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CONNAISSEZ-VOUS VOTRE CANNABIS?

Chroniqueur Mathieu Gaudreault
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Eh oui, voilà! Au Canada, la possession, la vente et la consommation de marijuana seront maintenant légales. Il y aura des magasins gérés par l’État qui serviront de point de vente pour les utilisateurs qui souhaitent acheter leurs herbes dans la légalité. Monsieur et madame Tout-le-monde se feront maintenant une petite bouffée tranquille sur leur balcon et le deux papiers remplacera maintenant la bière tablette dans les partys de famille. Plusieurs personnes crient au scandale et à la dépravation de la société. Mais ce que ces gens ignorent, c’est que même l’ancien président des États-Unis George Washington fumait son petit joint pour calmer ses maux de dents. Comme on dit, pas pratique pour le trip bouffe. Mais bon, nous ne sommes pas ici pour parler d’histoire, mais plutôt du présent et de « c’est-tu vrai que ça se mange, du pot? ».

En fumer et en manger

Eh bien, la réponse est oui, bien entendu, et vraiment pas seulement dans des muffins secs. Faut juste savoir que le cannabis est utilisé comme médicament et ingurgité depuis au moins deux siècles avant notre ère. Il y a sur le marché une quantité assez importante de livres de recettes dans lesquels ont vous apprend à cuisiner la mari. Un des premiers, ou du moins, un des premiers à faire succès, est le The Official High Times Cannabis Cookbook paru aux États-Unis en 2012. Mayonnaise infusée au cannabis, « cannabutter » ou beurre au cannabis, cannelloni « ganja » à l’ail, burritos végétariens, gnocchi aux champignons, « space cupcakes »… Dans ce livre, on trouve des recettes capables de satisfaire tant le mangeur de tacos que l’amateur de gastronomie. Ce livre se trouve très facilement sur Internet et il se vend dans les eaux de 25 $. Si vous êtes plus du style « dent sucrée », vous pourrez toujours essayer de vous procurer une copie du fameux livre allemand de recettes de desserts édité en 2001 : Les gâteaux de l’espace. Par contre, petit pépin, c’est maintenant un livre de collection qui se vend dans les 200 $. Disons que ça revient cher le chocolat chaud aérien…   Et, avec la légalisation, les chefs cuisiniers commencent à travailler le produit afin de l’inclure dans la carte de leur restaurant. C’est le cas du chocolatier de Sherbrooke, François Paradis, qui a déjà commencé à produire pour des gens qui ont une ordonnance médicale leur permettant la possession et la consommation.   Mais soyons francs, c’est vraiment sur le Web qu’on trouve le plus de recettes. Je vous dresse une liste de sites, libre à vous d’aller y puiser de l’inspiration. Bon appétit!   www.knabis.com/recettes-cannabis.php www.zamnesia.fr/blog-les-10-meilleures-recettes-au-cannabis-n80 www.alchimiaweb.com/blogfr/cuisine-cannabis

La course aux produits dérivés

Quand on pense fumeur de pot, souvent l’image qui nous vient en tête est celle d’un pouilleux qui sent la mouffette et qui cherche du papier Zig-Zag. Disons que, comme description caricaturée, c’est pas mal ça.

Mais, il existe une véritable industrie pour les accessoires de fumeur. Et une industrie de luxe. Une tonne de gadgets plus inutiles les uns que les autres, mais qui ne sont conçus que pour le paraître.

Des exemples? Vous voulez des exemples? Pas de problème. Pour 35 $ US, vous pouvez vous procurer 12 feuilles de papier à rouler en or 24 carats. C’est-tu pas assez inutile ça? Non. D’accord.

La compagnie Phœnician vous offre la possibilité d’acheter un moulin à pot portable en or de 24 carats pour seulement 1500 $ du pays de l’oncle Sam. Si vous êtes sérieusement prêt à acheter ce genre d’item, j’espère que vous avez fait un don cette année à Opération Enfant Soleil. Au moins.

J’admets que la pipe à fumer en forme de cercueil qui se vend 110 $ m’a laissé surpris. Sinon, il y a une multitude de choix de moulin, de boîte à pot. Vous pourrez même trouver des bagues de ceinture truquées pour cacher votre pot et du bœuf Jerky infusé au THC. Rendu là…

Ça sent le pot, mais est-ce que ça goûte le pot?

Le problème avec la marijuana, c’est que son goût très amer ne plaît pas à tous. Et pour l’industrie, légale ou non, c’est un problème majeur. On retrouve donc, depuis plusieurs années, des variétés de saveurs toutes plus différentes les unes des autres.

Parmi les différentes saveurs disponibles, toutes celles qui sont sucrées et fruitées obtiennent un énorme succès auprès des consommateurs. Et des saveurs, il y en a. Si vous êtes un amateur de fraises, je vous propose la Hulkberry. Vous adorez les bonbons? C’est parfait, la Zkittlez BX est pour vous. Ce produit, très populaire aux États-Unis, goûte… les Skittles. L’amateur de crème glacée sera comblé avec la graine Green Gelato.

