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Pur Génie: le Kraft Diner

Chroniqueur Michel Bouchard
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Le fromage est au macaroni ce que Simon est à Garfunkel, ce que le tonic est au gin ou ce qu’est la poire à lavement aux actrices porno : ce sont des éléments qu’on peut séparer et apprécier quand même, mais qui sont tellement plus appropriés quand ils sont combinés. Réflexion faite, oubliez le tonic dans l’histoire, c’est vraiment dégueulasse quand il n’y a pas de gin dedans, mais vous comprenez le principe, le Kraft Dinner, c’est un match parfait entre les pâtes traditionnelles et le fromage « chimico-nucléaire ». Oubliez aussi le passage de la poire à lavement, pas certain que c’est approprié.

Le Kraft Dinner existe techniquement depuis 1937, année où Kraft a eu l’idée de lancer un produit en boîte bon marché qui saurait nourrir les gens de tout un amalgame d’éléments nutritifs sains comme le lait, le fromage, les pâtes et le jaune-orange salé. Pour réussir un tel coup de marketing, il fallait vraiment avoir une idée qui tient du PUR GÉNIE.

Kraft n’a pas inventé le Kraft Dinner, les penseurs de l’entreprise ont plutôt emprunté gracieusement l’idée à un commerçant qui vendait des boîtes de pâtes sèches avec un sachet de fromage Kraft attaché avec un élastique. Il faut préciser que le fromage Kraft « processed » a préalablement été inventé en 1916.

C’est au milieu de la Grande Dépression des années 30 que Kraft a commencé à vendre son légendaire macaroni. Alors que les gens avaient moins d’argent que de dents saines dans leur yeule, Kraft vantait le prix ridiculement bas de son macaroni, soit moins de 20 sous pour un repas qui remplit la panse (le mot nourrit est galvaudé) d’une famille de quatre personnes et qui se prépare en seulement neuf minutes.

En un an, Kraft a vendu plus de 8 millions de boîtes de macaroni. Ça semble incroyablement élevé, mais quand on y pense, à 19 cennes la boîte, ça représente juste 1,5 million $, soit une fraction d’un bonus annuel d’un membre du conseil d’administration de Bombardier.

Alors que la viande et les produits laitiers se faisaient plus rares au cœur de la Deuxième Guerre mondiale, les gens pouvaient échanger un coupon de ration en retour de deux boîtes de Kraft Dinner. Joie !

En 1943, Kraft aurait vendu 80 millions de boîtes bleues. Oh, correction, elles n’étaient pas de cette couleur à l’époque. En fait, c’est en 1954 que l’emballage a changé pour promouvoir une publicité visant les enfants et disant de demander « les boîtes bleues ».

Si on le connaît ici au Canada sous le nom de Kraft Dinner, aux États-Unis, il porte le nom de Kraft Macaroni and Cheese. C’est pas mal moins cool, avouez ?

Chaque jour, Kraft vend un million de Kraft Dinner dans le monde. Et qui sont les champions toutes catégories en mangeage de pâtes jaune-oranges salées ? Non, ce ne sont pas les Américains, ce sont plutôt… les CANADIENS, qui en consomment deux fois plus que leurs voisins du Sud et qui achètent 12% de tous les Kraft Dinner vendus dans le monde. Non, le met national du Canada n’est pas la poutine de castor laqué à l’érable et au pétrole de l’Alberta, c’est le Kraft Dinner. Il se vend 3,2 boîtes de KD pour chaque citoyen du Canada. 1,7 millions de boîtes sortent des épiceries canadiennes chaque semaine.

Les étudiants et les moins bien nantis sont évidemment les plus grands consommateurs de ce repas coloré. Il est abordable, rapide et satisfaisant, tout pour plaire à un jeune homme aux études rempli de bonne volonté. Quoi de mieux qu’un bol de KD entre deux pogos, un ramen et quelques pizzas pochettes ?

Le Kraft Dinner se décline d’ailleurs en plus d’une cinquantaine de variétés et de saveurs, toutes aussi salées les unes que les autres.

Kraft a beaucoup joué avec le marketing et le placement de produits. Ainsi, outre les saveurs, on a pu répertorier au fil des années des macaronis sous branding. Des pâtes Bob L’Éponge, des pâtes Simpson, des pâtes Star Wars… Parce que disons-nous les vraies choses : est-ce qu’un macaroni en forme de Yoda goûte clairement « plusse meilleur » qu’un macaroni en forme de macaroni ? Poser la question c’est y répondre. CLAIREMENT QUE OUI.

Contrairement à la croyance populaire, il est faux de croire que les éléments nutritifs contenus dans le Kraft Dinner sont inférieurs à ceux de la boîte de carton qui sert d’emballage au produit.

Le record de rapidité, non officiel puisqu’il n’a pas été homologué par le Guinness, pour le moins de temps requis afin de manger une boîte de repas préparé de Kraft Dinner est de moins de 31 secondes. C’est tout de même assez impressionnant comme capacité à ingérer 1200 calories. La sortie a dû être encore plus expéditive.

Les ajouts les plus populaires chez les consommateurs de KD : le bacon et le ketchup. L’auteur de ces lignes le préfère nature. Et ne met que la moitié de la poudre jaune-orange quand il le prépare… Et de grâce : pas de tronçons de saucisses à hot-dog. Ça fait vulgaire.

À compter de 2013, un changement majeur intervient dans la production de Kraft Dinner : la compagnie a retiré un shitload de produits chimiques de sa recette. Les consommateurs n’y ont vu que du feu, mais sans le savoir, ils ont amélioré leur alimentation. Toute est dans toute, chaque petit geste compte qu’ils disent.

 

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