fbpx
En kiosque

Pur génie : le VHS

Chroniqueur Michel Bouchard
Partager

Quand il est temps de choisir une série ou un film à visionner, il suffit de consulter la liste de Netflix ou d’Amazon Prime, ou de tout autre service de streaming, légal ou non. Quand on veut regarder une émission, on peut aller sur Youtube, Tout.tv ou n’importe quelle chaîne sur demande. Il semblerait même qu’il soit possible d’accéder à des vidéos à caractère pornographique sur le web (mais ça c’est des rumeurs).

Si le fait de regarder des émissions sur demande est devenu un automatisme qui s’est ancré en bien peu de temps dans les habitudes et dans le quotidien d’à peu près tout le monde – disons de tout le monde âgé de moins de 70 ans, sans vouloir faire d’âgisme – il n’en a pas toujours été ainsi.

En effet, il y a à peine quelques décennies, il était impossible de regarder quelque chose sur un écran sans que ce soit diffusé en direct. C’est l’arrivée de la cassette vidéo qui a tout changé, et pour penser à une telle prouesse technique capable de modifier le quotidien de monsieur-madame tout-le-monde, il faut clairement avoir un éclair qui tient du PUR GÉNIE

C’est la société japonaise JVC, dans les années 1970, qui est à l’origine de l’invention du VHS, non, ce n’est pas l’acronyme de saucisses dans la sauce VH, mais bien de Video Home System.

La commande à la base de cette invention n’était pas évidente, puisque les ingénieurs à l’origine du VHS devaient impérativement s’en tenir à des paramètres très contraignants. Ainsi, l’appareil devait être utilisable avec tout type de téléviseur domestique. Il devait permettre deux heures d’enregistrement. Il devait fonctionner sur différentes machines, donc on devait pouvoir regarder une même cassette sur différents appareils ayant le même mode de fonctionnement et vice-versa. De plus, il devait permettre d’enregistrer à plusieurs reprises sur un même support, tout en étant assez abordable pour une commercialisation.

Déjà d’autres compagnies avaient mis au point différents systèmes d’enregistrement et de diffusion via un ruban magnétique, aussi tôt que dans les années 1950, mais c’est clairement JVC qui a pris le pas sur toutes les autres avec son VHS. Les premiers systèmes du genre étaient surtout utilisés par les réseaux de télévision, notamment avec le Betamax, de Sony, le plus gros compétiteur de VHS à sa sortie.

Très cher à l’achat, le VHS a mis un certain temps à trouver sa place dans presque toutes les chaumières. Lors de la sortie sur les tablettes, il fallait débourser de 1000 à 1500$ pour se procurer une machine. Or, à mesure que les technologies de production d’appareils électroniques ont évolué, l’appareil est devenu abordable et les gens se sont rués pour s’en procurer un et ainsi semer la joie dans la maisonnée.

Il n’y avait pas que les appareils qui coûtaient cher, puisqu’une cassette vierge pouvait coûter jusqu’à 25$ pièce.

On a tendance, à tort, de nommer l’appareil VHS, mais en réalité, il se nommait VCR, pour Vidéo Cassette Recorder.

Les premiers VHS étaient énormes. La cassette s’insérait sur le dessus de l’appareil, via un mouvement mécanique assez spectaculaire, un peu comme l’arme sur la cuisse de Robocop.

Même pas besoin de se lever pour démarrer le visionnement, grâce à la télécommande à distance, qui était pourvue d’un fil.

Si le côté pratique et l’aspect divertissement du VHS ont vite séduit le public, on ne peut pas affirmer que c’est grâce à la qualité d’image.

Quiconque ayant déjà regardé un film sur un VCR produit lors des premières générations est en mesure de comprendre l’expression « Ajuste le tracking ». Chose qui est devenu automatique dans les appareils fabriqués ultérieurement.

Lorsqu’un utilisateur de VHS voulait enregistrer un épisode de son feuilleton préféré, disons ici Les dames de cœur, il était possible de programmer l’appareil pour qu’il n’enregistre pas les pauses commerciales. Il est donc faux de prétendre que le bloqueur de publicités est une invention assez récente de Ad Block.

Il fallait prévoir beaucoup d’espace dans sa maison pour posséder une série télé sur cassettes. Disons par exemple l’entièreté des 9 premières saisons de la série X-Files. Sachez qu’elle vient sur 52 cassettes de 2,5 centimètres d’épaisseur… Les coffrets placés un à côté de l’autre mesurent environ 11 centimètres d’épaisseur par 21 centimètres de hauteur, étalés sur 1,3 mètres de long.

Fait aucunement intéressant : une cassette VHS est munie d’un ruban magnétique qui, lorsque déroulé, fait 430 mètres de long. Malgré cela, il était impossible d’y faire entrer un film de plus de deux heures… Il fallait donc commercialiser ces films en deux vidéocassettes

Ce n’était pas si anodin à utiliser, puisqu’une fois le visionnement d’un film terminé, il fallait rembobiner la cassette, soit un 5 minutes de vie perdu à jamais. Et plus un film était visionné, plus le ruban usait, de sorte qu’au bout de quelques dizaines de fois, le film devenait difficile à regarder tellement la qualité d’image était à chier, quand il fonctionnait encore évidemment.

Le VHS est à l’origine d’un phénomène commercial d’une ampleur mondiale, bien qu’éphémère, et qui a déjà fait l’objet d’un article dans ce magazine : les clubs vidéo.

C’est au milieu des années 1990 que le VHS connaît ses heures de gloire, alors que près de 88% des ménages en possèdent au moins un en Amérique du Nord. Si ce n’est pas qualifiable de succès commercial, on se demande bien ce que c’est.

Le film sur support VHS le plus vendu dans l’histoire est un film d’animation signé Disney : le Roi lion. C’est au-delà de 32 millions de copies qui ont trouvé preneur à travers la planète, générant des revenus dépassant le demi-milliard de dollars.

L’arrivée du DVD a signé l’arrêt de mort du VHS. Le DVD étant plus petit, plus solide et présentant une meilleure image, on a vite relégué l’ancêtre aux oubliettes. Entretemps, les ingénieurs ont tenté d’autres dérivés du VHS, comme le D-VHS, qui présentait une meilleure qualité d’image, mais ce fût un coup d’épée dans l’eau.

Les cassettes VHS sont devenues des objets de collection, si bien que pour certains films, par exemple Star Wars, on peut trouver des gens assez intenses pour débourser jusqu’à 3500$ pour se le procurer.

Le dernier film mis en marché sur support VHS est Une histoire de la violence.

Le tout dernier appareil VHS manufacturé a été produit en 2016.

Même si le VHS a été relégué au rang d’objet de collection d’une autre époque, n’en demeure pas moins qu’il a sa place dans le grand livre Summum soulignant les inventions qui tiennent du PUR GÉNIE !

Partager

Recommandés pour vous

PROCHAIN ARTICLE
En kiosque

Bienvenue dans le métavers