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DUNE – Des vers de sable dans l’engrenage

Nicolas Lacroix
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Cette fois semble la bonne… cette fois, ça doit y être… cette fois un rendez-vous manqué de 2020 sera repris en octobre 2021, une fois pour toute, avec la sortie de Dune, version Denis Villeneuve. Du moins, c’est prévu au moment où j’écris ces lignes. C’est la troisième fois que LREC (Le Rédacteur en Chef, Benoît pour les intimes) remet le projet d’un article sur Dune.

C’est pratiquement depuis la publication du roman de science-fiction de Frank Herbert en 1965 (12970 pour la version française) que des cinéastes visent à transposer le récit des Atréïdes au grand écran. Le récit d’Herbert est vaste, complexe, peuplé d’une multitude de personnages et selon l’opinion générale, impossible à adapter en un film. C’est aussi le roman de science-fiction le plus vendu de l’Histoire et dès lors, des cinéastes allaient tenter de l’adapter malgré les nombreuses embuches.

L’intrigue concerne plusieurs familles nobles qui tentent de sécuriser leur position dans le vaste échiquier impérial pour lequel la ressource la plus vitale est l’Épice. Cette substance qu’on trouve à un seul endroit dans l’univers prolonge la vie, permet le voyage interstellaire et confère des pouvoirs plus spécifiques selon qui s’en sert. Celui qui contrôle l’Épice contrôle l’univers, en gros.

Les influences de Dune sur le cinéma sont vastes. Parmi les plus évidentes il y a La Guerre des Étoiles, qui contient tellement de similarités que Frank Herbert a longuement considéré poursuivre George Lucas. Même si Lucas a plutôt pointé La Forteresse Cachée de Kurosawa comme influence première, reste que la planète sablonneuse, Han Solo, la princesse Leia, l’empire, la Force et le Sarlacc de Star Wars trouvent tous leur écho dans Dune. Il sera fascinant de voir si le public reconnaîtra l’influence ou si Dune passera pour la copie et Star Wars pour l’original.

En 1990 il a aussi eu une comédie de science-fiction qui adoptait carrément le concept des vers de sable du roman d’Herbert. Tremors est un sympathique film d’action mettant en vedette Kevin Bacon, Fred Ward et des créatures moins gigantesques mais toutes aussi redoutables.

Au-delà des adaptations détournées, il y a eu des tentatives officielles d’adaptations. La première connue et la plus tristement célèbre est certainement celle du cinéaste et artiste franco-chilien Alejandro Jodorowsky. Son projet est légende et un documentaire a même été fait en 2014 sur le film avorté.

Visionnaire éclaté, Jodorowsky avait décidé au milieu des années 70 d’adapter le roman sans l’avoir lu, sur l’avis d’un ami. Il avait réussi à regrouper un collectif d’artistes absolument jamais vu et à peine croyable pour son film. À l’écran : Mick Jagger, Salvator Dali, Orson Welles, David Carradine entre autres. Derrière la caméra : Pink Floyd et Tangerine Dream pour la bande originale, l’artiste Moebius pour les costumes ainsi que H.R. Giger pour les décors, Dan O’Bannon pour l’écriture et plus encore. Jodorowsky jugeait que pour rendre justice au roman, il faudrait un film de 10 heures au minimum mais visait 14 heures de durée (allô les pauses pipi)!!

Devant ses ambitions démesurées, devant un scénario plus long que le roman, devant un budget plus gigantesque d’un ver des sables, les argentiers reculèrent et cette première adaptation de Dune ne vit jamais le jour. Il est cependant fascinant de voir les « petits » que ce projet a fait, notamment Alien (auquel ont participé O’Bannon, Moebius et Giger) et Le Cinquième Élément (Moebius).

Dix ans plus tard, ce fut au tour d’un autre visionnaire éclaté, David Lynch, de tenter sa chance, reprenant le projet abandonné par Ridley Scott (qui part faire Blade Runner, tiens tiens!). Le cinéaste derrière L’homme éléphant débute le projet avec la sincérité nécessaire mais les trop nombreuses interférences du studio Universal sabotent sa vision. La distribution impressionne même si elle n’est pas aussi éclatée que celle envisagée par Jodorowsky : Sting est le premier coup fumant mais aussi Max von Sydow, Jurgen Prochnow, Patrick Stewart, Virginia Madsen et el jeune Kyle Maclachlan dans le rôle de Paul Atréïdes. Au lieu de Pink Floyd, Toto signe la bande originale.

Manque de budget pour achever les effets spéciaux, obligation de réduire du tiers la durée de son film (de trois heures à l’origine), Lynch fera finalement retirer son nom du générique pour la version télé du film, qui demeure une honte pour lui.

Ce qui nous amène à la version « québécoise » de Dune. Denis Villeneuve affirme que ce roman l’habitude depuis son enfance, alors qu’il trippait BD française et science-fiction. La trajectoire des dernières années du cinéaste Québécois le plus en vue à Hollywood, de Sicario à Blade Runner 2049 en passant par Arrival, semblent maintenant des étapes logiques, planifiées pour arriver à Dune, son projet de rêve de réalisateur.

Sa distribution à lui aussi est appréciable : Timothée Chalamet, Zendaya, Jason Momoa, Oscar Isaac, Rebecca Ferguson, Josh Brolin, Javier Bardem, Charlotte Rampling, Dave Bautista, Stellan Skarsgard et plus encore.

La Warner lui confère un budget à la hauteur : 165 millions $US et surtout, deux films pour bien adapter l’histoire du roman. Du moins, deux films en principe. Car le tournage du second volet n’aura lieu que si le premier volet obtient le succès nécessaire en salle. D’ailleurs, Villeneuve insiste : son film a été pensé, conçu, tourné pour être vu sur le plus grand écran possible, en salle. L’idée de faire autrement ne nous serait jamais venue, Denis.

Villeneuve réussira-t-il là où d’autres grands réalisateurs se sont cassé la gueule ? Espérons qu’on pourra voir la deuxième partie de ce film, un jour. Il n’en dépend que de nous, cinéphiles.

SUGGESTIONS

Une sélection de films influencés, directement ou indirectement, par Dune :

ALIEN

Les principaux artisans de ce chef-d’oeuvre ont été impliqués dans Dune.

CONTACT

Zemeckis a carrément volé sa séquence d’ouverture directement des storyboards de Jodorowsky.

JODOROWSKY’S DUNE

Documentaire essentiel sur la légende

BLADE RUNNER

Très étroitement lié à Dune par ses artisans, comme Alien.

THE MATRIX

Grandement influencé, lui aussi, par le projet de Jodorowsky. Voyez-vous la tendance ?

GAME OF THRONES

On a dit que Dune était Game of Thrones dans l’espace. En fait c’est GoT qui est Dune avec des dragons

RAIDERS OF THE LOST ARK

La scène finale est inspirée de Dune. Profitez-en pour voir la nouvelle version 4K du film.

ROBOTECH

La série animée des années 80 vole le concept de l’Épice directement du roman d’Herbert.

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