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Nostalgie : les dépanneurs

Chroniqueur Alexandre Goulet
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Fin août 1992: les doux rayons du soleil d’été réchauffent l’atmosphère qui baigne dans l’odeur du gazon fraichement coupé des banlieues. L’école recommence bientôt et la quête d’aventures est toujours à son paroxysme, afin de profiter de chaque instant des vacances scolaires qui arrivent à leur fin. Votre mère sort de la maison et vous met en charge d’une mission de haute importance: aller acheter du lait. Elle vous tend un beau billet de 5$, tout droit sorti de sa sacoche, et vous dit de vous rendre à un lieu mythique du quartier: le DÉPANNEUR.

La haute autorité de la maisonnée vous dit que vous aurez droit d’utiliser la monnaie afin d’acheter ce qui vous plaît, par la suite, dans l’établissement au 1001 surprises. Rappelons que le deux litres de lait était autour de 2$ à l’époque, une période faste pour tout ceux avant eux à aller chercher quelque chose au dépanneur pour leurs parents. Rendre service à ses parents était à l’époque un investissement sur son taux de glycémie.

Vous glissez le précieux billet dans votre poche, enfourchez votre vélo, et vous voilà en route pour ce haut lieu de développement économique du quartier.

Arrivé.e sur les lieux après une courte course à travers les bungalows environnants, vous laissez tomber votre «bike» près des bonbonnes de propane sur le côté de l’établissement, et préparez votre entrée triomphale dans le commerce. Le son de la sonnette d’entrée se fait entendre lorsque vous mettez les pieds à l’intérieur, et la quête de la parfaite friandise commence sur cette note.

Soyons honnête: chaque dépanneurs était, à l’époque, une version miniature du marché de Marrakech, à la sauce fleur de lysée. Une place où se côtoient grosses bières, gilets de loup, magazines de tout acabit, vidéos érotiques à peine voilées, huile à moteur et produits d’épicerie. Un peu de tout! Dans le cas nous intéressant aujourd’hui, par contre, la vaste majorité des items se trouvaient près de la caisse: on parle bien entendu des bonbons et autres merveilleuses trouvailles, qui faisaient du dépanneur un lieu si convoité pour tous ceux qui venaient tout juste d’apprendre à écrire en lettres attachées.

Premièrement, les ô combiens populaires «bonbons à une cenne»: cauchemar du commis, qui devait les compter un à un, c’était une aubaine pour tous ceux ayant hérité d’une fortune sous le format de petit change après l’achat d’une pinte de lait. Oursons en gelée, framboises surettes, petites gommes à mâcher: une vaste panoplie de sucreries s’offraient à celui ou celle ne disposant que de quelque sous.

Pour ceux voulant investir un peu plus – soit cinq sous – les options étaient nombreuses: les bonbons en gelée aux formes multiples se dévoilaient à vous tel un buffet de couleurs et de sucre. Grenouilles vertes et blanches, pêches sures, pieds et bouches cireuses au goût de fruit difficilement descriptible, la très classique gomme bazooka (et sa fameuse mini bande-dessinée), réglisses en ruban verte au gout de «pomme», suçons Astro Pop à la texture poreuse… une vaste panoplie de trouvailles sucrées étaient accessible pour quelque sous!

Maintenant, pour ceux qui avaient une véritable fortune en monnaie sonnante dans leur sac banane, le monde leur appartenait.

Premièrement, il y avait la catégorie de sucreries imitant des produits de «grands». Colliers en bonbons à grignoter tout en le portant, sucettes en forme de bague pour la princesse de la rue et cigarettes Popeye pour les vrais durs à cuir: le dépanneur avait de tout pour ceux qui voulaient imiter papa ou maman.

Deuxièmement, il y la catégorie de ceux ayant un packaging de haute qualité: ici nous devons de parler des Pez. La sucrerie était très quelconque, mais la façon dont elle était distribuée pourrait lui valoir un texte dans notre chronique Pur Génie. Les bonbons venaient avec une petite distributrice qui prenait la forme des dernières tendances télévisuelles. Tortues Ninja, Ghostbuster ou personnages de Disney s’ouvraient grand la bouche pour ensuite faire apparaitre le bonbon au gout décevant. Il faut également parler de tous les bonbons sous forme de poudre qui se dégustaient avec une cuillère, qui était elle même en bonbons. Comme quoi rien ne se perd, dans le merveilleux monde des friandises pour enfants!

Pour ceux voulant un projet à long terme pour la période estivale, les casse-gueules étaient pour vous. Des heures (voire des jours) de plaisir sucré pour celui ou celle qui veut se lancer dans l’aventure du gigantesque bonbon.

Pour terminer, il y avait également d’autres types de trouvailles, mais celles-ci demandaient un investissement plus important. Les avions en styrofoam à collectionner étaient l’une d’elles. Venant dans un petit sachet de papier, il fallait fabriquer le petit véhicule représentant un modèle classique de l’aviation moderne. Des heures de plaisir s’ensuivaient, à lancer votre petit bombardier japonais, jusqu’à se que sin nez se torde. Pour ajouter à votre infanterie, il y avait aussi également les petits soldats parachutistes qui pouvaient apporter beaucoup de profondeur à votre armée de plastique. Un must.

Il ne faudrait surtout pas oublier le grand classique de l’armement de banlieue pour gamins: le fusil à pétards. Préparez-vous à faire revivre les grands moments du débarquement de Normandie avec vos copains, entre deux haies de cèdres, pour 2$. À roulette ou en bandes, les fusils à pétards ont amené le vacarme dans les cours de tous les voisinages, jusqu’à ce qu’ils soient interdits vers la fin des années ‘90. Il s’agissait d’une bien triste journée dans la course à l’armement de classement général.

Merci à toi, Dépanneur. Tu as su être une source incroyable de sucre pendant toutes ces années de primaire. Merci.

 

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