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AUTOPSIE D’UN GOUROU

Chroniqueur Jean-François Cyr
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Qu’est-ce qu’un gourou en 2018-2019?

Dans l’actualité nationale et internationale, de nombreux articles et reportages évoquent des histoires impliquant un individu identifié comme étant un gourou, un terme utilisé à tort pour définir un leader radical ou totalitaire. Par exemple, l’histoire de l’Américain Keith Reiniere, qui marquerait ses adeptes féminines au fer rouge, a fait le tour du monde.

Qu’est-ce qu’un gourou en 2018-2019? Comment parvient-il à manipuler à ce point les gens autour de lui? Comment expliquer cette relation complexe entre l’adepte d’un groupe et son gourou? SUMMUM s’est penché sur ce délicat sujet.

Le bon et le moins bon

Ces histoires de gourou dépeignent souvent le portrait d’individus reconnus pour leurs pouvoirs surnaturels de guérisseurs ou leurs connaissances extraordinaires du monde. Évidemment, on ne peut passer à côté des sombres tableaux dans lesquels un individu manifeste une forte emprise sur certaines personnes, en raison de leur grande force de séduction ou encore de leur capacité à communiquer avec le divin. Malheureusement, dans plusieurs cas couverts par les médias, les généralités et les préjugés sont nombreux.

D’abord, il faut préciser qu’un gourou responsable peut répondre adéquatement aux besoins de quelqu’un dans le besoin. « Par exemple, on peut faire appel à ses services – gratuitement ou non – et obtenir des résultats bénéfiques, affirme Mike Kroveld, fondateur et directeur d’Info-Secte, un organisme à but non lucratif fondé à Montréal en 1980. Sans coercition, une personne peut très bien vivre un rapport positif avec une autre personne d’influence. Il arrive dans la vie, pour diverses raisons, qu’on ait besoin d’une aide ou de guidance. »

Moins de 1 % des groupes sont vraiment néfastes pour les gens

« Dans de nombreux contextes, les mots gourou, leader, secte ou mouvement religieux ont des connotations péjoratives. Cette image négative, qui est souvent imprégnée dans la tête des gens, doit être démystifiée. Les groupes sectaires extrémistes ne représentent qu’une petite part de la réalité, poursuit-il. Je dirais que moins de 1 % des groupes sont vraiment néfastes pour les gens. Je parle de ceux qui provoquent des abus psychologiques et physiques. Ainsi, les leaders radicaux sont assez rares. Cette nuance est très importante. »

D’ailleurs, Lorraine Derocher, sociologue et professeure à l’Université de Sherbrooke qui se spécialise sur la question des enfants qui ont grandi au sein de groupes sectaires ou de communautés fermées, affirme qu’il est nécessaire d’utiliser un autre terme que le mot gourou, qui est en fait un mauvais emprunt à la communauté hindoue. En Inde, le mot gourou désigne maître spirituel (qui a des disciples). « On ne devrait pas utiliser ce terme, qui est une insulte pour les hindous. C’est une dérive sémantique. Pour qualifier les chefs de groupes qui dérapent dans la dictature, l’autoritarisme, on devrait utiliser le terme chef narcissique ou encore leader totalitaire. »

La secte totalitaire, quant à elle, désigne un groupe dirigé par un individu – la plupart du temps un homme – qui exerce un contrôle absolu (ou presque) sur la vie des membres, que ce soit dans leur travail, leurs loisirs, leur vie de couple, l’éducation de leurs enfants, etc. Bien entendu, la grande majorité des groupes fermés – dits sectaires – ne sont pas totalitaires.

De l’avis de madame Derocher, il est en effet plus pertinent de parler de groupe sectaire pour qualifier « le groupe fermé qui est en rupture avec les valeurs de notre société moderne dominantes comme les valeurs économiques, la science, la performance, le consumérisme, l’individualisme (droits individuels), la liberté, l’égalité entre les hommes et les femmes ». Le groupe peut préférer les valeurs communautaires, la mise en commun des biens, le mariage, la procréation, la soumission de la femme à l’homme, etc. Toutefois, elle souligne qu’un groupe marginal, aux croyances originales, n’est pas nécessairement un milieu dangereux.

(Lire l’article complet dans l’édition #160 décembre/janvier 2019 – www.boutiquesummum.com)

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