Bien entendu, la Chocolate Skunk est toujours très populaire tandis que sa petite sœur, la Raspberry Boogie, commence à faire de plus en plus d’adeptes. Sinon, la AK47 est tellement sucrée que vous aurez peur d’attraper le diabète en fumant. Sinon, les arômes de café, de fromage et de tabasco sont aussi disponibles.

En fait, avant que le marché s’épanouisse, on ne connaissait que trois types de saveurs : fruitées, fleuries ou terreuses. Mais, maintenant, avec les différents croisements génétiques, on parle plutôt de 48 familles de saveurs.

 

Par contre, malgré plusieurs heures de recherche, je n’ai trouvé aucune saveur qui s’approchait de la poutine, du pouding chômeur, voire du pâté chinois. Donc, amis arboriculteurs, vous savez quoi faire.

Mille et une façons de rouler

Oui, la science du roulage de joint a atteint un niveau spectaculaire. Grâce à Internet, vous trouverez plusieurs tutoriels – dont un, fait par un canard de plastique… – pour apprendre à rouler vos joints loin du classique « un ou deux papiers ». Juste pour vous dire, en fouillant un peu, je suis arrivé à rouler un six papiers. C’est gros. Vraiment.

Il y a aussi un truc qui se nomme « l’hélicoptère ». Le principe est simple et vous permet de fumer six joints en même temps. Il y a également le « sifflet brésilien », conçu sur le modèle d’une flûte. Il y a les joints triangulaires, les joints carrés, les joints couteaux. Les joints couteaux, c’est un joint en forme de couteau, avec un manche de couteau, mais qui ne coupe pas. À quoi ça sert, me demanderez-vous? Aucune idée vous répondrais-je.

On vous dit que fumer n’est pas bon pour la santé? Eh bien, sachez que vous pouvez fumer votre joint tout en consommant des fruits! C’est-tu pas beau ça? Tout d’abord, prenez une pomme, percez-la de bord en bord, placez votre cigarette magique d’un côté et aspirez de l’autre. Voilà, vous avez pris un fruit dans votre journée. (Ceci n’est pas un avis médical valable.)

Mais allez-y, fouillez. Vous trouverez vraiment différentes façons originales de rouler et, comme ça, d’impressionner vos amis. Y’a même une façon de rouler en imitant un bouquet de tulipes. Ça peut toujours servir pour une date un peu bizarre.

Et le THC?

C’est le Δ-9-tétrahydrocannabinol qui vous gèle. Oui madame, simple comme ça, c’est le THC. La molécule a été isolée pour la première fois en 1964 et ce fut le coup de départ pour les modifications génétiques des plans de marijuana.

C’est cet aspect du cannabis qui inquiète le plus les chercheurs et les médecins, mais pas le gouvernement; le gouvernement, lui, il s’en fout, il ne veut que votre argent.

Dans les années dites « peace and love », quand tout le monde, même votre oncle Roger, fumait de la mari, la teneur en THC, l’agent psychoactif, avait une concentration de 3 ou de 4 %. Aujourd’hui, le pot que vous trouvez dans la rue a plutôt une concentration tournant autour du 30 %. Dix fois plus. Le joint de votre oncle Roger le faisait rire et manger un peu plus. Aujourd’hui, celui de votre neveu Louis-Philippe-Alexandre lui fait perdre contact avec la réalité et le rend extrêmement vulnérable à des dérèglements psychotiques et psychologiques.

Depuis l’élection du gouvernement de Justin Trudeau, plusieurs chercheurs, des médecins et des associations médicales ont tiré la sonnette d’alarme concernant les risques énormes de la consommation de marijuana chez les jeunes, dont le cerveau n’a pas encore terminé son développement. Bien entendu, alléché par l’appât de taxe, le gouvernement n’a écouté personne et les ministères de la Santé des provinces canadiennes s’attendent à une augmentation de problèmes neurologiques chez les jeunes adultes d’ici quelques années. Malheureusement.

Concluons!

Rien. Attendons de voir.

Au Colorado, qui est souvent pris comme référence ici, lors des premières années de la légalisation de la marijuana, l’État a engrangé des millions et des millions de dollars. Cent trente-cinq millions juste en 1995. Il y a 450 magasins de pot et d’accessoires. C’est plus que le nombre de McDo. Sauf que depuis quelques mois, le marché illégal revient en force. Le prix est réduit au maximum et les consommateurs, excités au début de contribuer à la société en payant près de 30 % en taxe sur le gramme, commencent à en avoir assez. Moins de bon service en magasin, moins de variété, augmentation constante des prix. Alors le petit vendeur à pagette est revenu. Et l’État est en train de perdre la bataille.

Ici aussi, au Canada, on souhaite anéantir le crime organisé en légalisant le pot… (le sentez-vous le gros sarcasme?). On en reparlera dans un an. D’ici là, je vous quitte, j’ai faim.

(À lire dans l’édition #158 septembre/octobre 2018 – en kiosque le 31 août 2018)

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