La première montréalaise a lieu le 16 janvier 2019
SI MATHIEU CYR DÉFRAIE LES MANCHETTES AUJOURD’HUI, C’EST QU’IL LANCE SON PREMIER ONE MAN SHOW, LE CHAÎNON MANQUANT. EN TANT QU’ANCIEN COLLABORATEUR, ON NE POUVAIT PASSER À CÔTÉ DE CETTE BELLE NOUVELLE ET ON A DEMANDÉ À MATHIEU DE NOUS JASER UN PEU DE SES GROS PROJETS QUI S’EN VIENNENT POUR LUI.
Mathieu, on est chanceux de te pogner « entre deux trucs » parce que ton horaire semble pas mal booké aux quarts de tour. Comment ça va? Ça va super bien! Et oui je suis pas mal occupé! J’ai mon one man show qui s’en vient, j’anime l’émission Infiltration à Z télé, je fais des chroniques à Énergie et j’ai mes deux podcasts : Le Lift et L’Odyssée sur YouTube… Entre ça, j’essaie de placer ma famille et mes entraînements. Mettons que j’ai pas trop l’temps de faire des sudokus!
(Rires) Tu viens de finir un gros marathon de shows avec le ComediHa! Fest-Québec, notamment, qui s’est terminé il y a quelques semaines. As-tu passé un beau festival? Non, c’était mauvais. À mon premier show, un spectateur m’a vomi dessus… J’te niaise! J’ai eu du gros fun! J’ai testé et trouvé beaucoup de gags dans mes shows solos. J’ai aussi fait partie du gala de Patrick Huard, un humoriste que j’adore. Et j’ai participé à la version live de Piment fort, avec Normand Brathwaite pis ses chapeaux de 300 lb! C’était fou!
Mat… on se parle aujourd’hui parce que tu viens d’annoncer fort possiblement une des plus grosses nouvelles de ta vie : tu lances ton premier one man show, Le Chaînon manquant! Comment tu te sens? Fébrile un brin, j’imagine! Oui, c’est sûr! Et je sens aussi que je suis en train de créer la meilleure chose de ma carrière. J’ai une équipe de feu! Deux incroyables auteurs, script-éditeur, et Luc Senay à la mise en scène. As-tu déjà eu ça toi, un metteur en scène qui te dirige en faisant la split? C’est impressionnant.
Pas de ce que je me rappelle, non! (Rires) Mais dis m’en plus un peu. Quels seront les thèmes qui seront abordés dans ton show? On se doute bien que ce sera à ta façon, mais encore? Je vais parler de déficit d’attention, de drogue, de sexe, de censure, de douance, des rôles de l’homme et de la femme en 2018, de la place qu’on donne aux enfants… T’sais, des sujets légers! (Rires) Et je raconte ça à l’intérieur d’anecdotes qui me sont arrivées dans la vie. C’est un show à la fois actuel, personnel et inclusif.
Ça fait longtemps que tu travailles là-dessus! Comment s’est passée la période de rodage? Ça s’est très bien passé! La plupart des shows ont tout arraché, mais il y en a aussi eu certains où c’était moins facile. Et c’est normal. J’essaie du stock. Si tous les soirs sont égaux, ça veut dire que mon matériel n’évolue plus. Et je suis allergique à l’immobilisme. Je cherche toujours le petit « plus » à rajouter, le truc qui va « pimper » la patente.
On y reviendra plus loin, mais on se connaît un peu toi et moi Mat parce que tu as été collaborateur pour nous il y a quelques années et malgré tout, dans les informations sur ton show qui sont sorties, j’ai appris comme trop de choses sur toi en même temps et j’aimerais ça qu’on en parle! (Rires) Tu es atteint de TDAH et de douance. J’aimerais ça que tu me dises comment ça se reflète pour toi au quotidien? Eh boy… As-tu 20 pages de textes? (Rires) En gros, quand je pars d’un endroit, je fais minimum 12 va-et-vient dans ma maison en cherchant mes affaires. Quand j’arrive à une place, c’est souvent la mauvaise. Quand je regarde l’heure, j’aimerais constamment qu’il soit 20 minutes plus tôt. Donc, en gros, j’arrive en retard à la mauvaise place, et avec les mauvaises affaires. Mais bon, maintenant que je me médicamente, ça va mieux.
