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CIA, FBI et NSA

Chroniqueur Michel Bouchard
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Les dessous de la sécurité nationale américaine

Combien de fois peut-on entendre parler de ces agences spéciales américaines dans les films hollywoodiens? La CIA, le FBI, la NSA, les Services secrets… sait-on réellement ce que ça signifie? À quoi servent ces agences? Quel est leur champ d’action? Quelle est leur mission?

CIA signifie Central Intelligence Agency, traduction libre d’agence centrale de renseignement. Comme son nom l’indique, cette agence qui jouit (techniquement) de l’indépendance de son gouvernement et qui relève directement du président a pour rôle de dénicher de l’information et des renseignements grâce à une multitude de méthodes, toutes aussi douteuses les unes que les autres, sur les autres gouvernements, les individus et les organisations de toutes les nations du monde, même l’archipel des Seychelles et ses 91 000 habitants. C’est par un réseau d’informateurs, de l’espionnage et du piratage que la CIA acquiert la majorité de ses renseignements. Les fameuses opérations clandestines qui se déroulent en dehors des frontières américaines sont de son ressort. Avec son budget astronomique – selon Edward Snowden (voir Des gaffes, encore des gaffes), elle disposait de 15 milliards $ pour opérer en 2015 –, la CIA dispose de la liberté, des moyens et du personnel (estimé à plus de 22 000 agents) pour mener ses opérations secrètes en toute quiétude.

FBI signifie Federal Bureau of Investigation. C’est un service fédéral de police qui sert d’outil de renseignement intérieur. On pourrait dire que c’est la Sûreté du Québec, mais à l’échelle américaine et avec des uniformes qui ne sont pas de couleur lendemain de brosse. Sa juridiction se limite aux frontières des États-Unis et dans ses ambassades. Elle s’articule autour de six grands mandats, soit l’antiterrorisme, le contre-espionnage, le crime informatique et financier, le crime organisé, les enlèvements et le médico-légal. Le FBI compte plus de 35 000 employés, ce qui comprend les agents, les analystes, les spécialistes du langage, les scientifiques et les gens à la technologie de l’information. Travailler pour le FBI est perçu comme étant prestigieux. À preuve, en 2009, ils ont annoncé qu’ils avaient l’intention d’ouvrir 850 postes d’agents. Quelques semaines plus tard, 270 000 candidats avaient postulé.   NSA veut dire National Security Agency. C’est un organisme sous le joug du département de la Défense des États-Unis qui a pour responsabilité le traitement des données, le renseignement électromagnétique et la sécurité des systèmes de communication du gouvernement. Cette agence a été créée afin de mener des opérations d’écoute et de décryptage des communications ennemies. Officiellement en fonction à partir de 1952, à la suite d’un mémorandum signé par Harry S. Truman, président des États-Unis à l’époque, son existence demeura ultrasecrète durant plusieurs années pour n’être révélée qu’à la fin des années 50. Elle compterait plus de 20 000 agents dans ses rangs en ce moment et son budget oscillerait autour de 10 milliards $.

Hiérarchie

Le FBI est techniquement le premier organisme d’enquête en hiérarchie aux États-Unis. Si son siège social se situe dans le J. Edgar Hoover Building à Washington, ses racines sont solidement ancrées partout au pays grâce à ses bureaux dispersés dans plus de 400 cités américaines. C’est à Quantico, en Virginie, que les agents sont formés.

La NSA est confortablement installée à Fort George G. Meade, au Maryland, sur une base militaire. D’ailleurs, pour accéder au site, il faut emprunter l’autoroute Baltimore-Washington Parkway et il faut prendre une sortie dédiée uniquement aux gens qui œuvrent pour la NSA. L’organisme dispose également de nombreuses installations en Allemagne.

