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BANDÉ BEN RAIDE!

Kim Lavack Paquin
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Les théories sont nombreuses pour tenter d’expliquer l’importance accordée historiquement à la virilité, particulièrement quand on parle de la durabilité de l’érection masculine, autant du point de vue de sa validité que de son temps d’utilisation. D’un côté comme de l’autre de la verge on s’entend, au moins sur cette notion, que d’être bien bandé dur et assez longtemps est un des piliers fondamentaux d’une vie sexuelle active et, par conséquent, un remède non négligeable contre la misère humaine. Peu importe la vigueur des débats entourant la masculinité toxique qui font rage aujourd’hui, bien peu de voix s’élève contre l’importance qu’on accorde à la pression qui serait nécessaire. 

Le monde ne cesse de nous rappeler, messieurs, que nous sommes en possession d’une baguette magique, capable d’effacer tous nos tracas – et, par la bande… ceux de nos partenaires – si toutefois cette baguette reste dure assez longtemps, s’entend. 

QUE DE PRESSION QUAND LA PRESSION N’Y EST PAS

De leur côté, les femmes ont l’embarras du choix littéraire pour se rappeler d’être bien dans leur peau et se rassurer que tout va bien, entre deux publicités de parfum dans les pages de multiples magazines, à coup de cessions d’auto-observation accroupies au-dessus d’un petit miroir et d’une multiplicité de questionnaires à choix multiples. Elles y trouvent une trâlée de trucs et de conseils, d’informations, de confidences et de paroles d’experts. Tant mieux.

Mais, nous, se parle-t-on de pénis?

Pas vraiment. Le sujet de la disjonction érectile a même été, sans l’ombre d’un doute, des milliers de fois plus traité dans les magazines féminins à travers le monde que dans ceux qui nous parlent à nous autres, les « boys ». Juste au Québec, depuis 50 ans, ça doit être des centaines d’articles qui parlent de nos pénis, aux femmes. Je n’ai pas encore vu le sujet passer dans le Chasse-Pêche. 

Soyons francs; de notre côté, c’est un peu plus maigre comme lecture. On a des magazines de chars… Les journaux. À ce que je sache, SUMMUM, que vous lisez en ce moment, est pas mal le seul magazine au Québec qui parle aux hommes d’une multitude de sujets variés à l’intérieur d’un même numéro. 

Pas qu’on ne s’en parle pas entre nous. Contrairement à la croyance populaire, je sais qu’une majorité d’hommes ne craignent pas de se parler des vraies affaires entre eux. Reste que, sur ce sujet-là, c’est plus rare de voir Jean-Marc arriver à sa partie de poker en s’exclamant : « Bon, ça y est, criss, j’bande pus! » 

Et pourtant…

 

UN SUJET VIEUX COMME LE MONDE

Avant que le feu ne vienne réchauffer nos soirées et griller nos steaks de brontosaure, l’homme était fort probablement trop pogné dans sa survie au jour le jour pour se poser des questions sur ses capacités érectiles. Tu bandais… Tu ramassais la première femelle que tu sentais à côté de toi… Tu ne bandais pas, tu continuais à « gosser » sur ta roche en silence, en espérant qu’un de tes contemporains ne se trompe pas entre toi et Lucy. Ça ne devait pas être chic. En revanche, tout porte à croire qu’on ne faisait pas encore grand cas si tu venais vite pis que tu bandais mou.  

On peut imaginer que la notion de paternité est venue changer les choses, considérant que la survie d’une tribu dépend grandement du nombre d’individus qui la compose. Quand on a compris que c’est à ça que ça servait c’t’affaire-là… Là, fallait fournir. C’est devenu important. C’est devenu bien vu. C’est devenu compétitif. Pour en ajouter une couche, vint se former la tribu à l’intérieur de la tribu, soit la famille. Est-ce qu’on oserait dire l’amour? En-tout-cas, certainement un peu beaucoup de son petit cousin malsain : la possessivité. Ça, c’est ma femme. Ça, ce sont mes enfants. Je veux la garder et faire d’autres enfants. Surtout, je ne veux pas que quelqu’un d’autre lui en fasse à ma place! 

Évidemment, vous comprendrez que j’ai pris un crayon gras pour tourner les coins ronds d’une histoire aux multiples zigzags complexes, et dont le tracé réel reste flou, car perdu dans les brumes du passé. J’espère que vous saurez me pardonner ce raccourci anthropologique. En gros, tout ça pour vous dire que ce n’est pas d’hier que c’est important de bander.

Par exemple, dans le Rig Veda, une collection d’hymnes sacrés dont la composition remonte entre 1500 et 900 av. J.-C. en Inde, et qu’on chantait sur les berges du Gange en brulant de l’encens, on trouve les premiers textes de médecine, en Ayurvéda. Ça, c’est une pratique traditionnelle qui implique une approche naturelle et holistique du traitement des maladies. Et, là-dedans ça parle, entre autres choses, et très sérieusement, de pénis mous. En long et en large. Voici un résumé de la liste des six circonstances accablantes qui provoqueraient ce mal selon ce texte sacré.

