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Fantôme, spectres et autres apparitions d’outre-tomb

Chroniqueur Jean-François Cyr
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J’adore les histoires de fantômes. Le premier film « d’horreur » que j’ai vu enfant était Poltergeist, de Steven Spielberg. Je n’en ai pas fait des cauchemars, mais les séquences de la poupée clown et de l’arbre qui prend vie m’avaient bien terrifié. Assez pour laisser ma veilleuse allumée cette nuit-là! J’avais quand même six ans! Puis après avoir vu Ghostbusters, je voulais devenir chasseur de fantômes et expert en phénomènes paranormaux. Les perspectives d’emplois dans ce domaine étant très limitées, je me suis donc résigné à faire autre chose. Qu’ils soient terrifiants, menaçants, drôles ou réalistes, comme Patrick Swayze en quête de justice dans Ghost, les fantômes peuvent être apprêtés à toutes les sauces.

Au-delà d’Hollywood, les histoires de fantômes existent depuis longtemps, mais elles ont véritablement explosé dans la culture populaire grâce à la littérature du 19e siècle. En 1843, Charles Dickens écrit son classique A Christmas Carol dans lequel trois fantômes visitent Ebenezer Scrooge. Au cours de ce même siècle, Washington Irving nous offre The Legend of Sleepy Hollow (1820), Edgar Allan Poe sa nouvelle The Masque of the Red Death (1842) et Henry James explore le monde de la maison hantée avec The Turn of the Screw (1898), tous des récits marquants du genre. Mais, on peut même remonter jusqu’aux contes traditionnels d’Orient Les Mille et Une Nuits ou encore l’œuvre nippone du moyen-âge Le Dit de Genji. Même l’Odyssée d’Homère contient des fantômes. Au théâtre, les pièces du Romain antique Sénèque influencent grandement William Shakespeare, qui met également en scène des spectres dans ses pièces Hamlet, Macbeth et Richard III.

Cette fascination pour l’au-delà, la mort et les revenants est présente dans toutes les cultures et elle traverse les diverses époques. Elle remonterait même à l’Égypte antique alors que selon leur croyance, le « bâ » (l’âme) pouvait revenir sur le plan physique pour se venger. Un fantôme est donc un être pris entre deux plans : celui des vivants et celui des morts.

Visuellement, on a présenté longuement les fantômes recouverts de draps blancs. Mais d’où provient cette curieuse idée? À l’origine, cette représentation se voulait le linceul dans lequel la personne décédée avait été inhumée. De nos jours, les revenants revêtent le plus souvent des vêtements qu’ils portaient de leur vivant.

Pour complexifier encore plus le phénomène, les fantômes possèdent une variété de genre aussi large que la communauté LGBTQ+! Mais comment démêler les spectres des fantômes, les revenants des esprits frappeurs? L’ufologue français Jacques Vallée nous offre des pistes. Cet astrophysicien de formation publie en 1966 un système de classification des observations des ovnis qui lui vaut une certaine renommée. Il sert même d’inspiration au personnage de Lacombe, incarné par François Truffaut dans Close Encounters of the Third Kind (1977) de Steven Spielberg. En 1990, il modernise son guide pour y inclure les phénomènes paranormaux en y distinguant deux catégories distinctes : les entités et les anomalies à effets physiques. La première partie regroupe la catégorie des fantômes et ces différents types :

Le fantôme classique, ou spectre, est défini comme une image lumineuse d’apparence humaine qui paraît flotter au-dessus du sol. Il s’agit de l’âme d’un mort qui est resté sur Terre dans un but précis. Sa présence peut être expliquée par une tâche qu’il doit accomplir, une dernière chose qu’il n’a pas eu le temps de faire à cause d’une mort prématurée. Il peut également revenir pour prévenir l’un des siens d’un danger imminent ou le guider à travers une grande épreuve. Même si elles ne posent pas nécessairement de danger physique aux personnes témoins, plus sauvent qu’autrement, ses apparitions sont annonciatrices d’événements tragiques.

C’est dans cette catégorie que sont classées les « dames blanches » dans laquelle appartient la fameuse « auto-stoppeuse fantôme », un spectre d’une jeune femme décédée d’un accident de la route. Celle-ci disparaît brusquement après être montée dans un véhicule.

Au Québec, nous avons notre propre légende de dame blanche : la dame blanche de la chute Montmorency. Au cours de l’été 1759, Louis Tessier, membre d’une milice française, est tué lors d’un combat contre les Anglais. Mathilde Robin, sa fiancée, est inconsolable. Vêtue de sa robe de mariée blanche, elle se jette du haut de la chute. Encore aujourd’hui, certains affirment parfois distinguer une forme blanche dans l’écume de la chute.

