fbpx
En kiosque

Les 40ans de E.T

Chroniqueur Patrick Marleau
Partager

« E.T. téléphone maison! » est l’une des répliques les plus connues du cinéma populaire américain. Pourtant, rien ne prédestinait à ce que ce film à petit budget sur l’amitié d’un jeune Terrien avec une créature extra-terrestre devienne l’un des plus aimés et des plus profitables de l’histoire du cinéma. Son créateur, le cinéaste Steven Spielberg, avait connu une ascension fulgurante à Hollywood, passant de la réalisation télé à la confection de deux des plus énormes succès commerciaux des années 1970 pour le grand écran: Jaws et Close Encounters of the Third Kind. Avec E.T., Spielberg voulait retourner dans la banlieue de son enfance, celle d’une époque où il se sentait souvent seul, à la suite du divorce de ses parents. Possédant une imagination fertile, il s’était inventé un ami imaginaire: un extra-terrestre venu d’une planète lointaine.

Voici E.T. l’extra-terrestre en 10 points :

E.T. aurait pu être un film d’horreur

Les balbutiements d’E.T. proviennent d’un projet avorté, celui de Night Skies, un film de science-fiction d’horreur qui se voulait dans le même esprit que Close Encounters of the Third Kind, mais à l’exception que les extra-terrestres terrorisent une famille fermière. Le maquilleur Rick Baker (An American Werewolf in London) avait même commencé à conceptualiser les créatures, mais Spielberg transforme la prémisse pour en faire un film pour « enfant ». Son nouveau ton désenchante Baker qui décide de ne pas participer au projet malgré l’invitation du cinéaste.

La scénariste avait d’abord refusé l’offre de Spielberg

Pendant la production du premier volet d’Indiana Jones, Raiders of the Lost Ark, Steven Spielberg fait la rencontre de Melissa Mathison. La jeune scénariste venait de connaître un succès avec The Black Stallion, un film produit par Francis Ford Coppola, qu’il avait beaucoup apprécié. Il lui propose de rédiger le scénario d’E.T.,ce qu’elle refuse, se disant à la retraite de l’écriture. Tenace, Spielberg va chercher un allié de taille pour la faire changer d’idée : Harrison Ford. L’acteur fréquentait Mathison, d’où sa présence sur les plateaux. Ford, plutôt taciturne dans la vie, s’enthousiasme pour le récit. Surprise par cette réaction de son amoureux, elle accepte donc de relever le défi en participant à l’aventure.

La célèbre réplique « E.T. téléphone maison »

La première version du scénario est livrée en deux mois. La célèbre réplique « E.T. téléphone maison » est dans cette mouture. Elle fait bien rigoler Spielberg qui, toutefois, demeure sceptique de son efficacité. Mathison lui dit de la garder, convaincue qu’elle sera populaire. Disons qu’elle a eu bien raison! Deux moutures du scénario voient le jour, dont une retravaillée par Matthew Robbins, qui ajoute la scène d’E.T. soul et la célèbre séquence de la poursuite en vélo.

Le studio Columbia décline le projet

Sous contrat avec la Columbia Pictures, Spielberg leur propose donc le film en premier. Peu impressionné par l’histoire et sceptique du potentiel commercial du film, le studio refuse de le financer. Surtout, Columbia travaillait déjà sur leur propre histoire d’extra-terrestre, celle de Starman, que réalisera John Carpenter (Halloween, The Thing) quelques années plus tard. Le cinéaste se tourne donc vers Universal, qui avait produit Jaws. Celle-ci achète les droits du scénario pour la somme d’un million de dollars, mais Columbia négocie toutefois une remise de 5% des profits nets. Le président du studio dira, semi-blagueur, « qu’il a fait plus d’argent avec E.T. cette année-là qu’avec la sortie de ses propres films ».

Créer E.T.

Le succès du film reposait sur l’énorme pari de faire croire à un public que la créature existait, qu’elle pouvait être réelle. C’est le concepteur artistique Ed Verreaux qui lui donne son aspect visuel inspiré d’une tortue, et tout comme l’animal, il voulait qu’E.T. puisse allonger son cou. Afin de créer la créature, Spielberg se tourne vers son complice de Close Encounters of the Third Kind, Carlo Rambaldi. L’artiste avait élaboré les extra-terrestres du film. Depuis, il avait remporté un Oscar pour son travail sur Alien, de Ridley Scott. Spielberg avait donné comme direction qu’il voulait que le personnage possède des yeux expressifs et empathiques, à la manière d’Albert Einstein et du poète et journaliste Carl Sandburg. Au total, quatre têtes ont été confectionnées avec des fonctionnalités différentes.

Donner vie à E.T.

