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Les snuff films : Le faux et le vrai de l’horreur

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Mettre en scène la torture, le viol, le meurtre, le suicide d’une ou plusieurs personnes pour créer une ambiance ou passer un message : voilà l’objectif des réalisateurs d’une vidéo ou d’un long métrage de Snuff movie. Appelé aussi snuff film, ce sous-genre cinématographique de l’horreur se veut généralement clandestin. Il propose une victime qui n’est par un acteur, mais une personne véritablement tuée ou violentée. Le snuff movie, qui est devenu un élément de la culture populaire, veut laisser croire que l’horreur véritable a été commise uniquement pour les besoins d’une production. Oui, c’est gros.

C’est tellement énorme qu’il est nécessaire de faire la part des choses entre le concept et la réalité. Summum propose dans cet article de faire la lumière sur l’idée derrière les snuff films et d’exposer ce qu’ils ont de vrai dans leur propos. Bienvenue dans le monde flou et fou de la performance au-delà des limites.

La souffrance d’autrui

Souvent, la mort présumée dans les snuff films est liée à des scènes de torture sexualisée, et les victimes sont souvent des femmes. L’idée que les femmes, en particulier celles qui acceptent de jouer dans des films pornographiques, sont sacrifiables, fait partie intégrante du concept du snuff movie. Cela dit, il existe également des snuff movies gays impliquant le sacrifice de jeunes hommes naïfs.

 

Les snuff movies, bien qu’ils relèvent principalement de la légende urbaine, représentent l’extrême capacité des humains à regarder et à apprécier la souffrance d’autrui. Cette curiosité cinématographique existe un peu partout dans le monde. Le snuff a toutefois un autre niveau : la possibilité de capturer la mort dans un film ou une vidéo permet de s’affranchir de l’idée que le cinéma est essentiellement une mise en scène. Reconnaître une mort véritable à l’écran donne au film une valeur sensationnelle énorme. C’est le réalisme pur. Du moins, en théorie.

Tuer quelqu’un

Le terme snuff, qui signifie tuer quelqu’un, existait en anglais avant d’être inclus dans une rubrique de genre cinématographique. Il a été utilisé par Ed Sanders dans son livre The Family : The Story of Charles Manson’s Dune Buggy Attack Battalion. Une rumeur persistante a laissé croire que la famille Manson a assassiné quelqu’un, filmé l’acte, puis enterré le film dans le désert. Cependant, personne n’a jamais retrouvé la preuve. Ainsi, le terme snuff est apparu pour la première fois dans le sillage des meurtres du musicien et criminel américain Charles Manson.

 

Celui-ci fait ainsi partie de ceux qui aiment regarder les gens mourir. Le plus souvent, ce sont des psychopathes. Ils enregistrent leurs propres crimes sur vidéo pour pouvoir revivre leurs expériences. Les tueurs en série Paul Bernardo (né en 1964) et Karla Homolka (née en 1970), par exemple, ont enregistré leurs actes de torture sexuelle et de meurtre. À la fin des années 1990 et au début des années 2000, la police britannique a par ailleurs admis l’existence de snuff movies d’enfants réalisés en Russie.

 

Plus près de nous, le psychopathe Luka Rocco Magnotta, surnommé le dépeceur de Montréal, avait fait des vidéos mettant en scène la mort d’animaux avant de mutiler cet étudiant chinois installé au Canada, Lin Jun, devant la caméra. Rappelons qu’il avait diffusé cette vidéo sur Internet. Dans tous ces cas mentionnés ci-haut, le snuff film, malheureusement et tragiquement, a quelque chose de vrai. D’ailleurs, le « film » qui se rapproche le plus du snuff, dont l’existence peut être confirmée, est peut-être 1 Lunatic 1 Ice Pick. Créée par Magnotta, cette vidéo de onze minutes ne montre pas le moment réel de la mort, mais elle montre tout le reste.

Les compilations

Les snuff movies qui enregistrent des meurtres délibérés sont différents des films qui compilent des scènes de personnes mourant, souvent de manière violente. Les films de compilation tels que Faces of Death (1978), combinent des scènes d’exécution, de mort accidentelle et de suicide, mais aucune de ces scènes n’a été réalisée spécifiquement pour le film, et les victimes sont toutes mortes dans d’autres circonstances. Il en va de même pour une série de vidéos décrivant la torture et le génocide en Tchétchénie, qui ont circulé en Russie au milieu des années 1990.

 

En fait, les snuff movies n’existent pas. Certes, plusieurs rumeurs concernant un certain nombre de Snuff films ont circulé, dont celles de la saga japonaise Guinea Pig et certaines productions italiennes et sud-américaines, qui sont surtout disponible sur le web, mais il est toujours difficile de vérifier si ces productions respectent vraiment l’idée du snuff. Par exemple, pour Guinea Pig, les recherches ont démontré que plusieurs snuff movies étaient des productions scénarisées mettant en scène une mort dont l’acte violent était truqué.

Bien entendu, il existe de nombreuses vidéos qui montrent des scènes de personnes en train de mourir. Au début des années 2000, des vidéos d’exécutions d’otages en Irak montraient, sur Internet, la décapitation de personnes réelles dans des circonstances horribles. Ces vidéos avaient pour but de semer la terreur. C’est une tactique d’intimidation qui a été maintes fois utilisée par les talibans, l’État islamique et autres groupes terroriste.

