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KARL-EMMANUEL PICARD ET DISTRICT 7 PRODUCTION

Chroniqueur Nathacha Gilbert
Interviewé Karl-Emmanuel Picard
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L’ANTI Bar & Spectacles est cet établissement de Québec où tout se passe… ou presque! Hyper présent dans le monde des shows de musique de la Vieille Capitale, L’ANTI présente une foule de concerts et l’un de ses propriétaires, Karl-Emmanuel Picard, a aussi sa propre compagnie de production, District 7. On était curieux d’en savoir plus à son sujet et on en a profité pour lui piquer une petite jasette dernièrement.

Il s’en est passé des choses pour toi dernièrement et là, ç’a fait trois ans que tu es copropriétaire de l’ANTI Bar & Spectacles, dans la dernière année. Ma première question est très simple : fais-tu de l’acouphène? (Rires) De l’acouphène? Non, non. Je ne porte pas de bouchons protecteurs, rien. Tout le monde me dit que je devrais me protéger, mais non, je ne fais pas d’acouphènes.

J’aimerais ça que tu me décrives un peu tes trois premières années à l’administration de l’ANTI. Ben, en fait, l’Anti, quand on l’a acheté, ça s’est passé un peu rapidement. Je pense que tout s’est fait en dedans de trois semaines. Donc, je n’avais pas vraiment réalisé que j’allais devenir propriétaire d’une salle de spectacles, d’un bar et tout. Tout est arrivé très vite. Ce qui veut dire que les premiers mois, c’était beaucoup d’apprentissage. Quand j’ai acheté l’ANTI, je pensais que j’allais avoir quelqu’un qui allait s’occuper de la programmation, quelqu’un qui allait s’occuper des horaires des employés, quelqu’un qui allait s’occuper des commandes d’alcool, et tout. Au début, c’était un peu ça, mais plus ç’a avancé, plus le monde tombait. Parce que c’est tellement sensible comme industrie que là, finalement, je me suis ramassé un peu à tout faire parce que, nécessairement, quand tu programmes un spectacle, tu sais combien d’alcool tu as besoin parce que tu connais ta clientèle, tu sais comment tu as besoin d’employés pour vendre de l’alcool, etc. Donc si tu donnes ça en charge à plein de monde, ben y’a pas de cohésion. C’est un peu pour ça qu’il y a des entreprises qui ne vont pas bien de nos jours. C’est un peu compliqué à gérer. Après ça, il y a eu le Festival d’été de Québec (FEQ) qui est arrivé dans notre vie, le premier été. Dans le fond, on a acheté en août, et l’été suivant, on collaborait déjà avec le Festival d’été. Ça, ç’a été un moment important pour nous.

Crédit photo : Courtoisie Karl-Emmanuel Picard

Cette collaboration avec le FEQ signifiait que vous alliez présenter des shows à l’ANTI qui se trouvaient dans la programmation, c’est ça? Oui. Quand j’ai acheté l’ANTI, je me suis dit que si le FEQ ne venait pas à l’ANTI, j’allais programmer des spectacles quand même pendant le Festival. Que j’allais attirer du monde, des festivaliers, après les spectacles pour profiter de l’achalandage dans la ville. Finalement, on s’est comme un peu associés ensemble. On a eu deux artistes par soir les deux premières années pis l’année dernière, on a eu trois artistes par soir. C’est super positif. […] Aussi, j’ai arrêté de boire après quasiment un an. À mi-chemin dans les trois ans. Un moment donné, j’ai décidé que j’arrêtais de boire, pis que j’arrêtais de manger de la viande et des produits laitiers. Parce qu’il y avait un artiste qui était supposé jouer qui a fait un genre de crise cardiaque ou un infarctus, en tous cas un problème cardiaque. Il n’avait qu’une trentaine d’années pis là, je me suis mis à aller lire là-dessus pour savoir quels étaient les symptômes, les facteurs pour se rendre là, et j’ai comme eu un peu peur de me catégoriser là-dedans pour différentes raisons. Pis, en plus, j’ai eu des enfants à travers ça aussi. Ça fait que je ne dors pas beaucoup.