Le quartier général de la CIA est situé sur le site de Langley, dans la ville de McLean en Virginie. La CIA a aussi des installations à Williamsburgh, également en Virginie, alors que le Camp Peary (qu’on surnomme affectueusement la Ferme) sert de site d’entraînement pour les agents et les officiers. Installée à Reston, en Virginie, la Sherman Kent School for Intelligence Analysis sert aussi d’institution d’enseignement sur l’analyse des informations pour la CIA. On surnomme ce site « the Vault », soit la voûte, à cause des nombreux dispositifs de sécurité qu’on y retrouve. À Chantilly, en Virginie, il y a la CIA University, où on retrouve des installations qui permettent « un enseignement supérieur » des agents, même si c’est une école qui ne remet pas de diplôme à la fin. On imagine mal des noms de cours comme Bombe sale 101, Empoisonnement discret 204 et 21 méthodes pour faire une mine antipersonnelle avec un sachet de sucre, deux crayons HB et une pince à cravate…

La petite histoire

C’est à la suite de l’attaque de Pearl Harbor par l’armée japonaise, en 1941, que les États-Unis décident de renforcer leurs services de renseignements et de les déployer à plus grande échelle à la grandeur de la planète. On crée alors l’OSS, un bureau de services stratégiques. Deux ans après la guerre, en 1947, le président Harry Truman annonce l’entrée en vigueur du NSA et s’en suit la création de la CIA. Les voisins du sud de la frontière mettent déjà un terme aux activités de l’OSS, puisque la CIA devait être autrement plus efficace. Créée à l’époque de la guerre froide, sa toute première fonction était de dénicher l’information afin de savoir où et quand l’URSS allait attaquer le territoire américain.

En 1935, le Bureau of Investigation prend le nom de Federal Bureau of Investigation, lui qui s’appelait jusque-là le BOI, ce qui sonne pas mal moins bien que FBI. Le BOI a été lancé en 1908 par Charles-Joseph Bonaparte-Patterson, un descendant d’un certain Napoléon. Sa création est liée à une volonté de mettre en place une agence ayant juridiction pour agir sur le commerce entre les différents États du pays. Sous l’égide de J. Edgar Hoover, qui a régné sur le FBI pendant près d’un demi-siècle, l’agence mène notamment un combat contre de célèbres mafieux (Dillinger, Baby Face Nelson ou Machine Gun Kelly) et contre le Klu Klux Klan.

Des gaffes, encore des gaffes

Durant une dizaine d’années, au cours des années 60, la CIA avait fermé l’accès à une montagne prisée des touristes aux États-Unis parce qu’une avalanche avait emporté un système de détection de missiles nucléaires.

Quelques heures avant l’invasion de l’Afghanistan par les États-Unis, des agents de la CIA étaient en train de compléter une entente avec les autorités du pays pour arrêter Oussama ben Laden et ses lieutenants. L’entente est tombée quand le président W. Bush a ordonné le début des opérations militaires.

Au début des années 2000, des agents secrets pas très discrets auraient complètement bousillé leur couverture et fait échouer une mission en surutilisant leur carte Air Miles dans leurs déplacements. Des champions!

En 2008, le FBI menait une enquête relevant de la sécurité nationale quand leur principal outil de collecte de preuves ne fonctionnait plus. En effet, alors que des agents procédaient à des écoutes électroniques, tout a cessé de fonctionner parce que le FBI n’avait pas payé la facture téléphonique de 66 000 $.

Voulant promouvoir le caractère multiethnique des forces de l’ordre du FBI, l’organisme a lancé des publicités mettant bien en évidence des gens de différentes races. Une des personnes dont la photo a été utilisée sur la page web, l’agent Elizabeth Morris, avait été congédiée deux ans auparavant après avoir porté plainte contre un supérieur qui, selon elle, lui avait lancé des insultes racistes.

