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Arches perdues, diamants verts et autres aventures

Le cinéma d’aventures est un des genres les plus larges qui existe et va bien plus loin qu’Indiana Jones. Plusieurs autres genres s’y entrecoupent : le Western, le film de pirate, le film catastrophe, la science-fiction parfois, la comédie, le film de cape et d’épée et bien plus. Il est caractérisé par un héros en quête et généralement, par un voyage ou une fuite vers une contrée lointaine. La notion de dépaysement est souvent au cœur de l’intrigue. C’est donc possiblement le genre le plus fourni qui existe. Même La Guerre des étoiles est considéré comme un film d’aventures!

Comme c’est souvent le cas, le film d’aventures trouve ses racines dans les tout-débuts du cinéma, dès 1900. Le Français Clément Maurice tourne une version de 2 minutes de Cyrano de Bergerac, avec son et couleur, possiblement le premier film de l’Histoire à utiliser à la fois la couleur et le son. On ne compte pas moins de quatre-vingts films d’aventures produits internationalement avant 1920! Les créations littéraires sont évidemment un terreau fertile pour le cinéma d’aventures depuis toujours et ces premières productions utiliseront Les Trois Mousquetaires, Robin des Bois, Tarzan, Tom Sawyer et beaucoup d’histoires de Jules Vernes.

En même temps que le cinéma d’aventures se déploient dans des courts-métrages, la première moitié du 20^e siècle voit aussi arriver une forme épisodique de cinéma, les serials américains, qui divisent une intrigue en 4 à 12 épisodes, présentés chaque semaine dans la même salle de cinéma. Ils se terminent généralement en « cliffhanger », une fin à résoudre au prochain épisode, pour être certain de ramener les gens. Les serials sont présentés souvent comme premier programme avant le film principal. Une majorité des serials tombent du côté du film d’aventure. De Vidocq à Fantomas en passant par Dick Tracy et Batman & Robin, les serials regorgent de héros aventuriers qui auront des répercussions plusieurs décennies plus tard. On y reviendra. Le format épisodique a été abandonné au cinéma avec l’arrivée de la télévision, qui offrait pas mal la même chose à la maison.

Un des films qui a donné ses lettres de noblesse au film d’aventures est Le Trésor de la Sierra Madre de John Houston en 1948. Ce récit de trois pauvres types à la recherche d’or au Mexique mettait en vedette Humphrey Bogart et fut mis en nomination pour quatre Oscars (il en remporta trois).

Dans les années 50 et soixante le cinéma asiatique et européen s’emparent du cinéma d’aventure, notamment via l’incontournable géant japonais Akira Kurosawa (Les 7 samouraïs).

Tel que mentionné en ouverture, il y a presque autant de types de films d’ventures qu’il y a de genres cinématographiques mais on peut quand même tenter de regrouper en trois familles la majorité des films d’aventures.

Les épopées d’épée

Aux origines du film d’aventures on retrouve un héros maniant l’épée comme personne, un certain Zorro, création littéraire de 1919 et déjà adapté au cinéma dès l’année suivante. Zorro, qui veut dire renard en espagnol, sera alors incarné par LA grande vedette de l’époque, Douglas Fairbanks. Zorro fera l’objet d’une centaine d’adaptations au cinéma et à la télé.

Évidemment qui dit épée dit mousquetaire et le grand-père des effets spéciaux au cinéma, le célèbre George Méliès, adapte dès 1903 le roman Les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas en un des premiers films muets. Un peu comme Zorro, D’Artagnan et compagnie seront très populaires pour les adaptations télé et cinéma, jusqu’en 2023 même puisqu’on aura droit à un film français mettant en vedette Vincent Cassel, Romain Duris et Eva Green cette année.

Surpassant à la fois Zorro et les mousquetaires en nombre d’adaptations, le pirate est une figure essentielle du cinéma d’aventures. De L’île au trésor en passant par Sinbad, Peter Pan et l’incontournable Jack Sparrow, le pirate a fasciné depuis les premières années du cinéma lui aussi. Le pirate est présent dans toutes les décennies du cinéma depuis 1906 mais se fait plutôt rare depuis 2020. Aura-t-on droit à un sixième film de la franchise Pirates des caraïbes? Ça reste vague (sans vouloir faire de jeu de mot). Après le cinquième film, le producteur a toujours maintenant qu’il y aurait un sinon deux autres films des aventures de Jack Sparrow. Cependant, le procès Amber Heard contre Johnny Depp a fait beaucoup de mal à la relation entre Disney et l’acteur, si bien que ce dernier aurait refusé un nouveau film. Il y avait également un projet périphérique, axé sur une protagoniste féminine incarnée par Margot Robbie, qui a été abandonné selon l’actrice.

