Brian Cox, si des êtres immatériels existaient, l’énorme collisionneur du CERN aurait détecté leur signature énergétique depuis longtemps, et sans source d’énergie externe un fantôme ne pourrait pas maintenir son existence face à l’entropie. En résumé, la science ne trouve aucun signe tangible d’une vie après la mort. À la place, elle met en avant illusions de la perception et causes matérielles.

OVNI et extraterrestres

La culture populaire (cinéma, science-fiction, récits médiatisés) entretient la croyance aux visiteurs d’outre-espace, mais les observations d’OVNI (objets volants non identifiés) ont des explications plus banales. Selon les données officielles du Centre national d’études spatiales (CNES), plus de 60 % des observations d’OVNI sont simplement des méprises dues à des objets connus : avions, satellites, ballons (publicitaires ou météorologiques), lanternes thaïlandaises, oiseaux ou phénomènes naturels comme des météores. Par exemple, une « soucoupe volante » signalée peut n’être qu’un avion pris en contre-jour, ou un satellite brillant. À ce propos, le CNES donne même l’exemple récent du second étage de la fusée Falcon 9 de SpaceX : en revenant sur Terre, son allumage produit un halo lumineux et une petite boule rouge – observations qui ont affolé les témoins, alors qu’il s’agissait en réalité des gaz éclairés par le soleil.

Le reste des cas se décompose ainsi : environ 36 % demeurent sans explication faute d’éléments suffisants (cas « inexpliqués » en raison du manque de données) et seulement 3 % résistent à toute investigation approfondie

Mais ces derniers, privés d’éclairage médiatique ou radar de confiance, ne fournissent pas de preuve d’origine extraterrestre, simplement d’informations manquantes. D’ailleurs, même dans les observations spectaculaires, on trouve souvent des clés de compréhension psychologique ou contextuelle. Un bon exemple est l’effet autocinétique : dans l’obscurité, un point lumineux fixe (étoile, planète comme Vénus) peut sembler bouger lentement du seul fait de petits mouvements oculaires involontaires. Mieux, si une personne affirme l’avoir vu se déplacer, les autres sont très enclins à confirmer cette idée par suggestion sociale. Ce mécanisme explique de nombreux témoignages d’OVNI « errants ».

En somme, les « mystérieux » objets vus dans le ciel s’expliquent majoritairement par une combinaison de causes matérielles et psychologiques. Les autorités spécialisées (GEIPAN en France, MUFON ou AARO aux États-Unis) recueillent régulièrement des rapports, mais concluent presque toujours à une méprise ou à un cas sans assez d’indices plutôt qu’à une visitation alien. Même les scénarios d’enlèvements extraterrestres sont souvent reliés à des épisodes de paralysie du sommeil ou à de faux souvenirs sous hypnose, selon les chercheurs. Pour l’instant, aucune preuve irréfutable de visite étrangère n’est venue enrichir les dossiers officiels.

Télépathie et perceptions extrasensorielles

La télépathie et les autres « pouvoirs mentaux » (clairvoyance, psychokinésie…) relèvent du domaine dit de la parapsychologie. Malgré l’intérêt médiatique, ces capacités n’ont jamais trouvé de confirmation scientifique fiable. Le cerveau humain fonctionne par signaux bioélectriques et chimiques très faibles, confinés dans le crâne : aucun mécanisme connu ne permettrait de les projeter à distance sous forme compréhensible. Les expériences modernes les plus avancées, comme les « interfaces cerveau-cerveau », ne font en réalité que transmettre de l’information via des technologies électroniques. Par exemple, une étude récente a relié deux volontaires par Internet : la pensée d’un simple « 0 » ou « 1 » (envie de lever le pied ou non) était enregistrée par EEG, envoyée à une seconde machine, puis stimulait le cerveau du récepteur pour déclencher ou non le mouvement

Comme l’ont souligné les scientifiques, il ne s’agissait pas de télépathie naturelle : « aucun des participants n’a lu dans la tête de l’autre, et rien n’aurait été possible sans technologie ».

En laboratoire, de nombreuses expériences « sans fil » ont cherché la télépathie à l’aveugle (tests de cartes à tirer, tests Ganzfeld en privant les sens, etc.). Certains ont rapporté des taux de succès légèrement supérieurs au hasard, mais ces résultats n’ont jamais résisté à un examen rigoureux. Des critiques en science expérimentale (comme Hansel, Hines ou Hyman) ont montré que ces expériences présentaient souvent des fuites de signaux ou des biais statistiques. Par exemple, des études ont conclu que tout écart au hasard pouvait aussi bien venir de défauts dans la procédure que d’un prétendu « pouvoir invisible », ce qui rend la télépathie non avérée. Comme l’a noté C. E. M. Hansel dès les années 80 : « L’ESP n’est pas plus établi aujourd’hui qu’il ne l’était il y a 100 ans. » En somme, aucun protocole réellement contrôlé ne permet d’envoyer une pensée claire d’un cerveau à un autre sans recourir à un appareil.

En face de ces résultats négatifs, la science cognitive propose des explications psychologiques : les soi-disant « succès » de télépathie s’expliquent par la chance (le cerveau trouve des correspondances aléatoires dans les réponses) et par des astuces mentales (lecture à froid, calculs de probabilité, interprétations a posteriori) plutôt que par un flux mystique. Lorsqu’une « médium » semble deviner des informations, il s’agit souvent de recueil de petits signes (expression du visage, détails d’habillement) et de déclarations très vagues qui peuvent s’appliquer à beaucoup de gens (effet Barnum). En résumé, malgré l’engouement et les métaphores, la parapsychologie n’a jamais mis au jour de connexion spéciale entre esprits. Toutes les démonstrations récentes font appel à du matériel externe, et les expériences de « lecture de pensée » échouent aux standards scientifiques.

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