 

Autre univers qui s’y rapproche : des exécutions sont souvent filmées et se retrouvent parfois dans des compilations, ou même des films d’art comme Professione : Reporter (1975, The Passenger en anglais) du célèbre réalisateur italien Michelangelo Antonioni, qui contient la séquence filmée d’une mort. En fait, un prisonnier politique africain est exécuté par un peloton de militaires sur une plage, et ce, sous les yeux de la foule. Le film de Zapruder sur l’assassinat de John F. Kennedy en 1963 est également très bien connu. Citons aussi World’s Wildest Police Videos (1998-2002), une série télé qui montre des morts violentes. Or, tout cela n’est pas préparé pour une production. Ce sont plutôt des scènes du réel qui sont récupérées dans d’autres productions.

 

Même chose pour des cas dans l’industrie pornographique: il arrive que des personnes meurent au cours de la réalisation d’un film. Une telle scène de mort, même si elle est incluse dans un film de fiction, ne fait pas de cette production un snuff movie, puisque la mort n’était pas un élément scénarisé du film.

Les années 1970

Les créateurs du snuff film jouent avec la vérité. Capitalisant sur les rumeurs concernant Manson, les faux snuff movies ont commencé à circuler dans les années 1970. Le producteur de films bas de gamme Allan Shackleton a sorti Snuff, dans lequel une fausse mort était ajoutée à la fin d’un film d’horreur de mauvais goût, précédemment intitulé The Slaughter. Le réalisateur et acteur brésilien Cláudio Cunha a également réalisé Snuff, vítimas do prazer (qui signifie en français « Snuff, victimes du plaisir ») en 1977. Le réalisateur italien, Ruggero Deodato, a pour sa part sorti Cannibal Holocaust en 1980, qui contenait une scène de meurtre filmée de manière si réaliste que les autorités l’ont interrogé pour savoir si elle était fausse. C’était le cas.

Le phénomène Guinea Pig

D’autres faux snuff movies sont apparus au fil des ans, notamment la série de films Guinea Pig, réalisés au Japon dans les années 1980 et au début des années 1990. Ces six films gore ont marqué l’univers du cinéma, car ils renferment des scènes de lente torture et le meurtre de victimes féminines. Certains contiennent une trompeuse apparence du réel, notamment les deux premiers films de la saga : Devil’s Experiment (avec la fameuse séquence de fin montrant une aiguille transperçant un œil) et Guinea Pig 2 : Flowers of Flesh and Blood (1985). Ce dernier a été soupçonné d’être un véritable snuff movie à cause de son réalisme.

Le visionnement du Guinea Pig 2: Flower of Flesh and Blood a d’ailleurs incité l’acteur américain Charlie Sheen à contacter le FBI, convaincu d’avoir vu un véritable snuff movie. Cependant, la police américaine, qui a confisqué la copie du film que possédait Sheen, a découvert durant son enquête l’existence d’un making of de Guinea Pig 2: Flower of Flesh and Blood, qui prouvait la fausseté des meurtres commis dans le film, malgré l’ingéniosité du réalisateur Hideshi Hino.  Ces films sont si réalistes qu’ils auraient inspiré le tueur en série japonais, Tsutomu Miyazaki (connu sous le nom Otaku Murderer) dans la préparation de ses terribles meurtres.  Mort à Tokyo en 2008, Miyazaki était un pédophile, un nécrophile et un cannibale. En 1988 et en 1989, il assassina quatre fillettes de 4 à 7 ans.

Cannibal HolocaustThe Blair Witch Project, ou encore Paranormal Activity: ces films étaient si extrêmes et réalistes qu’ils ont trompé d’innombrables personnes en leur faisant croire que le carnage à l’écran était réel. Ces faux snuff films sont en quelque sorte des machines artistiques à empathie. Voilà pourquoi la plupart des spectateurs de ces films d’horreur au gore ultra-réaliste exigent de savoir s’il s’agit de faux snuff movies…

 

En définitive, il existe très peu de vrais snuff films. La grande majorité de ceux-ci contient des scènes d’assassinat truquées. On peut dire que ce sont des snuff movies sur les snuff movies. La force des snuff films est leur aspect réaliste. Si la grande majorité des spectateurs savent aujourd’hui que le snuff film a été mis en scène, ce ne fut pas toujours le cas… C’est ce qui crée le pouvoir d’attraction énorme du snuff film.

De l’avènement de la cassette Beta, en passant par le DVD et la version numérique, les snuff movies demeurent le grand mythe du monde du cinéma. Ils terrifient et dégoûtent les gens, évidemment, mais aucune preuve de leur existence n’a été trouvée. Une précision s’impose : il n’existe pas d’industrie souterraine cinématographique dans laquelle des gens sont assassinés ou violentés pour le plaisir des autres… La quasi-totalité du temps, le snuff movie est une tactique d’épouvante. Tant mieux. Pour les projets terrifiants du type 1 Lunatic 1 Ice Pick, c’est une autre histoire…

 

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