Des voleurs ont déjà mis la main sur des documents du FBI en utilisant une brillante stratégie : apposer une affiche sur la porte d’un bureau du Delaware où on pouvait y lire : « SVP, ne pas verrouiller cette porte cette nuit. »

La bourde la plus connue de la NSA est évidemment l’affaire Edward Snowden, un sous-traitant de l’organisme qui a pris possession de nombreux documents classés secrets et les a publiés dans les célèbres WikiLeaks pour dévoiler au grand jour les cas de surveillance de masse. Le cas de Harold T. Martin est aussi particulier, lui qui, à titre de sous-traitant, a profité de la confiance de l’agence pour subtiliser des documents pendant deux décennies.

Cinq faits sur…

La NSA

  • Chaque appel téléphonique destiné à une personne vivant aux États-Unis ou placé depuis le territoire américain est intercepté par les ordinateurs de la NSA.
  • Chacune des actions posées sur Internet, incluant notamment les courriels, les recherches, les sites visités, les documents envoyés, est captée par l’agence et traitée par son système de surveillance.
  • Selon les révélations de Snowden, un agent peut, à tout moment, entrer dans la boîte de courriels de n’importe qui et y lire le contenu, même celle du président des États-Unis.
  • La NSA infiltre les communautés de joueurs vidéo en ligne pour effectuer de la surveillance.
  • La NSA utilise la géolocalisation offerte par les téléphones intelligents pour cibler les déplacements et connaître les habitudes des gens.

LE FBI

  • Au milieu des années 2000, le FBI surveillait les gens qui achetaient des falafels pour identifier des terroristes iraniens.
  • Le FBI a de la difficulté à recruter des programmeurs de haut niveau parce que la plupart des meilleurs pirates informatiques fument souvent de la marijuana, ce qui est interdit pour un agent.
  • À cause de l’abus de pouvoir commis par le directeur J. Edgar Hoover, un directeur du FBI ne peut rester en poste plus de 10 ans.
  • Le FBI est autorisé à mentir devant la justice sous le couvert de la sécurité nationale.
  • Pour sélectionner les gens qui se retrouvent sur la liste des criminels les plus recherchés, on s’efforce de choisir selon le degré de crainte suscité par la photo.

La CIA

  • Il y a un Starbucks dans l’édifice de Langley, quartier général de la CIA, et les baristas n’ont pas le droit d’inscrire le nom des clients sur les verres à café. Chaque employé du Starbucks est escorté par des agents pour tout déplacement en dehors de son espace de travail.
  • Une sculpture du nom de Kryptos est exposée dans l’enceinte du QG de la CIA en Virginie. Le message qui y est codé n’est pas encore complètement déchiffré.
  • La CIA a aidé à renverser des gouvernements en finançant et en prenant part au trafic de drogue (en Chine avec l’opium, au Vietnam avec l’héroïne et au Nicaragua avec la cocaïne).
  • L’opération Northwoods consistait à commettre des actes de terrorisme sur le peuple américain et ensuite à attribuer le blâme à Cuba pour retourner l’opinion publique et ainsi justifier une invasion militaire. L’administration Kennedy a rejeté l’idée.
  • Durant les conflits récents au Moyen-Orient, le Viagra constituait une excellente monnaie d’échange afin d’obtenir des informations de différents chefs de tribus. On pourrait d’ailleurs les renommer chefs de BANDE.

Le FBI est la principale agence fédérale des forces de l’ordre aux États-Unis. Elle dispose de la plus grande juridiction au pays parmi toutes les agences ou les services de police. Elle se trouve à être sous la direction du Département de la justice et est responsable de faire appliquer la loi.

La CIA n’est pas une force de l’ordre au sens de la loi, elle n’opère techniquement qu’en dehors des États-Unis. Elle est en charge des opérations clandestines et elle traque les éventuelles menaces visant le territoire américain pour le compte du Département d’État.

La NSA est une agence fédérale qui a pour rôle d’obtenir des renseignements et de l’information sur des évènements internationaux ou sur des gouvernements étrangers. Elle opère dans le domaine du décryptage et de l’analyse

(Lire l’article complet dans l’édition #158 septembre/octobre 2018 – www.boutiquesummum.com)

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