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Élection américaine pour les nuls

Chroniqueur Opinion Guillaume Ratté Côté
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La tâche est hardie en si peu de mots; mettons-nous-y tout de suite! Attention : plusieurs parenthèses à venir!

Il y a trois branches de gouvernement aux États-Unis, comme dans les autres démocraties libérales, par exemple, le Canada. Judiciaire (tribunaux), législatif (qui fait et vote les lois) et exécutif (qui assure la tenue des affaires courantes et dirige). Si, ici, le chef de l’exécutif est celui qui fait élire le plus de législateurs, au sud, ça ne fonctionne pas du tout ainsi.

Il y a bien une cour suprême, il y a bien des élus, mais l’exécutif est l’apanage du président et est décidé par l’élection présidentielle qui vise seulement à désigner qui sera le président. Il nommera ensuite ses ministres, appelés « secretaries » (même s’il devra les faire approuver par le congrès, mais là on entre dans des notions passées le niveau « pour les nuls »). Bien que, le jour même du vote présidentiel, les électeurs se prononcent également sur le tiers des sénateurs (il y en a 100, tous élus pour 6 ans) et l’entièreté de la Chambre des représentants, ces deux derniers n’auront aucune incidence sur qui sera le président. Peu importe le parti (deux partis sont réellement présents, démocrates à gauche et républicains à droite, nous y reviendrons) qui a la majorité dans les deux chambres ensuite! Autrement dit, même si le Sénat et la chambre devenaient à 100 % démocrates, un président républicain pourrait être élu le même jour et contrôler (quoique plus difficilement) l’exécutif.

Il pourrait donc décider de mouvements de troupes (bien qu’une déclaration de guerre doive passer par le congrès), dépenser de grandes sommes d’argent (bien que le budget, finalement, soit plutôt l’apanage du congrès), réorganiser certaines parties du gouvernement (partiellement) ou décréter de nouvelles normes (dans certains cas).

Il y a bien une cour suprême, il y a bien des élus, mais l’exécutif est l’apanage du président et est décidé par l’élection présidentielle qui vise seulement à désigner qui sera le président

Vous observez ici que les pouvoirs sont interreliés et entrecoupés. C’est ce qui s’appelle les « check and balances ». Et ça n’est pas seulement entre les trois branches au niveau du pays en entier, mais également avec les 50 états! Car les États-Unis sont bel et bien une fédération. Toutefois, au contraire de la nôtre, le déroulement des élections fédérales est décidé… selon la volonté de chaque État. Ce qui engendre d’innombrables variations. Le tout, même au niveau des primaires. 

Les primaires sont l’équivalent pour nous de ce que nous appelons les courses à la chefferie ou à l’investiture. Elles sont en fonction pour désigner les candidatures qui seront mises de l’avant par les partis le jour de l’élection. Toutefois, même si nous ne prenions pas compte des disparités inter-états, leur processus est incomparablement plus complexe que ce que nos partis opèrent ici.

Exemple : quand Pierre Poilievre a été élu chef du parti d’opposition à Ottawa, en septembre 2022, ce fut à l’issue d’un vote fait simultanément dans l’entièreté du Canada lors de ce que nous appelons parfois une convention. Au sud de la frontière, ils ont bien une convention

à la fin, mais ce ne sont pas les simples membres qui votent! Ce sont alors des super délégués. Ces super délégués en arrivent à un vote spécifique sur un candidat au moment de la convention, seulement après une longue tournée de chaque État par les candidats présidentiels (pour ceux qui se rendront à la fin), où ont eu lieu des votes que nous pourrions qualifier d’éliminatoires.

En effet, à commencer par le New Hampshire (outre cette année, pour les démocrates, où le premier vote aura lieu en Caroline du Sud en février en raison d’un changement des règles suggéré par Joe Biden) à la mi-mars de l’année électorale, les membres des partis de chaque État votent sur qui ils souhaitent voir élu par la convention, qui a lieu en juillet. S’enchaînera une succession d’événements du genre, avec chacune leurs atours et saveurs locales. Parfois, plusieurs en une même journée, d’où les « super Tuesdays » ou « super Thursdays ».

Avant ça, toutefois, ce qui est souvent appelé la saison des primaires aura débuté, avec ses mises en candidatures, ses débats, et ses ententes de financement.

Ce dernier item est d’ailleurs des plus significatifs! Car au pays des Raytheon et autres Northrop Grumman, il y a des possibilités de financement presque infinies. Ainsi, s’il y a des limites sur ce qui est possible de fournir directement à un candidat, il y a toujours les « political action comites (PAC) », qui peuvent dépenser des fortunes colossales sans être embêtés.

Car oui, les USA sont l’affaire de seulement deux partis

Il est à souligner, que de nos jours, les candidats à gauche comme à droite recevront d’extraordinaires appuis financiers, exception faite de quelques spécimens, qui attirent ainsi de plus en plus l’attention chez les démocrates avec Robert Keddy Jr, ou chez leurs opposants avec Vivek Ramaswamy. Toutefois, ces deux candidats se revendiquent d’une même nature, nommée populisme, de façon décomplexée. Car oui, les USA sont l’affaire de seulement deux partis, même s’il en existe d’autres. Mais ils sont perçus généralement comme LES véhicules vers le pouvoir.  Ainsi, aucun président n’a été intronisé sous une autre bannière depuis 1850, moment où Millard Filmore, le 13e de l’histoire du pays, a été élu sous la bannière Whig, dont la majorité des membres influents rejoindra le Parti républicain, à l’instar d’Abraham Lincoln, qui a été représentant d’état en Illinois au début de sa carrière sous cette bannière d’ailleurs. Donc, les « outsiders » réellement sérieux se rabattent maintenant systématiquement sur les deux partis principaux.

Cela étant dit, qu’en est-il de la fiabilité des résultats?

Cela étant dit, qu’en est-il de la fiabilité des résultats? Eh bien, surtout qu’elle a été remise en question À CHAQUE ÉLECTION, tant aux États-Unis que dans le monde. Cependant, dans les départements de science politique, personne n’osera les mettre en doute de la même façon que ce sera fait pour des pays avec de moins sophistiquées procédures. Encore moins s’il y a simultanément des remises en doute du « great orange man »! Pourtant, il y a bel et bien des questions à se poser sur les procédures dans certains états, à chaque occasion! Hilary Clinton ne s’est d’ailleurs pas fait prier pour critiquer la comptabilisation par machines à ses heures! Entre autres choses. 

Toutefois, ce qui est plus préoccupant est ce qui est du registre de la zone grise. Comme décréter du vote par la poste massif juste avant une élection, retirer des exigences d’authentification non outrancières ou encore permettre la récolte de bulletins étendue. Mais également en ce qui a trait aux médias, régulièrement appelés le quatrième pouvoir car, par exemple pour l’élection de 2020, il est prouvé que les Google et autres Facebook ou Twitter, en plus des grandes entreprises de presse, ont camouflé des informations au public, dont l’affaire de l’ordinateur portable du fils de Joe Biden, rempli à craquer de matériel « toxique » pour son père.

On se reparle de tout ça vers novembre 2024!

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