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Des princesses et des trucks

Photographe Antoine Ryan
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Holà amigos!

J’commence avec une triste nouvelle : c’est ma dernière chronique pour SUMMUM. Bouh!

J’enchaîne avec une bonne nouvelle : j’arrête ici pour me concentrer sur mon one man show, qui sortira prochainement. Wouhou!

J’finis ça avec un texte à la Pulp Fiction. Décousu dans le temps, mais qui se rejoint à la fin.

T’es prêt? Ça part.

Acte 1 – La robe

Lundi gris. J’magasine des vêtements à ma fille de trois ans. Je m’arrête drette où la section des gars finit et celle des filles commence. À ce moment, quelque chose me frappe. C’est un commis avec un 2 x 4 qui me crie : « T’achètes-tu de quoi ou tu fais juste flâner l’cave?! Enweye! Pogne le chandail avec la licorne pis décrisse! »

J’te niaise. Ch’t’in malade.

Pour vrai, ce qui me frappe : les choix de vêtements pour enfants. Deux choix : power fifille ou power gagars. Des dessins de monster trucks ou des p‘tites robes de princesses. Rien entre les deux.

On dirait qu’ils se sont dits : « Vite! Habillons nos enfants selon leur sexe, avant qu’y virent fifs ou boutches! »

J’veux pas acheter une « belle p’tite robe de princesse ». Parce qu’après, tout le monde va dire à ma fille : « T’es belle comme une princesse! » Et elle voudra être une princesse.

Pis ça fait quoi une princesse?

Ça se regarde. Ça évite les trous de bouette pour pas salir son beau linge. Et 14 ans plus tard, ça va au skatepark « spotter » des gars en « checkant » si ses faux ongles matchent son bronzage, entre deux selfies de sa grosse face jaune orange juchée en haut d’une craque de boules « squeezées » avec ses coudes.

C’est ça que ça fait, une princesse. Yolo s’ti.

Pis, à 17-18 ans, ça se fait « cruiser » par un p’tit gars avec une casquette de baseball, un t-shirt Headrush pis une Civic « droppée », ornée de ceintures « momo » jaune fluo.

Son chevalier.

Une p’tite « brainwashée » cuvée Kardashian, avec un p’tit « brainwashé » cuvée Paul Walker. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup de douchebags. Re-Yolo s’ti.

Acte 2 – L’équité

Je suis dans une boutique de jouets, toujours dans la section « filles ». C’est rose, pis rose, pis rose. Overdose de rose. On dirait que j’fais un bad trip de mush dans une bouteille de Pepto-Bismol.

Sais-tu ce qui me gosse avec le rose? C’est une couleur qu’on ne respecte pas… Bon. Là, je t’entends dire : « Man, de quoi tu parles avec ton respect des couleurs? Tu capotes Mat! »

Pas sûr que j’capote. Penses-y… Qu’est-ce qui est rose? Le logo d’Ardène? Les boutiques Garage? Barbie? Le ruban du cancer du sein? Bref, y’a rien de sérieux qui est rose. Rien de business!

Dans la section des gars, y’a du bleu, du rouge, du vert… Ça, c’est des vraies couleurs! Y’a des logos de Bell, de Coke, de grandes banques, des drapeaux de pays avec ces couleurs-là! Les couleurs de gars, c’pas des p’tites couleurs niaiseuses!

… C’est triste à dire les filles, mais même au niveau des couleurs, vous avez pas l’équité salariale.

Acte 3 – La conne

Mardi après-midi, à la librairie, je cherche un livre pour ma fille :
– Bonjour! Avez-vous des livres où l’héroïne est une fille?
– Ben… On a Blanche-Neige…
– OK. Et si j’veux pas lui montrer à idéaliser une conne qui torche des nains?
– Eeeh…

Acte 4 – Bla-bla

Noël de mon enfance. Ma sœur reçoit des poupées en cadeau. Elle les fait dialoguer. « On va se promener? » « Oui! Bonne idée! » Pis ça jase. Pis y se passe rien. Pis on dirait une scène de L’Auberge du chien noir.