Je vais parler de déficit d’attention, de drogue, de sexe, de censure, de douance, des rôles de l’homme et de la femme en 2018, de la place qu’on donne aux enfants… T’sais, des sujets légers!
Pis là, j’ai découvert que tu faisais l’école à la maison à tes enfants pis que tu vivais en commune avec une autre famille. Comment on vient à faire ces choix et comment ça se passe? C’est une suite d’évènements. J’ai fondé une famille et on a dû déménager en banlieue parce qu’il me manquait 14 millions $ pour m’acheter un condo à Montréal. Et je suis en show de 4 à 5 soirs par semaine. Ça fait 4 à 5 soirs où ma blonde s’emmerde, seule dans sa maison de banlieue. De là est née l’idée d’habiter avec une autre famille. Et pour l’école à la maison, c’est pour pouvoir amener mes enfants avec moi en tournée. C’est un peu comme si on faisait le tour du monde en voilier, mais remplace le bateau par un char pis le tour du monde par le Québec. Ouin… j’sais. C’est un peu moins glamour.
Changeons de sujet! Mathieu, tu t’es fait connaître pas mal ces dernières années notamment grâce à tes collaborations et à tes capsules à Télétoon la nuit et par la suite à Z télé. À quel point ç’a été influent pour toi ces projets-là? Télétoon a été un tremplin incroyable pour la visibilité! Ç’a aussi été une excellente école de télé. Et maintenant que j’anime l’émission Infiltration à Z télé, c’est l’occasion idéale pour appliquer ce que j’ai appris à Télétoon.
Tu as aussi un nouveau podcast présentement disponible évidemment sur Internet, Le Lift. Le concept est très cool : tu offres le transport à deux invités et tu les amènes à un show. D’où vient cette idée? Entre humoristes, on se « lifte » souvent pour se rendre à des shows. Et il y a toujours des choses comiques qui se disent. Ou qui se disent pas! (Rires) C’est en liftant des collègues que l’idée m’est venue d’en faire un podcast. Ça marche super bien! On attend de voir si on fait une saison 2. En attendant, j’ai commencé un autre podcast qui s’appelle L’Odyssée, où je jase avec mes fans, chaque mercredi, sur ma chaîne YouTube. J’ai du gros fun avec ça aussi.
On s’entend qu’il faut être fait mentalement très fort pour volontairement se pogner dans le trafic de Montréal pour faire le taxi! (Rires) Comment ça se passe jusqu’à maintenant sur la route? Tu n’as pas trop fait d’accidents? (Rires) Ça va bien. On part tôt pour ne pas être trop stressés. C’est plus quand je suis seul pour un meeting que je capote dans mon char. Tu ne veux pas me filmer dans ce temps-là! (Rires)
Quel genre de conducteur automobile es-tu? Honnêtement, je pogne les nerfs solides. Les lents me gossent. J’haïs ceux qui ralentissent la planète en voulant tourner à gauche où y’ont pas le droit, ceux qui me suivent de proche avec leurs fortes, ceux qui tournent un coin de rue à 2 km/h comme s’ils transportaient une cargaison de cristal… PAS CA-PA-BE-LE! As-tu une autre question? Ma pression monte! (Rires)
Ah! Comme je le disais plus tôt, tu as été collaborateur pour SUMMUM dans les dernières années. J’aimerais ça que tu me parles des répercussions que ça a eues pour toi cette collaboration-là? Ce fut une autre belle expérience! J’ai eu beaucoup de répercussions avec ces chroniques. Votre magazine est lu partout au Québec! Et les photos ont garni de belle façon mon « Google Search ».
