LE SCANDALE NXIVM
Le FBI soupçonne le présumé gourou Keith Raniere d’avoir commis de nombreux crimes ces dernières années
L’histoire de Keith Raniere, qui a fait le tour du monde, est aussi folle qu’un thriller psychologique hollywoodien. En plus, elle implique notamment des actrices en provenance du Canada et des États-Unis.
En mars 2017, des policiers mexicains ont arrêté un coach de vie du nom de Keith Raniere, à Puerto Vallarta, au Mexique. Il a été interpelé par des agents fédéraux dans une villa luxueuse de la station balnéaire. Ce présumé gourou, un Américain de 58 ans, était alors soupçonné par le FBI d’avoir commis des crimes contre l’humanité en exploitant des dizaines d’esclaves sexuelles américaines, canadiennes et mexicaines.
L’homme aurait été financé à coup de millions par Clare Bronfman, héritière de l’empire des spiritueux Seagram, selon le FBI. L’Américaine de 39 ans est la plus jeune fille du défunt philanthrope milliardaire d’origine montréalaise Edgar Bronfman.
Elle aurait payé de nombreux avocats à Raniere pour poursuivre ceux qui critiquaient son mouvement et aurait même engagé un détective pour fouiller les finances de juges, journalistes et élus américains. Elle aurait également participé à un vol d’identité pour accéder aux données financières d’une partenaire sexuelle du gourou, décédée en novembre 2016, et soutenu l’immigration illégale d’une personne aux États-Unis pour son profit personnel.
Par ailleurs, elle aurait été membre du conseil exécutif de ce groupe sectaire.
Si jamais elle était reconnue coupable en cour, la suspecte pourrait passer de nombreuses années derrière les barreaux.
Avec l’aide de Clare Bronfman, Rainiere aurait tenté de se réfugier à Montréal, à l’automne 2017, au moment où le FBI et des journalistes américains s’intéressaient de près à son réseau d’esclaves sexuelles. Elle aurait loué un chic condo du Vieux-Montréal qui avait été réservé sur Airbnb pour deux mois en son nom, au coût de 7700 $. Elle a été arrêtée en juillet 2018 et libérée sous caution quelques jours plus tard.
Tout comme Mme Bronfman, Allison Mack, qui est surtout connue pour avoir interprété une amie adolescente de Superman dans la populaire télésérie Smallville (218 épisodes d’abord diffusés sur le réseau The WB, entre octobre 2001 et mai 2006), a plaidé non coupable aux accusations de complot auxquelles elle fait face par les autorités américaines. Les deux femmes avaient précédemment plaidé non coupables à des accusations liées à de l’exploitation sexuelle.
Mentionnons qu’Allison Mack est considérée comme le bras droit de Keith Raniere par le FBI. Elle aurait recruté jusqu’à 25 femmes au fil des ans. Le présumé charlatan aimerait de toute évidence attirer dans son organisation de jeunes femmes riches.
Extradé aux États-Unis après son arrestation, le gourou présumé, qui se fait appeler The Vanguard, a déjà comparu devant la cour. Il est poursuivi pour trafic sexuel, association de malfaiteurs et menaces. Il faisait entre autres marquer ses esclaves à même la peau. Il est toujours détenu aux États-Unis.
Marquage de la peau
Après la défection de plusieurs membres et la publication d’un long article dans le New York Times en octobre 2017, les agissements de Raniere et des autres membres de sa secte ont été dévoilés par l’actrice de Vancouver, Sarah Edmondson, une ancienne recrue choquée et meurtrie par son expérience au sein de NXIVM.
On lui a notamment gravé les initiales de Keith Raniere au fer rouge sur le bas-ventre. Sarah Edmondson a quitté NXIVM et décidé de témoigner au grand jour. À la suite de ses révélations stupéfiantes, le gourou présumé s’est enfui de sa résidence de Clifton Park, près d’Albany, en octobre, pour se réfugier au Mexique.
L’organisation
En 1998, Keith Raniere a fondé une organisation baptisée Executive Success Program (ESP), qui tenait des séries d’ateliers dont le but officiel était de « réaliser le potentiel humain » des participants. Cinq ans plus tard, il a créé une deuxième entité, baptisée NXIVM (prononcer Nexium), qui chapeautait ESP, selon le document de la plainte déposée à la mi-février par le ministère public devant un tribunal fédéral de Brooklyn.
Basée à Albany, capitale de l’État de New York, l’organisation NXIVM a ouvert des centres dans plusieurs villes des États-Unis, du Canada, du Mexique et d’autres pays d’Amérique centrale.