  • « Une maladie de longue date de l’organe générateur mâle, par exemple la syphilis, etc. » On s’entend que ça ne doit pas aider.
  • « La montée de pensées amères dans l’esprit d’un homme ou un rapport sexuel forcé avec une femme désagréable… » Ce n’est pas moi qui l’dis.
  • « S’adonner à un plaisir sexuel excessif… » Reste à savoir ce qu’on considérait comme excessif 1500 ans avant le p’tit Jésus…? 
  • « L’impuissance congénitale… » T’sais, y en a qui naisse aveugles… 
  • « L’abstinence volontaire… » On dit souvent qu’y faut pas que ça rouille.

Finalement…

  • « L’utilisation excessive de nourriture piquante… » Celle-là me laisse circonspect quand je pense à la bouffe indienne… Et non pas sans m’en inquiéter quand je pense à la mienne. Mettons que j’aime ça épicé.

D’ailleurs, sachez que le Vajikarana est encore très en vogue de nos jours. Comme quoi les bonnes vieilles recettes de grand-mère…

Maintenant, pour ce qui est du traitement, on y suggère l’utilisation des herbes Vajikarana, qui constituent également les ingrédients de base des thérapies recommandées dans le Kamasutra. Ça, tu sais ce que c’est. On y suggère qu’un jeune en bonne santé prenant régulièrement ces remèdes peut profiter du plaisir de la jeunesse chaque nuit pendant toutes les saisons de l’année et que les hommes âgés, souhaitant jouir du plaisir sexuel ou s’assurer l’affection des femmes, peuvent également utiliser les remèdes. Qu’ils sont très bénéfiques pour les jeunes beaux et opulents et pour les personnes qui ont de nombreuses épouses. Selon ce sacré texte, le remède Vajikarana rend un homme sexuellement aussi fort qu’un cheval et lui permet de satisfaire allègrement la chaleur et les ardeurs amoureuses des jeunes filles. À bon entendeur. 

 

UNE PETITE PILULE, UNE PETITE GRANULE

Selon une étude réalisée par l’Organisation mondiale de la santé en 1987, la capacité reproductive masculine est en cause chez près de 50 % des couples qui sont incapables d’avoir des enfants. Le monde médical est en état d’alerte, ça bande mou aux quatre coins du globe! Le stress, bien sûr, est l’élément principal qui est rapidement pointé du doigt. Le rythme de vie et le surmenage au travail, dans un monde de plus en plus exigeant avec le coût de la vie qui explose… les permanentes et les épaulettes.   

En 1992, dans la petite ville minière de Merthyr Tydfil, dans le sud du pays de Galles en Angleterre, la compagnie pharmaceutique Pfizer décide de mener des essais cliniques sur un médicament alors connu sous le nom de UK92480, censé soulager les symptômes de l’angine de poitrine. Rapidement, les patients volontaires, des hommes assez âgés pour la plupart, ressentent d’étranges symptômes… Quelques années « d’essais » plus tard, Viagra fait son apparition sur le marché en 1998. Mettons que les commandes ont très rapidement dépassé les prévisions. La petite pilule bleue a connu un boom sans précédent dans le monde pharmaceutique pour un produit sur ordonnance suivant son lancement. En 2012, les ventes annuelles atteignaient plus de 2 milliards de dollars.

LA COMPÉTITION

Il n’a pas fallu beaucoup de temps avant de voir apparaitre un compétiteur au Viagra. En effet, Cialis (Tadalafil) a été de son côté approuvé en 2003. Ses effets sont comparables au Viagra mais durent plus longtemps que ce dernier. Ce qui lui a valu le surnom de la pilule du week-end. 

Bien qu’on rattache à l’une et l’autre mille et une histoires d’érections interminables et autres anecdotes épouvantables, force est de constater que l’apparition de ces « remèdes » a provoqué une véritable révolution sexuelle pour ceux (et celles) qui souffraient de dysfonction érectile. 

COMME DES BONBONS

Depuis plusieurs années, on remarque un peu partout sur le globe, et le Québec ni échappe pas, une mode grandissante chez les jeunes hommes pour l’utilisation de ces médicaments mais, t’sais, pour le fun… En faisant le tour du sujet en ligne, on constate rapidement que ça va peut-être un peu au-delà de ça. Plusieurs compagnies offrent même la possibilité de commander ça en ligne, pour ceux qui seraient trop gênés de demander à leur médecin la prescription. Avec raison, car les médecins pourraient se montrer réticents à donner ça comme des bonbons. En effet, semblerait-il qu’il est de plus en plus clair qu’il serait néfaste pour la santé d’utiliser ces petites pilules miracles sans avoir de réel problème physique pour en justifier l’utilisation. Surtout une utilisation régulière. Par exemple, on peut lire dans le National Library of Medicine un rapport publié en 2023, qui en parle, entre autres choses, dans ces mots : « Le sildénafil est devenu une drogue récréative populaire parmi les jeunes adultes sans besoin médical. Il s’agit d’une tendance dangereuse qui présente des risques importants pour la santé et le bien-être des jeunes adultes… »

Semblerait-il que si on n’en a pas vraiment besoin, vaudrait peut-être mieux se tourner vers les bons vieux remèdes de grand-mère pis se faire de la tisane d’herbes Vajikarana. 

On pense à ça et on s’en reparle. 

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