(Rires) Qu’est-ce que les gens te disent le plus souvent quand ils te croisent dans la rue? Arrête de me suivre, le freak!
Est-ce qu’on te dit souvent à quel point c’est impressionnant ta ressemblance avec Charles Manson? (Rires) Oui j’ai vu la photo en question, c’est assez fou! [N.D.L.R. En faisant notre chronique Back to the Future, il y a quelques mois, on parlait de Charles Manson et la photo choisie pour le montage ressemblait beaucoup trop à Mathieu. On lui en a même parlé AVANT de passer à l’impression tellement on était mal à l’aise!] Mais on me compare beaucoup plus avec l’humoriste américain Chris D’Elia. D’ailleurs on se connaît bien. On s’est pris en photo ensemble les fois où il est venu à Montréal. Ç’a eu des réactions de feu sur nos comptes Instagram respectifs!
Tu fais partie de cette génération d’humoristes, je pense, où c’est extrêmement important d’être présents sur les réseaux sociaux. Tu es assez engagé dans tes publications; tes idées font souvent réfléchir et réagir. En effet! Mais je sais pas si c’est générationnel… Si j’avais 50 ans, je crois que je serais aussi impliqué avec mes réseaux sociaux. J’adore émettre des opinions, discuter, débattre… Je trouve qu’on vit dans une époque où on se sauve de ça. On a peur des confrontations. Et c’est souvent pour éviter ces confrontations que le monde va avoir sur des discussions vides et aseptisées sur des sujets comme Occupation double, La Voix ou la météo. Des beaux p’tits sujets qui ne font pas de chicanes au souper. Faisons-en de la chicane! C’pas en jasant de la robe de telle candidate qu’on va changer le monde, bout d’viarge!
Est-ce que ça t’arrive parfois de trouver que le feedback de tes abonnés est « too much »? Oui, souvent. Avec mon Facebook, mon Insta, ma chaîne YouTube et mon Twitter, ça fait autour de 220 000 personnes qui me suivent. Mettons qu’il y a juste 2 % d’épais là-dedans. Ça fait quand même 4400 épais. C’est l’équivalent de deux Théâtre Saint-Denis remplis d’épais. Et c’est souvent eux qui gueulent le plus fort.
Qu’est-ce que tu ferais dans la vie si ce n’était pas de l’humour? J’me suis jamais posé la question. Quand j’ai commencé l’humour, c’était « all in ». Ça m’a pris 10 ans pour arriver où je suis aujourd’hui. En 10 ans, j’ai eu plein d’occasions de lâcher, mais j’me suis accroché! J’ai continué de créer le plus possible, de jouer le plus possible, de m’améliorer le plus possible. Et, aujourd’hui, je suis à des kilomètres de l’humoriste que j’étais au départ. Tout le monde a des occasions d’abandonner son rêve. Quand ça ne va pas bien, t’as deux choix : tout lâcher, ou travailler plus fort pour faire mieux la prochaine fois. Le premier choix t’amène une satisfaction immédiate et temporaire. Le second procure une satisfaction à vie.
Est-ce que ça t’est déjà arrivé de te dire : « OK, c’est terminé, je lâche tout. » Non… Premièrement, parce que je n’ai pas de plan B. Et deuxièmement, pour ma mère. Quand j’avais 23 ans, j’ai lâché l’université après trois sessions, ma mère m’a dit : « Je t’aime, mais tu es incapable de finir quelque chose. » C’était « rough », mais vrai. C’est en partie pour elle, et pour me prouver à moi-même qu’elle avait tort, que je compte aller le plus loin possible en humour. Ça durera le temps que ça dure. À date, je ne peux pas me plaindre!
Mathieu, je te laisse le mot de la fin. Merci pour l’entrevue, on se recroise à un de mes shows!
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