Moi, je reçois des Transformers. Ça jase pas! Juste un : « J’vais te faire la peau! » Pis BAM! Tout l’monde s’arrache la yeule pendant 15 minutes. YEZZIRE! Un gars, ça niaise pas!

Acte 5 – Des stats

Aujourd’hui, ma sœur parle plus que moi. C’est normal. Selon plusieurs études, les femmes disent en moyenne 20 000 mots par jour. Les hommes : 7000.

Et selon Statistique Canada, le taux de suicide est trois fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Drôle de hasard que ceux qui disent trois fois moins de mots se suicident trois fois plus… Un gars, ça niaise pas.

Acte 6 – L’acharnée

Samedi. Milieu août. J’suis sur une terrasse avec mon chum Simon. On savoure une p’tite broue d’après-midi.

2 h 12 : Son cell sonne.
– Allo chérie… Oui, j’suis arrivé. Mat est là. On se voit tantôt!

Il raccroche.
– C’est ma nouvelle blonde.

2 h 18 : Ça re-sonne.
– Allo? 40 piasses? Ben oui, c’t’un bon deal, tu devrais l’acheter. À plus chérie.

Il re-raccroche.
– C’t’encore elle. Elle a vu un chandail pas cher.

2 h 24 : Ça re-re-sonne.
– Allo amour. Haha! Ha oui? C’est drôle ça… À+.

Il re-re-racroche. Plus stressé.
– A vu un solde de bas?
– Non, une ceinture avec des p’tits points rouges. Ça fait un mois qu’elle en cherche une pis a vient d’la trouver.

Dans ma tête, j’suis rendu à me dire : « A doit sûrement avoir des qualités cachées quelque part… »

2 h 29 : Ça re-re-sonne. Simon ne répond plus. Il fixe le vide, la bouche crispée comme une Denise Bombardier avec une chainsaw dans yeule.
– Encore elle?
– OUIN! HAHAHAHAHA! Est cute de m’appeler souvent de même HEEEN?!

Postillonne-t-il, avec la face rouge à Donald Trump. Sa veine de front est tellement pompée que la terrasse au complet shake au rythme de son pouls. Y’est à 164.

– M’a y aller Mat.
– Ben oui, l’appel de l’amour!… C’est insistant des fois.

On se lève. On marche. Silencieusement. Simon jase pas de sa blonde. Il dit souvent qu’il n’aime pas parler de ses problèmes. On passe devant une maison où un p’tit chien jappe hystériquement.

– J’comprends pas ça moi, Mat.
– Quoi?
– Le monde qui s’achète des ti-crisses de chiens qui jappent tout le temps. Comment t’en arrives à te dire : « Tiens, j’vais partager ma vie avec un être qui me pollue l’existence toutes les cinq minutes! »
– T’en parleras avec ta blonde man!

Y’a pas compris ma réponse. Son cell sonnait.

Acte 7 – Le retour

Retour au magasin de linge pour ma fille. Je décide de lui acheter les morceaux les plus neutres (qui, bien sûr, étaient dans la section des gars). Et une robe. Parce qu’elle en voulait une. Mais avant de lui donner, je l’ai déchiré à trois ou quatre places.

« Tiens ma puce. Astheure, va jouer dans bouette. »

En revenant chez moi, je repense à Simon. J’me dis : « Mouin… Faudrait que j’y parle… »

Morale de l’histoire : si on mixait un peu le bla-bla pis le pow-wow, j’pense que ça pourrait pas nuire.

Acte final – Merci!

J’aimerais dire un gros merci à l’équipe de SUMMUM pour m’avoir offert cette vitrine. C’est super apprécié! Et merci à vous, les lecteurs. Vous êtes une belle gang et c’est toujours cool d’avoir vos feedbacks! Pour la suite, j’vous invite à me suivre sur ma page Facebook ou à mes shows!

Hasta luego amigos!

Mat xx

(Article publié dans l’édition #140 septembre 2016 – www.boutiquesummum.com)

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