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Noël c’est le fun… pendant 5 minutes

Chroniqueur Jonathan Roberge
Photographe Maggie Boucher
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L’être humain est capable d’envoyer un char téléguidé sur la planète Mars pour prendre des photos de roches, mais il est INCAPABLE de « parker » son propre char correctement quand il y a un pouce de neige qui recouvre les deux petites lignes qui lui indiquent où s’installer dans un parking de centre d’achat.

Un centre commercial, durant le temps des Fêtes, c’est « laitte »!

À l’extérieur, c’est le chaos. Les gens s’engueulent pour une place de stationnement. Les insultes sont soutenues par un Jingle Bells repris par un artiste récent incapable de produire du nouveau matériel. Les speakers extérieurs nous crachent les succès qu’on entend depuis des années, mais en moins bons.

Quarante-cinq minutes à tourner en rond pour finalement être obligé de te stationner à côté du pick-up à moitié grimpé dans le banc de neige.

Suis-je le seul à trouver ça « gossant » que toutes les annonces de pick-up utilisent le fameux « le meilleur dans sa catégorie »? Tous les fabricants utilisent cette phrase, y doit bien en avoir un pick-up pas bon!

Bref, pour te rendre jusqu’à la porte, tu fais trois kilomètres de marche, car tu es à l’autre fucking bout, pis tu mouilles tes souliers, car tu as pensé bien faire en ne portant pas tes bottes d’hiver, tu ne voulais pas avoir trop chaud dans les magasins…

À l’intérieur, comme prévu il fait chaud, ça pue pis les gens s’entretuent pour une figurine de Buzz Lightyear.

Les parents sont prêts à n’importe quoi pour démontrer qu’un « je t’aime » ça se donne dans une boîte emballée. Ils vont acheter la plus grosse bébelle possible à 300 $ pour leur marmot et faire quatre heures de file d’attente pour faire emballer leurs cochonneries (pour 50 $) par une vieille dame aux sourcils d’Édith Piaf qui te frise des rubans avec des ciseaux.

Les pèlerins montent naïvement les escaliers roulants comme les disciples montent ceux de l’oratoire Saint-Joseph. Le père Noël a tué Saint-Nicolas pour mettre sa face sur des canettes de liqueur pis le renne au nez rouge est en fait un alcoolo un peu louche qui conduit le train du centre d’achat.

Être chauffeur de p’tit train dans un centre d’achat est sûrement le travail le moins le fun après concierge dans un peep show.

Les lutins du père Noël existent! Ils sont bridés, ils s’appellent Xing et Wang et ils travaillent sur une chaîne de montage en Asie. Mère Noël, elle, s’appelle madame Visa pis elle fait mal quand elle t’envoie une petite lettre à la fin janvier te rappelant que tu vas devoir faire de l’overtime pour rembourser toutes les cochonneries cheap de Flash McQueen que tu as refilées à tes rejetons.

HO HO H-OUCH!

Le père Noël de centre d’achat : un monsieur blasé qui fait brailler des bébés!

Les jeunes enfants sont terrifiés par une grosse bibitte à la barbe blanche jaunie de tabac qui veut les prendre sur ses genoux. Crisse que j’aurais peur moi aussi. Nous passons notre temps à dire à nos kids de ne pas parler aux étrangers qui donnent des bonbons. Pis là, on les assoit sur un gros bonhomme qui leur offre des cannes en bonbon. En plus, nous prenons des photos d’eux en train de pleurer.

Les parents achètent la photo à 15 $ et vont la montrer fièrement à leur famille.

« R’gard Ginette, mon petit William qui est en état de choc sur le père Noël. »

Party de famille du temps des Fêtes = jaser de piscine hors terre entre deux poignées de peanuts au barbecue.

Pis ça… c’est le cinq minutes de Noël que je trouve magique. Que j’aime.

Pas parler de piscine pis de backwash! NON! D’être là, autour de la table avec ma famille. Avec de vrais humains qui rient, qui mangent, qui parlent, qui s’aiment. Pas de cette futilité que nous trouvons sur Internet de nos jours. NON.

Du contact humain, voir mon père jouer avec son petit-fils, mes frères qui jasent de boxe, mes sœurs qui parlent avec mes cousins, moi qui m’obstine avec mon oncle sur n’importe quel sujet.

Vive nos grands-parents pas encore morts qui chantent « tout croche » la vieille version de Let It Snow de Frank Sinatra.

Fuck les cadeaux, les centres d’achat pis la cochonnerie commerciale. Vive le vrai.

Nous attendons la fin de l’année et une fête pour tous se voir. Nous devrions obliger les gens à faire des fêtes où aucun cadeau n’est nécessaire. Juste des grosses poignées de mains de trucker qui font CLAC! Des accolades avec des tapes dans le dos pis des « je t’aime » avec des haleines de café Bailey’s.

Passez du bon temps avec vos familles.

Joyeux Noël!

(Article publié dans l’édition #123 décembre/janvier 2015 – www.boutiquesummum.com)

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