Les chasseurs de trésor

Les pirates sont souvent à la recherche d’un trésor, d’un El Dorado mythique et ça nous amène à cette autre catégorie d’aventures : les chasseurs de trésor. C’est ici qu’on revient aux serials mentionnés ci-haut. En 1977, Steven Spielberg est en vacances à Maui avec son ami George Lucas, qui cherche à échapper à la folie entourant la sortie de son film Star Wars. Spielberg dévoile son envie de réaliser un film de James Bond. Après les succès de Duel, Jaws et Rencontres du 3^e Type, Spielberg a le choix des cadeaux pour son prochain projet. Lucas dévoile alors à son ami un scénario qu’il a écrit il y a quelques années, inspiré des vieux serials tout comme Star Wars, intitulé The Adventures of Indiana Smith. Lucas décrit le film comme: James Bond sans l’artillerie ». Spielberg et Lucas s’entendent avec le studio Paramount pour cinq films (!) et changent le nom de famille du personnage à Jones. Finalement lancé en 1981, Les Aventuriers de l’arche perdue est un gigantesque succès (20 fois son budget en recettes!) et donnera lieu à 5 films, une (bientôt deux) séries télé, des romans, des jeux vidéo et bien plus. Indy est probablement l’aventurier le plus connu au monde. À moins que ce ne soit plutôt… Lara?

Rare aventurière, Lara Croft est aussi exceptionnelle car elle n’est pas née de la littérature ni du cinéma mais bien du jeu vidéo. La voluptueuse chasseuse de trésor est née en 1996 d’un studio britannique, Core Design. Vedette d’une bonne douzaine de jeux vidéo depuis sa conception, la belle Lara a finalement fait le saut au grand écran cinq ans après le premier jeu, sous les traits d’Angelina Jolie (après que les producteurs aient envisagé Pamela Anderson, Demi Moore et Jeri Ryan). Pour mieux répondre aux « attentes » des millions de fans, Jolie accepta d’augmenter un peu sa poitrine jusqu’à 36D (via des prothèses dans ses vêtements).

Lara Croft : Tomb Raider fut lancé en 2001 avec un succès légèrement décevant, ce qui n’empêcha pas d’en lancer un deuxième avec Jolie en 2003. The Cradle of Life eut encore moins de succès que l’original et malgré l’intention des producteurs de tourner un troisième film avec l’actrice, Jolie abandonna le rôle. Il faudra attendre quinze avant avant de revoir Lara au cinéma, sous le traits de l’actrice Alicia Vikander, beaucoup plus ressemblante à la nouvelle version de Lara dans le reboot du jeu vidéo. Si le succès du film fut suffisant pour lancer une suite, celle-ci ne verra pas le jour puisque le studio MGM a perdu les droits d’adaptation en 2022. Amazon a cependant l’intention de relancer Tomb Raider au cinéma et à la télévision avec une nouvelle actrice. Lara revivra!

En consultant nos suggestions de films d’aventures, vous retrouverez un des meilleurs films de chasse au trésor, qui est en même temps un classique du Western : The Good, The Bad & The Ugly de Sergio Leone. Consécration de Clint Eastwood comme vedette de cinéma internationale, le film de 1966 représente l’archétype de ce genre de film. La musique du film (utilisée notamment comme introduction du groupe Metallica dans ses concerts) du maestro Ennio Morricone ne fait qu’ajouter à son statut de classique incontournable du cinéma d’aventures.

C’est pas parce qu’on aventure que c’est pas drôle

La comédie fait souvent partie du film d’aventures mais certains films appuient plus fort sur cet aspect. C’est le cas notamment de La Chèvre (1981) et Les Compères (1983), qui mettent en vedette Pierre Richard et Gérard Depardieu.

Jackie Chan a beaucoup mélangé aventures, action et comédie dans ses films. Citons notamment Armour of God (1986) et Armour of God 2 : Operation Condor (1991), directement inspirés d’Indiana Jones. Le premier des deux films est reconnu comme celui où Chan, qui fait toutes ses propres cascades, a failli mourir après s’être ouvert le crâne. Les deux sont hautement recommandés.

Le réalisateur spécialisé dans l’horreur John Carpenter a aussi pondu un bel exemple de film d’aventures comique, Big Trouble in Little China (1986) avec Kurt Russell dans le rôle de Jack Burton. Malheureusement pour eux, malgré ses qualités nombreuses, le film était avant son temps et n’eut aucune suite.

Plus récemment, la comédie Tropic Thunder (2008) tombe carrément dans le moule du film d’aventures comique et propose un casting extraordinaire : Ben Stiller, Robert Downey Jr., Jack Black, Tom Cruise, Nick Nolt,e Matthew McConaughey et bien d’autres.

Quand on pense spin-offs de comic books, on pense surtout aux héros et nombreux sont les personnages qui sont devenus des grosses vedettes dans l’univers de Marvel qui ont leur origine dans d’autres comics.

Plusieurs films de Pixar se retrouvent aussi dans cette large catégorie mêlant rires et aventures, de Up à Toy story en passant par Wall-E.

Le très vaste cinéma d’aventures en est un de pur bonheur, générant émerveillement, suspense, rires et action. On verra si Indy relancera la mode ou en marquera une fin.