Donc tu es rendu végétalien? Là, j’ai recommencé à manger un peu des produits laitiers, genre de la poutine pis des affaires de même de temps en temps. Mais ça [ce mode de vie] fait en sorte que je peux me coucher vers 1 h du matin, c’est le plus tard que je peux me coucher. Je me lève le matin vers 6 h 30 pis je suis capable de « tougher » une semaine de même. Ce qui est quand même toute une discipline. Parce que t’sais, le jour, j’ai ma job. Je n’ai pas juste l’ANTI dans ma vie, j’ai les autres spectacles, mes contrats de publicité, toutes mes rencontres et tout. Alors le jour, je dois être opérationnel, pis j’ai des shows chaque soir. En considérant que je veux être là pour rencontrer les artistes, rencontrer les gens qui sont là…

Ta compagnie de production s’appelle District 7. Les temps sont bons pour les spectacles dans la Vieille Capitale présentement? Je te dirais que ç’a été difficile les deux dernières années, mais j’ai vraiment analysé ça pis je pense qu’il y a moyen que ça revire un peu mieux que c’était avant. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi là, mais on dirait qu’il y a plus de monde qui va voir des spectacles. Ça fait deux ans que ça va drôlement moyen dans les spectacles, mais là, j’ai vraiment réussi à m’attacher avec les différentes clientèles qui viennent voir les shows. Que les gens, quand ils viennent à l’ANTI, que la bière soit bonne, que ce soit le fun. C’est important. Les gens n’en ont plus beaucoup d’argent, alors quand ils choisissent leur sortie, eh ben ils se disent : « J’ai 100 $ à mettre ce soir, je vais m’assurer de boire de la bonne bière pis pas un produit que je peux avoir à l’épicerie ou que je bois à la maison la semaine. »

Ça fait énormément d’années que tu touches à cet univers, qu’est-ce qui a changé le plus depuis tes débuts? En fait, je te dirais à l’époque où je faisais les tournées avec Pascale Picard, qui est ma cousine, j’avais genre 17 ans, là j’en ai 29, pis on voyageait en autobus de tournée. Chaque matin, je me réveillais, Facebook arrivait dans nos vies, je me taguais dans les différentes villes et tout. Là, les réseaux sociaux ont pris un peu le dessus de nos vies et tout le monde capote pis est comme un peu désespéré. Les gens ne savent pas quoi faire. Ça, ç’a un certain effet un peu négatif pour tous les spectacles parce qu’il y a comme une abondance d’options qui s’offrent à nous. On est en surconsommation. On est tout le temps là à se faire offrir des activités. Donc c’est difficile d’avoir des gens… je ne sais pas comment l’expliquer.

Crédit photo : Courtoisie Karl-Emmanuel Picard

Ça ouvre les portes mettons à plein d’évènements et d’activités qu’il y a proche de chez nous. C’est ça. Des fois, je pense que le monde en a comme trop et ça fait qu’ils ne sortent pas nécessairement.

En même temps, ç’a des bons côtés parce que toi, tu peux promouvoir tes évènements aussi via les réseaux sociaux. C’est comme un couteau à double tranchant. Les gens ne sortent plus dans les spectacles parce qu’ils peuvent être sur les réseaux sociaux et voir tout ce qui se passe au spectacle [d’où ils sont].

Qu’est-ce qui fait selon toi qu’un show en salle est réussi? C’est quand la salle est bondée, pas trop pleine, mais pas non plus clairsemée pour que les gens ne parlent pas. Je pense que c’est important que les gens soient silencieux. Voir les gens sourire, qu’ils sont contents, ils vont mettre des bons commentaires sur l’évènement. J’aime bien aussi le fait qu’à l’ANTI, vu que ce n’est pas une grande salle, souvent les artistes prennent le temps de rencontrer les gens. Ça, j’aime beaucoup ça.

Est-ce que c’est signe d’une soirée vraiment réussie quand ils prennent la peine justement de venir voir les gens qui sont dans la salle? Oui. C’est arrivé des fois que c’était moins réussi pis les artistes allaient s’enfermer dans leur loge.

