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Nostalgie – Les tempêtes de neiges

Chroniqueur Alexandre Goulet
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Février 1992. Le temps des Fêtes vient de se terminer et laisse un goût amer de retour au petit train-train de la vie quotidienne.  Retour à l’école et aux tables de multiplications. Retour aux devoirs du soir et aux matins pressés. Retour à nos petites routines qui meublent nos vies même si on est encore trop jeunes pour comprendre. Mais, quelque fois, mère Nature nous donne la bénédiction d’un petit répit qui nous replonge presque dans l’esprit du temps des Fêtes pour l’espace d’une journée. Il s’agit du moment où le temps s’arrête pour tout le monde. Il s’agit des TEMPÊTES DE NEIGE. Le moment où une bonne averse de neige vient nous sauver de la servitude du système scolaire québécois. 

Rappel de cette opportunité de manquer de l’école pour aller faire de la Crazy Carpet en toute quiétude au beau milieu de vents cinglants et des flocons de neige qui frappent aussi fort que des milliers de petits couteaux au visage. JOUR DE TEMPÊTE!

En premier lieu, il y avait les rumeurs précédant les événements. Partout dans les corridors de l’école, le vent court (et c’est le cas de le dire) que demain sera une de ces journées bénies des dieux. Une journée où l’heure du déjeuner se prend tranquillement devant la télévision en regardant nos émissions favorites sous les regards agacés de nos parents essayant de remettre travail et rendez-vous, puisque mère Nature vient de mettre un bâton dans l’engrenage bien huilé de la routine de la semaine. Toute la journée, la rumeur s’intensifie comme le son du vent qui gronde : demain sera la journée, demain sera journée de tempête.

En revenant à la maison, le regard complice (lire complètement effrayé) de nos parents à la journée de congé qui s’annoncait le lendemain ne mentait pas. La prophétie s’accomplira – les hautes instances sont déjà sur le coup! Les indices sont multiples : aucun lunch ne se prépare pour le lendemain, les coups de téléphone s’enchaînent pour savoir qui pourrait bien garder un œil sur nous le temps d’une journée et d’autres actions qui font ressembler la cuisine de la maison à un vrai centre de crise humanitaire. Chose certaine, tout ce branle-bas de combat prouve un point : demain sera une bonne journée.

Au réveil, le lendemain, la bonne fortune semble avoir frappé. La dame à la radio sonne la bonne nouvelle avec la phrase tant attendue : « Les écoles de la Commissions Scolaires Des Phares sont fermées aujourd’hui en raison des conditions météos. » Jamais la radio n’aura autant eu mon attention quand j’étais enfant que lors de la divine annonce des journées de tempête. Ma sœur et moi se tenions proche de la petite radio dans la cuisine dans une scène digne de l’annonce de la fin de la Deuxième Guerre mondiale – quand tout le monde était littéralement collé à leur poste am/fm.  

Petite note ici. Dans de rares cas, l’annonce de la fermeture des écoles se faisait en après-midi. Dire que tout ça était une mauvaise blague serait un euphémisme. C’était vraiment quelque chose d’incompréhensible pour la vaste majorité des gens impliqués – parent comme enfant. Quand il est virtuellement impossible de voir par la fenêtre du salon, tout pointe comme quoi aujourd’hui sera une journée sans école… eh bien non! Quelque fois, les gens à la commission scolaire avaient la couène dure! 

TOUT ÇA POUR DIRE QUE, deux options s’offraient à nous, mais qui menaient passablement au même résultat – la gardienne ou rester à la maison. Perso, j’aimais mieux aller chez la gardienne. Ma gardienne – une sainte dame appeler Gigi – nous faisait des châteaux forts de neige et des glissades bien glacées dans la cour arrière et on avait un buffet de petits gâteaux maison. Définitivement mieux que le Village des Sports. Rester debout au point culminant de notre forteresse de glace avec le vent qui frappe fort sur nos petites faces crispées et les flocons qui te rentrent dedans comme des millions de petites agrafes de brocheuse – ça, c’était le « best ». 

Quand la fatigue nous rentrait dedans, nous pouvions aller regarder Indiana Jones à coté du feu de foyer avec les joues bien rouges, verre de lait et Ah Caramel! en main en sentant nos bas qui sèchent sur le calorifère. Une expérience sensorielle hors du commun. 

Cette trêve de responsabilité n’était jamais très longue, mais était toujours très spéciale. Avoir une journée de congé imprévue était toujours un cadeau de mère Nature qui était la bienvenue. Ces journées étaient spéciales, puisque le calendrier scolaire comptait que très peu de congés hors des fériés. Les grèves se faisaient plutôt rare à l’époque et le train-train de notre scolarité suivait son cours. DONC, ces journées était réellement une occasion de briser la monotonie de nos jeunes vies.

Merci tempête!

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