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Le cinéma fantastique

Nicolas Lacroix
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Si je vous dis « cinéma fantastique », vous pensez à quoi? Des dragons? Des enchanteurs? Des hobbits? Des monstres? Le cinéma fantastique est en fait un des genres les plus vastes de tout le cinéma, qui inclut tout ça et plus.

Ce genre est vaste parce que la définition est large : l’intrusion du mystère ou du surnaturel dans le cadre réel (du film). Donc l’arrivée de la créature extraterrestre dans le vaisseau Nostromo dans Alien répond à cette définition puisque pour le film, le Nostromo est le cadre « réel ». Les oiseaux qui commencent à attaquer les humains dans le classique d’Hitchcock aussi répond à cette définition. En 1982, le réputé magazine L’Écran fantastique découpait le genre en six catégories :

  • Le merveilleux parfois appelé « fantasy » (pensez The Lord of the Rings ou les films de la série Sinbad);
  • L’épouvante (Rosemary’s Baby, Psycho);
  • La science-fiction (Robocop);
  • L’insolite (Elephant Man);
  • Le fantastique traditionnel qui concerne sorcières, loups-garous, vampires et fantômes;

L’anticipation, très près de la science-fiction, mais un peu plus concernée avec le futur-réaliste imaginé, à la Mad Max ou Childen of Men.

Bref, il y a bien des chances que beaucoup de vos films favoris soient catégorisés dans le fantastique. Le genre est tout aussi âgé que le cinéma lui-même, le pionnier du médium Georges Méliès ayant donné dans le genre avec presque tous ses films, notamment Escamotage d’une dame (1896), qui concerne un tour de magie, et Le Voyage dans la Lune (1902), qui concerne… eh bien… un voyage vers la Lune. Le fantastique a fait son apparition au cinéma à peu près au même moment qu’en littérature, avec la publication de classiques littéraires comme Dracula (1897), The Time Machine: An Invention (1895) et Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde (1886).

On pourrait même dire que le fantastique a propulsé l’avènement du cinéma puisque fort populaire au début du septième art. Quelques années après Méliès, l’Europe nous a donné des œuvres phares, dont Häxan (La Sorcellerie à travers les âges, 1921) et la vague expressionniste allemande, dont font partie Das Cabinet des Dr. Caligari (Le Cabinet du docteur Caligari, 1920), Der Golem : Wie er in die Welt kam (Le Golem, 1921) et Nosferatu, eine Symphonie des Grauens (Nosferatu le vampire, 1922).

Les « Amaricains » ne sont pas en reste. À la même époque, un acteur et un réalisateur en particulier plongent Hollywood dans le fantastique : Lon Chaney, l’acteur aux mille visages, et Tod Browning, son réalisateur de prédilection. Chaney est ainsi surnommé pour sa faculté à transformer son visage à l’aide de maquillage alors que les effets spéciaux n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. Ensemble, Chaney et Browning tourneront huit films entre 1925 et 1929. Bien que pas tous du domaine du fantastique, le macabre n’est jamais loin dans leurs collaborations. Puis, en 1931, Browning marque un grand coup en tournant la première adaptation cinématographique de Dracula pour le studio Universal. D’abord prévu pour incarner le personnage principal dans sa neuvième collaboration avec Browning, Lon Chaney meurt avant de pouvoir tourner le film. Bela Lugosi le remplace et le reste fait partie de l’Histoire.

Browning réalise ensuite un monument du macabre, du tabou, qui mettra pratiquement fin à sa carrière : Freaks, qui met en vedette de vrais phénomènes de foire comme acteurs, dont un homme-tronc et une femme sans bras. Conspué, le film est rejeté par un public révolté et par la critique. Il faudra encore 30 ans avant qu’on le réexamine et qu’il devienne un film-culte. Trop tard pour Browning, dont la carrière s’est éteinte peu après cette réalisation.

Le fantastique a souvent représenté les craintes de son époque. Par exemple, le fantastique du milieu-fin des années 40 se tourna vers des récits plus surnaturels pour oublier les vrais monstres de la Deuxième Guerre mondiale. Les craintes face à l’atomique inspirèrent beaucoup de films des années 50, dont une panoplie assez incroyable d’insectes géants de toutes sortes, de la tarentule aux… lapins?

Si les années 90 sont dominées par les fantômes internationaux venant du Japon (Ringu), de l’Espagne (The Others, L’Orphelinat) et de la tête de monsieur Night Shyamalan, les 20 dernières années ont été représentées par le fantastique d’origine littéraire de Tolkien, de Suzanne Collins (Hunger Games), de Stephenie Meyer (Twilight) et, évidemment, de madame J.K. Rowling.

Déjà hâte de voir ce que nous réservent les prochaines années.

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