Dis-moi. Qu’est-ce qui te surprend encore au quotidien après toutes ces années-là? Ben que je sois encore passionné. Le matin quand je me lève, j’ai hâte de répondre à mes courriels. Quand je me fais offrir un spectacle et que j’attends que ce soit confirmé, j’ai hâte que ça arrive parce que c’est le premier signe important. Ça me surprend parce qu’il y en a des fois, après une couple d’années, qui sont moins passionnés. Les premiers spectacles que j’ai organisés, j’avais 12-13 ans; je ne pouvais pas rentrer dans les bars. Je rencontrais les gens dehors. Que je continue depuis tout ce temps-là, c’est quand même bon signe.

Crédit photo : Courtoisie Karl-Emmanuel Picard

Avec tous les groupes et artistes solos que tu vois passer, est-ce que ça demande beaucoup de patience et de malléabilité? Parce qu’il doit y avoir des artistes plus difficiles à gérer que d’autres… Oui, des fois, il y a des artistes plus difficiles à gérer. Des fois, ce n’est pas tant les artistes; souvent, c’est leur équipe technique. Plus l’artiste est international, plus il est connu, plus les gens qui travaillent avec l’artiste des fois… c’est genre les agents des artistes qui vivent dans d’autres villes aux États-Unis et ils voient les ventes de billets et se demandent pourquoi les billets ne vendent pas. Ils n’arrêtent pas d’être insistants. Moi je suis comme… De un, je suis propriétaire du bar et de la compagnie de spectacles, de deux j’ai le goût que ça marche, j’ai pas le goût de perdre de l’argent. Donc je fais tout en mon pouvoir pour que ça marche. Des gens viennent, mais des fois ça ne marche pas. Je trouve ça un peu lourd dans ce temps-là.

Avec tous les spectacles que t’as vu passer, quel groupe se trouve encore sur ta wishlist? C’est une bonne question. Y’en a plusieurs là. Y’en a un en fait entre autres qui s’appelle Sick of it All. Ce n’est pas un groupe très connu du grand public. Quand j’étais jeune, j’aimais beaucoup ça et je n’ai jamais réussi encore à les faire venir. Il y a un autre groupe qui s’appelle Agnostic Front pis on parle beaucoup pour que ça fonctionne. Mais ça, c’est un autre problème. Des fois, les groupes viennent, vont à Montréal ou à Montebello ou même à Québec, ils ont des contrats d’exclusivité avec les festivals. Ça fait en sorte que c’est un peu plus difficile de nos jours de « booker » les shows. Pis c’est un peu ça aussi qu’on a remarqué depuis le temps, que les festivals sont en pente descendante. Le monde préfère aller voir des spectacles dans les salles et les amphithéâtres. Parce que les spectacles des artistes présentés dans les formules comme ça sont plus complets, il y a plus l’aspect théâtral, technique. Dans les festivals, souvent, c’est le jour et il n’y a pas d’éclairage. Le monde est en train tranquillement de se détacher des festivals. C’est ce que je pense.

Le plus gros défi présentement ça réside en quoi? C’est toujours de vendre des billets. Payer les artistes, payer les fournisseurs. Pis c’est toujours d’être très compétitif, d’être toujours à l’affût des nouveaux artistes, des nouvelles stratégies de publicité. En fait, il n’y a pas de secret. Je ne peux pas m’asseoir et laisser les choses aller. Faut toujours que je me renouvelle.

Qu’est-ce qui s’en vient en 2019 de gros à l’Anti? On a plein de spectacles qu’on devrait annoncer éventuellement. On essaie toujours de « booker » les gros shows possibles à l’ANTI. Sinon, j’ai à peu près une quarantaine de shows d’annoncés à l’Impérial Bell. Ce qui n’est pas à négliger non plus. À la Salle Multi aussi. Ce que j’aime, en fait, et je me demande comment j’arrive à le faire, c’est quand j’ai 6-7 spectacles le même soir dans différentes villes. C’est tout un casse-tête.

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