Le phénomène de visions fantomatiques ne se limite pas qu’aux représentations humaines alors que les formes peuvent s’étendre à des animaux ou à des moyens de transport. Le bateau pirate le Hollandais volant est un exemple célèbre qui hante les récits des marins et qui a même été l’objet d’un opéra de Richard Wagner. On peut penser également aux avions du triangle des Bermudes ou encore des trains, dont celui qui avait transporté la dépouille du président Abraham Lincoln de Washington vers l’Illinois, réputé pour hanter les chemins de fer.

L’ombre noire est apparition plus éphémère. Il s’agit d’une silhouette que l’on peut apercevoir furtivement du coin de l’œil. Elle peut représenter un esprit, voire un démon, duquel son identification serait liée au ressenti de son témoin. Si on ne se sent pas menacer, c’est que celle-ci peut être un défunt ou une entité bienveillante. Mais, gare à vous si vous ressentez quelque chose de froid et de malsain. Cette dernière pourrait être un démon qui vous veut du mal!

Les revenants font partie de la catégorie des spectres, mais ils sont une coche plus terrifiante. Ceux-ci sont l’apparition d’un mort, connu ou non du témoin, en chair et en os dans une apparence identique à celle qu’il avait de son vivant. À la suite d’une morte tragique et injuste, il reviendrait hanter les vivants jusqu’à son assassin paie pour son crime.

Il existe aussi de faux revenants : des morts qui errent un certain temps après leur décès ou des esprits qui sont tirés de l’au-delà par des nécromanciens adeptes du spiritisme. Cette pseudo-science a été popularisée aux États-Unis vers la fin des années 1800, après la guerre de Sécession, où la planche Ouija était utilisée par des médiums afin de faire communiquer les soldats tombés au combat avec les membres de leur famille. Flairant une bonne affaire, l’inventeur et avocat Elijah Bond va créer en 1890 une version commerciale de la Ouija qui sera produite par William Fuld. Aujourd’hui, la marque appartient au conglomérat de jouet Hasbro!

Dans la culture populaire, la planche Ouija est souvent associée à la deuxième catégorie de phénomènes paranormaux : les poltergeists ou esprits frappeurs.

D’origine allemande, le mot désigne avant tout des événements qui seraient provoqués par des esprits désincarnés qui, contrairement aux spectres, demeurent invisibles. Ils ne se manifestent pas physiquement, mais ils peuvent entrer en contact avec le monde matériel. Ils font sentir leur présence par des bruits et des déplacements inexplicables d’objets. Ces phénomènes sont liés aux maisons hantées par des esprits qui ne cherchent qu’à effrayer les vivants. Ils n’acceptent pas leur mort et ils restent sur Terre afin de faire peur à tous ceux qui viennent vivre dans leur maison. Plus rarement, on peut être témoin d’actions sur les personnes : contacts, griffures, morsures et lévitations.

L’un des cas les plus célèbres demeure celui d’Enfield, dans la banlieue nord de Londres. Les événements se sont déroulés en 1977 et ils ont fait l’objet du film The Conjuring 2 (2016). Une maison habitée par une mère monoparentale et ses quatre enfants aurait fait l’objet de plus de 1500 manifestations. Largement documenté par la presse, le cas divise toujours les « experts », qui penchent plus vers la thèse de la supercherie.

Dans des cas plus rares, ses manifestations peuvent être provoquées par des démons, et le diable lui-même, qui veulent pénétrer le monde physique. Évidemment, cette notion est très ancrée dans le christianisme et son arrivée dans l’imaginaire collectif est causée en grande partie par le roman The Exorcist de William Peter Blatty, puis par son adaptation au cinéma en 1973. L’histoire de Regan, une préado possédée par un démon, a terrorisé une génération de cinéphiles. Blatty se serait inspiré d’un véritable cas d’exorcisme d’un jeune garçon en 1949 aux États-Unis, ce qui a contribué à faire de son livre un énorme succès.

C’est également à cette période d’Ed et Lorraine Warren développent une certaine notoriété, surtout après leur enquête du cas de la maison hantée d’Amityville, un autre cas qui fait les manchettes au milieu des années 70.

La fascination du grand public envers les fantômes est bien réelle et elle augmente sans cesse avec l’avènement de la technologie, particulièrement la photographie, qui permet enfin de documenter des phénomènes. Mais les fantômes existent-ils vraiment? Malgré le perfectionnement de la technologie, surtout audio et vidéo, aucun phénomène enregistré ne peut prétendre répondre positivement à cette question. Au contraire, elle ne fait que rendre encore plus plausible la supercherie.

En attendant qu’un jour ces mystères soient peut-être enfin expliqués, on peut toujours se divertir en regardant des histoires de fantômes. Pour ma part, j’aurai au moins transmis cette fascination pour le paranormal à mes enfants avec les séries de films Paranormal Activity et The Conjury, que nous regardons avec grand plaisir et, oui, en faisant parfois quelques sauts.

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