Faire fonctionner E.T. s’est avéré une tâche assez complexe, nécessitant le travail de plusieurs personnes. Une équipe technique s’occupait de ses expressions faciales. Pour la gestuelle, une mime professionnelle enfilait des mains prosthétiques. Deux petites personnes enfilaient à tour de rôle le costume complet, tout comme un garçon de douze ans, Matthew De Merritt, qui est né sans jambes. Ce dernier, qui marchait sur ses mains, a été utilisé dans les plans où E.T. se déplace maladroitement. De Merritt portait la tête du costume au-dessus de la sienne, des trous dans la poitrine lui permettaient de voir devant lui. Pour la voix, le concepteur sonore Ben Burtt (Star Wars, Indiana Jones) s’est servi d’un mélange de plusieurs sons (ratons laveurs, morses, chevaux) jumelés à la voix rauque de la comédienne Pat Welsh, une dame âgée qui était une grande fumeuse de cigarettes. Elle a enregistré ses dialogues en neuf heures pour un maigre salaire de 380$! Au total, E.T. a été conçu en trois mois au coût de 1.5 million de dollars.

La quête pour trouver Elliott

Pour incarner le personnage d’Elliott, Spielberg a passé plusieurs centaines d’enfants en audition pendant près de six mois, sans toutefois le trouver. C’est à la suggestion d’un ami réalisateur, Jack Fisk, qui venait de travailler avec Henry Thomas, que Spielberg accepte de rencontrer ce dernier. L’audition improvisée démontre toute la sensibilité du jeune comédien. Conquis, on entend le cinéaste lui dire à la fin : « OK, petit, tu as le rôle. » D’ailleurs, vous pouvez trouver la vidéo sur YouTube. Quant à Drew Barrymore, elle avait d’abord auditionné pour le rôle de Carol Anne dans Poltergeist, un film que Spielberg produisait au même moment. Dès cette rencontre, le réalisateur savait qu’elle serait plutôt parfaite pour Gertie, alors que du haut de ses six ans, elle lui parlait de son groupe de musique punk rock qui partirait en tournée.  

E.T. a failli manger des M&M

La production avait approché la compagnie Mars afin d’utiliser les M&M. Trouvant le personnage d’E.T. trop épeurant pour les enfants, celle-ci a refusé. On s’est donc rabattu auprès d’Hershey, qui a accepté l’utilisation des Reese’s Pieces. Ce placement de produit a fait exploser les ventes de la friandise de près de 300%, l’année de la sortie du film!

L’infâme jeu Atari

Avec le succès du film, Univers licencie les droits de produits à plusieurs compagnies qui subissent beaucoup de pression afin qu’ils soient sur les rayons pour Noël. C’est ce qui arrive à Atari et son jeu d’E.T. l’extra-terrestre. Conçu rapidement en cinq mois, il sort en décembre en magasin. Malgré des ventes satisfaisantes d’un peu plus de 1 million d’unités, Atari avait surestimé le potentiel des ventes. Elle avait produit environ 4 millions d’exemplaires du jeu. Incapable d’écouler l’excédent de son inventaire, une légende urbaine circulait voulant qu’Atari avait enfoui les jeux dans le désert. Finalement, cette histoire s’est avérée alors qu’en 2014, une équipe a documenté une excavation dans la ville d’Alamogordo au Texas. Elle y a retrouvé une centaine de jeux E.T. sur les 1 300 récupérés. On croit que le site contient plus de 700 000 jeux variés qui proviendraient d’un entrepôt Atari qui avait été fermé en 1983 à El Paso.

Suite

Spielberg a toujours refusé de faire une suite. En fait, ce n’est pas tout à fait vrai. Pendant l’été 1982, devant l’énorme engouement pour leur film, Melissa Mathison et lui ont pondu un synopsis pour une suite potentielle intitulée E.T. II : Nocturnal Fears. La prémisse consistait en Elliott et ses amis se faisant enlever par des extra-terrestres. Ils réussissaient à contacter E.T., qui leur venait en aide. Au bout du compte, Spielberg en a décidé autrement. Il a préféré ne pas ternir la magie du premier film.

Quarante plus tard, E.T. est encore une pure merveille, un film profondément humain et touchant qui réussit à émouvoir de nouvelles générations. Spielberg a réussi son pari : celui de nous faire croire en la puissance des histoires et en la magie du cinéma. Comme le dit si bien E.T. à Elliott, à la fin du film avant son départ, il sera toujours dans notre esprit, ou notre conscience collective.

 

Partager

Recommandés pour vous

PROCHAIN ARTICLE
En kiosque

15 DES PLUS GRANDS TUEURS DE FILMS D’HORREUR