Les mythes font la vie dure aux requins

À la surface de la mer, sa profondeur et son opacité peuvent provoquer bien des angoisses, particulièrement lorsqu’on l’imagine ou qu’on la sait fréquentée par des requins. En raison de toutes les mauvaises informations qui sont véhiculées à l’endroit de cet animal, on croit souvent à tort que ce « monstre » est prêt à dévorer tout être humain osant s’approcher de leur environnement. Certes, le requin a de quoi effrayer, puisqu’il est conçu pour chasser. Pourtant, il donne rarement la mort aux hommes. En fait, le contraire est bien plus vrai. En ces temps turbulents pour cet être vivant indispensable à l’équilibre sous-marin, SUMMUM déboulonne certains mythes à propos du requin afin de lui redonner sa part de dignité.

La peur d’être la proie d’un monstre marin ne date pas de la production cinématographique (1975) Jaws, mais celle-ci a de toute évidence nourri la hantise des requins chez de nombreuses personnes. En fait, cette peur d’être dévoré par un animal sauvage est ancrée au plus profond de notre psyché. On a un peu le même rapport avec loup ou avec le lion en ce qui concerne la forêt et la savane. La mer, elle, appartient au monde mythique du requin. Cette peur n’est pas irrationnelle, puisque certains requins sont puissants et effrayants. Mais, ils sont aussi captivants et extrêmement beaux pour ceux qui savent les respecter.

Fait : Apparu sur Terre il y a quelques centaines de millions d’années, le requin s’est « modernisé » lentement pour devenir celui que l’on connaît aujourd’hui. Il existe plus de 500 espèces de requins regroupées en 35 familles. Certains d’entre eux sont même très mignons. La taille des requins varie de 20 centimètres, comme le squale nain, à 20 mètres, comme le requin-baleine. Ni l’un ni l’autre, d’ailleurs, ne s’attaque à l’homme. Cela dit, la plupart des requins sont des prédateurs, voire des superprédateurs.

Faits : Les requins sont présents dans toutes les mers du globe, jusqu’à une profondeur d’environ 2500 mètres. Hormis quelques exceptions – comme le requin-bouledogue et le requin de rivière, qui peuvent vivre aussi bien dans l’eau de mer que dans l’eau douce –, les requins vivent dans l’eau salée.

Fait : World Wild Life, National Geographic et bien des organismes spécialisés en la matière affirment que les accidents causés par les requins sont minimes. Il y a entre 50 et 80 attaques répertoriées non provoquées de requin dans le monde entier, annuellement. Et seulement quelques-unes d’entre elles sont mortelles. En 2020, 57 attaques non provoquées ont été recensées par The Florida Museum of Natural History’s International Shark Attack File. Parmi les attaques non provoquées en 2020, seulement 10 ont été fatales pour les humains. Il est à noter que 33 attaques se sont produites aux États-Unis, tandis que 18 autres sont survenues en Australie. L’île de Saint-Martin, dans les Caraïbes, est le seul autre endroit dans le monde où une personne est décédée à la suite d’une attaque de requin, en 2020. Un seul incident a été répertorié dans chacun des pays suivants : les îles Fiji, la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Zélande et la Thaïlande.

De 2015 à 2019, 80 attaques non provoquées dans le monde avaient été confirmées, annuellement.

Fait : Malgré une mauvaise réputation véhiculée par les humains à travers les médias, le cinéma, la littérature et la tradition orale, seulement cinq espèces de requin sont considérées comme dangereuses pour l’homme. Cette dangerosité est principalement associée à la taille et au régime alimentaire (ils mangent notamment des mammifères) des requins concernés : le requin tigre, le requin blanc, le requin bouledogue, le requin mako et le requin longimane (aussi appelé requin océanique). 

Fait : Comme mentionné plus haut, les requins ne sont pas tous conçus comme des engins de combat. Certains sont minuscules, comme le sagre elfe. D’autres sont plats, comme le requin tapis, d’autres sont énormes, mais sans dent, comme le requin-baleine. Au sein des 500 espèces, on retrouve pratiquement toutes les formes et les attributs. Par exemple, en Indonésie, un requin marche sur le fond sous-marin pour se déplacer… Bref, les requins sont loin d’être tous grands, rapides et puissants à l’instar d’un engin de guerre

Fait : Les populations de requins en santé sont directement liées à de riches écosystèmes marins. Ils mangent, entre autres choses, les poissons malades et régulent la quantité de certaines espèces pouvant devenir envahissantes. Par ailleurs, ils sont des ressources importantes pour les communautés locales, que ce soit pour l’alimentation ou encore pour le tourisme (pêche, plongée, observation).

Fait : À peu près tous les pays côtiers de la planète sont conscients de la fragilité des populations de requins. Çà et là, on a entendu parler de la pêche au requin associée aux ailerons, qui servent à garnir les soupes en Asie. Une tradition culinaire en forte demande qui a eu des répercussions catastrophiques sur certaines espèces de requins, dont le requin océanique. De plus, cette forme de pêche – qui provoque un gaspillage incroyable de la ressource animale – est très mal supervisée dans de nombreux pays.

N’oublions pas que la pêche intensive fait également de nombreuses victimes chaque année : filet, ligne, chalut, senne… Les requins sont blessés par mégarde ou par indifférence. D’autres sont simplement pêchés, puis rejetés à l’eau morts ou en très mauvais état. Un vertigineux déclin des requins est observé depuis quelques décennies sur le globe.